Isabelle Charest, ministre responsable du Sport, du Loisir et du Plein air, a lancé le 41Défi sportif AlterGo en annonçant un investissement de 700 000 $ pour l’acquisition d’équipement adapté par l’entremise des fédérations « pour faire en sorte que le sport soit accessible ».

L’ambiance était à la fête au Centre Claude-Robillard, lundi, pour le lancement d’une autre édition de la plus grande compétition multisport au Canada. Les statistiques ont de quoi impressionner : 6000 athlètes provenant de 23 pays à l’œuvre dans 9 disciplines.

Toutefois, une autre donnée a aussi fait le bonheur des athlètes et des organisateurs : un investissement de 700 000 $ de la part du gouvernement du Québec pour permettre aux sportifs, aux fédérations et aux clubs de mieux s’équiper.

« Je crois fondamentalement au pouvoir du sport dans le développement d’un enfant pour l’épanouissement physique et personnel, pour le bien-être mental et physique », a expliqué la ministre Charest après son annonce.

« Et l’un des freins à l’activité sportive est l’accès à l’équipement, et on sait à quel point l’équipement adapté est dispendieux. Alors c’est super important. C’est une de mes priorités. »

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Isabelle Charest, ministre responsable du Sport, du Loisir et du Plein air, a lancé le 41Défi sportif AlterGo en annonçant un investissement de 700 000 $ pour l’acquisition d’équipement adapté.

Chantal Petitclerc, porte-parole de l’évènement et gagnante de 21 médailles paralympiques, est bien placée pour comprendre à quel point ce genre de soutien est prioritaire dans le combat mené par les athlètes atteints de limitations physiques ou intellectuelles.

« Quand on parle de fauteuils ou de vélos, ce sont des milliers de dollars », a-t-elle fait remarquer.

Mais encore, ce financement, ose-t-elle croire, servira aussi à initier les jeunes sportifs à l’activité physique, eux qui en ont souvent été privés en raison des ressources trop peu nombreuses.

« Oui, ça prend de l’équipement pour chaque athlète, mais si je décide d’aller faire du ski à Tremblant, j’aimerais pouvoir débarquer là et faire comme n’importe qui et louer des skis pour la journée. C’est une chose de s’occuper soi-même, mais on veut que ces jeunes-là, s’ils veulent louer un vélo à main, qu’ils le fassent, mais on n’est pas là encore. »

Évidemment emballé par cette implication du gouvernement Legault, Jean-Marie Lapointe est conscient de la vitesse avec laquelle cet argent sera dépensé en raison des coûts liés à l’équipement adapté et de la forte demande.

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L’animateur et comédien Jean-Marie Lapointe est impliqué dans le Défi sportif depuis 23 ans.

Impliqué dans le Défi sportif depuis 23 ans, l’animateur et comédien est néanmoins soulagé de constater que la cause qu’il chérit depuis des décennies est enfin entendue.

« C’est un bon premier pas dans la bonne direction, parce que ce 700 000 $ sera très vite dépensé […] C’est sûr que ça va en prendre davantage, mais c’est un maudit beau premier pas. J’ai l’impression que ça va peut-être faire des petits. »

Une année charnière

En janvier, le Comité paralympique canadien (CPC) a exaucé le souhait de tous les athlètes paralympiques du Canada : avoir droit aux mêmes bonis à la performance que les médaillés olympiques.

Le CPC a annoncé la création d’un fonds de 8 millions de dollars pour récompenser, comme il se doit et de manière équitable, les médaillés canadiens à leur retour des Jeux de Paris.

L’année 2024 semble enfin celle que les athlètes attendaient. Petitclerc, qui aurait touché près de 400 000 $ en récompenses si elle avait été une olympienne et non une paralympienne, se bat depuis 2004 pour des bourses paritaires.

« Oui, c’est une question de coûts, parce que nos athlètes en ont besoin, mais honnêtement, ce n’est même pas une question d’argent. C’est une question de ce que ça envoie comme message de dire qu’une médaille paralympique vaut autant qu’une médaille olympique, que ça demande autant d’efforts. C’est un symbole aussi important que l’argent. »

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Chantal Petitclerc, porte-parole du Défi sportif AlterGo et gagnante de 21 médailles paralympiques

Ces ristournes, ajoutées à l’investissement annoncé par Mme Charest, offrent une belle vitrine au paralympisme. En cette année de Jeux paralympiques, cette aide est la bienvenue, estime Lapointe : « Lorsqu’on est en année de Jeux paralympiques, c’est un passage obligé, surtout pour les athlètes qui doivent encore se qualifier pour les Jeux. »

La ministre convient que « les fonds ne sont pas infinis », mais en tant qu’ancienne athlète elle-même, elle comprend à quel point un investissement comme celui-là peut être salvateur. Ainsi, même si le public auquel elle s’est adressée lundi matin a la malheureuse habitude de briller dans l’ombre et d’exister en marge, débloquer de tels fonds n’a pas été « plus difficile que [pour] d’autres clientèles ».

Enfin, la simple idée d’avoir été entendu ramène Lapointe à son désir de faire une véritable différence pour faire progresser le mouvement dans lequel il est impliqué. Mais il ne se berce pas d’illusions : cet investissement est considérable, mais il faudra continuer dans la même veine, car « chaque année est une année charnière ».