En ce dimanche de Pâques, les journalistes de l’équipe des sports répondent à une question dans la thématique de la journée.

Nicholas Richard

J’apprécie chacun de mes collègues. Principalement parce qu’ils tolèrent mon affection pour les séries québécoises préréférendaires. Toutefois, aucune réponse cette semaine ne sera plus valide ou légitime que la victoire de Tiger Woods en 2019. Un souvenir impérissable pour tous les amateurs de golf. Pour ma part, ce moment s’est passé dans le sous-sol de la maison familiale, avec mon père assis à ma droite. Je préparais en même temps un exposé sur le musée Sir-George-Étienne-Cartier pour un cours de publicité à l’université. Le lendemain, ma grand-mère est décédée. Et tout ça est vrai. Bref, ce triomphe improbable du Tigre occupe une place particulière dans mon cœur. Je me souviens même avoir eu l’œil humide. Après tout le tapage autour de ses problèmes conjugaux, les innombrables blessures et opérations au dos et aux jambes et 11 ans après son dernier titre majeur, Woods est revenu de l’arrière dans les rondes du week-end en devançant des joueurs à leur apogée pour marquer l’histoire du golf à nouveau. Il ne devait pas gagner ce tournoi. Mais lorsqu’il est en rouge, tout est possible.

Jean-François Tremblay

PHOTO ARCHIVES REUTERS

Mario Lemieux en 2001

C’est dur de passer à côté de Mario Lemieux. Sa première retraite avait été précipitée par un cancer, suivi de sévères problèmes de dos. Le plus grand joueur de hockey de l’histoire de l’humanité devait accrocher ses patins avant d’avoir tutoyé tous les records possibles, comme il aurait dû. Trois ans après son dernier match, voilà que Lemieux revient au jeu, membre du Temple de la renommée, et nouveau propriétaire (et sauveur) des Penguins de Pittsburgh. Non seulement il enfilera 76 points en 43 matchs en 2000-2001, mais il propulsera les Penguins jusqu’en finale de l’Est (une défaite contre les puissants Devils). Dans le sixième match de la série de demi-finale de l’Est contre les Sabres, Lemieux réussira aussi l’exploit de sauver encore les Penguins, alors à 1 min 18 s de l’élimination. Ce qui aura valu probablement le meilleur commentaire de la carrière d’Yvon Pedneault : « Mario Lemieux a sauvé les Penguins hors de la glace, il vient aussi de les sauver sur la glace ! »

Simon-Olivier Lorange

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Cristobal Huet saute dans les bras de Mike Komisarek après la remontée historique du Canadien contre les Rangers en 2008.

Une croyance populaire, notamment (et surtout) maintenue en vie par Richard Labbé, veut que l’avance de 3-0 soit la plus difficile à protéger au hockey. Il existe toutefois un relatif consensus sur l’écart de cinq buts. En retard par 0-5, ce fameux 19 février 2008, le Canadien était tenu pour mort. Plus mort que mort, en fait. Les gradins du Centre Bell se vidaient, et on ne blâme personne d’avoir estimé que la vie serait plus belle à la maison. Or, on connaît la suite. Deux buts de Michael Ryder, un de Mark Streit et deux d’Alex Kovalev. On s’en va en prolongation, puis en tirs de barrage. Saku Koivu déjoue Henrik Lundqvist et Cristobal Huet se dresse devant Jaromir Jagr. Une remontée historique, du jamais vu dans l’histoire du club. La résurrection d’entre toutes les résurrections. Pâques avant Pâques. Tout le monde se souvient où il ou elle était ce soir-là. Moi ? Merci de demander. J’étais dans le sous-sol d’un bar universitaire à regarder un match d’improvisation qui, lui, n’avait rien d’historique. Ne me demandez pas si c’était un bon spectacle, ça me rend trop émotif…

Justin Vézina

PHOTO WOLFGANG RATTAY, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Christian Eriksen a failli mourir sur le terrain durant un match entre le Danemark et la Finlande, à l’Euro.

Les guillemets ne seront pas nécessaires pour cette réponse, puisque je prends la question au pied de la lettre. Le retour de Christian Eriksen, décédé pendant « cinq minutes » lors d’un duel à l’Euro entre le Danemark et la Finlande en juin 2021, est une véritable renaissance. La scène a été effroyable. Le Danois s’est effondré, seul, sur la pelouse et ses coéquipiers et adversaires ont été soit médusés, soit super réactifs, comme l’a été Simon Kjær. Non seulement la convalescence d’Eriksen est un retour en soi, mais il a réussi à retrouver sa forme d’antan. Après l’incident, l’ancienne gloire des Tottenham Hotspurs a été libérée par l’Inter Milan puisqu’il s’est fait implanter un défibrillateur automatique – ce qui est interdit par les réglementations italiennes en matière de santé. L’ancien capitaine danois a effectué son retour au jeu le 26 mars 2022 avec Brentford en Premier League. Après une saison fort concluante, il a signé un pacte de trois ans au Manchester United où il a entamé 18 des 20 premiers matchs du championnat anglais cette saison avant de subir une blessure à la cheville. Simplement le retrouver sur un terrain était surréaliste, le revoir au sommet de son art est onirique.

Alexandre Pratt

PHOTO JAMES A. FINLEY, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Rick Ankiel

Rick Ankiel était un phénomène. En 2000, âgé de seulement 20 ans, il terrorisait les frappeurs des ligues majeures avec ses balles rapides. Son ratio de retraits sur des prises par manches lancées était le deuxième meilleur de toute la Ligue nationale. Pour contextualiser l’exploit, sachez que le plus jeune lanceur des majeures, cette saison, a 23 ans. Or, dans les séries de l’an 2000, Ankiel a perdu le marbre. Littéralement. Dans sa première sortie, il commet neuf mauvais lancers. La fois suivante, il ne complète même pas la première manche, après avoir effectué cinq lancers hors de la portée de son receveur. C’est déjà le début de la fin de sa carrière de lanceur. On ne le reverra sur le monticule qu’une dizaine de matchs par la suite. Contre toute attente, Ankiel réapparaît en 2007. Mais pas comme lanceur. Comme voltigeur. Et il redevient phénoménal. Cet été-là, il réussit 11 circuits en seulement 190 présences. En 2008, il fait encore mieux, avec 25 coups de circuit. Il est finalement resté dans les ligues majeures jusqu’en 2013. Son histoire a inspiré le film The Phenom, avec Ethan Hawke.

Appel à tous

Et vous, quelle « résurrection » d’un athlète ou d’une équipe sportive vous a le plus marqué et pourquoi ?

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