La rubrique où les journalistes de l’équipe des Sports répondent à une question dans le plaisir

Jean-François Téotonio

Je trouve qu’en général, les disc-jockeys de nos enceintes sportives manquent cruellement d’imagination. Ça va, les chansons qui roulent sans arrêt depuis 40 ans, comme Eye of the Tiger ou The Final Countdown. Mais il y en a une qui vient particulièrement me chercher. Négativement, vous aurez compris. Boum boum clap. Boum boum clap. « Buddy you’re a boy, make a big noise… » Noooon. En 2023, l’idée de faire jouer We Will Rock You, de Queen, témoigne pour moi d’une envie paresseuse de mettre une ambiance cheap dans un stade amorphe. J’aime beaucoup Queen, ne vous méprenez pas. Surtout au karaoké. Mais de grâce, DJ, trouvez de nouvelles idées. Ce n’est pas comme si les 46 dernières années n’avaient pas été fastes à ce chapitre.

Richard Labbé

Est-ce qu’il y a déjà eu une chanson plus idiote que Cotton Eye Joe dans toute l’histoire de l’humanité ? Bien sûr, La danse des canards, Mister Roboto ou n’importe quel succès des Jumelles Magma font office de solide compétition à ce palmarès, mais au moins, ces désastres musicaux ne tournent pas dans un aréna de la LNH. Sauf que dans le monde du hockey, allez savoir pourquoi, un grand penseur a décidé un jour que Cotton Eye Joe était le genre d’hymne fédérateur que tout le monde allait vouloir chanter le poing en l’air pour se rallier derrière l’équipe. Ne cherchez pas le lien avec le hockey, il n’y en a pas, zéro, aucun, et Cotton Eye Joe devrait s’en aller exactement à la même place que le chandail bleu poudre du Canadien : aux poubelles.

Katherine Harvey-Pinard

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Les Black Eyed Peas

I Gotta Feeling, des Black Eyed Peas. Ça suffit. Ça fait des années que je ne suis plus capable. Qu’on arrête de la faire jouer, point. Je m’emporte, scusez-la.

Simon-Olivier Lorange

Couvrir le Canadien, c’est entendre, soir après soir, les mêmes chansons aux mêmes moments. Par exemple, avec quelques collègues, nous avons récemment entendu For Whom the Bell Tolls, de Metallica, dans un bar de Tempe, en Arizona. Avec une précision chirurgicale, nous avons tous imité le bruit de la sirène à l’exact moment de la pièce qui correspond au début de la deuxième période au Centre Bell. Il faut donc l’avoir entendue une fois et une autre. Tout ça pour dire que dans mon ancienne vie de civil, celle qui m’amenait, une fois ou deux par année, à aller payer une bière trop cher pour voir jouer le CH, j’aimais bien la chanson Hey Ya !, d’Outkast. À mes débuts dans mes nouvelles fonctions, j’étais donc heureux lorsque, au début du premier entracte, ce tube de 2003 résonnait dans les enceintes pour souligner l’arrivée du canon à t-shirts. « My baby don’t mess around/Because she loves me so… » Loin des regards, il m’arrivait même de la chantonner. Quelque chose comme 15 932 écoutes plus tard, je ne veux plus l’entendre. Jamais, jamais, jamais. Je tolère la reprise de Richard Cheese, mais je ne peux plus endurer la version originale de Big Boi et André 3000. Désolé.

Alexandre Pratt

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

L’hymne national du Canada avant un match du Canadien au Centre Bell

Les hymnes nationaux. D’accord dans le cadre de compétitions internationales, comme les Jeux olympiques ou la Coupe du monde. Mais en saison ? C’était logique pour susciter des élans de patriotisme pendant les deux grandes guerres, lorsque presque tous les baseballeurs venaient des États-Unis, et tous les hockeyeurs du Canada. Aujourd’hui, ça l’est moins. C’est même clivant, comme on l’a constaté dans la NFL ces dernières années, ainsi que dans la LNH, lors de parties opposant des clubs canadiens et américains après l’intervention militaire des États-Unis en Irak, en 2003. Gardons-les pour les grands évènements seulement.

Jean-François Tremblay

Dans l’histoire de l’humanité, et dans le monde entier, il y a peu de groupes plus surestimés que Queen. Peut-être Pearl Jam, mais je m’égare. Pour sauver ma vie, je suis incapable de nommer une seule chanson de Queen que je tolère, encore moins apprécie. Pour mon plus grand malheur, certaines de ses œuvres – mot utilisé librement – ont intégré le répertoire musical sportif. Il va sans dire que le poil me dresse chaque fois que mes oreilles entrent en contact avec les insupportables We Will Rock You, We Are the Champions et Another One Bites the Dust.

Nicholas Richard

PHOTO MARIO ANZUONI, ARCHIVES REUTERS

Le groupe Coldplay

J’irai dans le sens contraire de mes camarades. Parce que je sais que le thème de la semaine est né de l’idée que mes amis du beat entretiennent une relation compliquée avec Fix You, la chanson sur laquelle les joueurs du Canadien font leur entrée, je suis ici pour remettre les pendules à l’heure : Fix You est une grande chanson et je souhaite qu’elle résonne dans le nouveau forum le plus longtemps possible. Même si l’album X & Y est loin d’être le meilleur de Coldplay, Fix You fait sans doute partie des trois plus grandes œuvres de ce groupe monumental. Impossible de rester insensible au son de la montée des cordes après le deuxième refrain. Le message. Les harmonies. L’envolée lyrique. C’est aussi la meilleure chanson à mettre dans ses oreilles pour conclure un entraînement. Parce que cette chanson nous donne envie de réaliser de grandes choses. Ou nous rappelle simplement qu’on est bien vivant. Ode à Fix You.

Appel à tous

Et vous, quelle chanson n’êtes-vous plus capable d’entendre dans un aréna ou un stade, et pourquoi ?

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