Le plus important propriétaire de chaînes sportives câblées aux États-Unis (Diamond Sports Group) vit de sérieuses difficultés financières.

Vous vous demandez peut-être pourquoi la situation financière du diffuseur local des Coyotes de l’Arizona devrait vous intéresser en tant qu’amateur de sports québécois ? Eh bien, cela pourrait affecter le prochain contrat de Cole Caufield.

Les réseaux sportifs Bally, exploités par Diamond Sports Group, sont les diffuseurs locaux de nombreuses équipes de la LNH, du baseball majeur et de la NBA. Au total, leurs différentes ententes de diffusion les engagent à payer 55 milliards (oui, milliards !) de dollars en droits de diffusion aux différentes organisations sportives au cours des prochaines années.

Or, la semaine dernière, Bloomberg et d’autres médias spécialisés ont rapporté que l’entreprise se mettait à l’abri de ses créanciers en vertu des lois américaines sur la faillite. La baisse des abonnements au câble ayant considérablement réduit ses revenus, la société tente de restructurer des dettes de plus de 8 milliards.

Pendant le processus de faillite, Diamond Sports Group pourrait mettre un terme aux ententes de diffusion ou même cesser de payer les équipes tout en gardant les droits de diffusion jusqu’à une entente avec les créanciers. Il est par conséquent fort probable que plusieurs équipes voient leurs revenus considérablement réduits.

Quel sera donc l’impact de cette situation dans la LNH… et pour Cole Caufield ?

Bien que les chaînes Bally soient des diffuseurs locaux, les conséquences potentielles de cette situation affecteraient l’ensemble de la ligue. Il est important de noter trois éléments :

1. Les droits de diffusion sont la plus grande source de revenus de la LNH, et Bally est actuellement le diffuseur local de 12 équipes du circuit Bettman.

2. Les revenus liés à la diffusion des matchs locaux font l’objet de partage de revenus avec l’ensemble des équipes.

3. Les revenus totaux de la ligue déterminent le plafond salarial des équipes.

En clair, une diminution importante des revenus liés aux ententes de Bally viendrait limiter la capacité de toutes les équipes à dépenser. Les joueurs qui devront renouveler leur contrat (comme Cole Caufield) négocieront donc avec des équipes ayant moins de pouvoir d’achat que prévu.

Cela dit, je ne suis pas trop inquiet pour Cole Caufield. L’allusion faite au numéro 22 du Canadien m’a toutefois permis de vous informer sur la faillite potentielle d’une entreprise dont vous entendez vraisemblablement parler pour la première fois et me permet maintenant de vous faire part d’une conséquence beaucoup plus concrète pour vous : la LNH et les autres ligues pourraient voir une diminution de la valeur de leurs droits télévisuels traditionnels, ce qui précipitera des changements importants dans le paysage de la diffusion sportive.

Si les réseaux Bally n’étaient pas en mesure de rentabiliser les droits de diffusion payés aux équipes, pourquoi d’autres diffuseurs locaux seraient-ils en mesure de le faire ? Les conséquences financières susmentionnées pourraient donc avoir une certaine permanence si les équipes ne passent pas à l’action. Je vous rappelle que les différents réseaux Bally doivent payer 55 milliards (!) de dollars aux différentes équipes.

Les équipes de la LNH se sont habituées à des revenus télévisuels substantiels, et les capacités financières des chaînes câblées n’augmenteront pas. Comme c’est souvent le cas en affaires, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Les géants technologiques, à l’origine du déclin des abonnements au câble (Amazon, Apple, Netflix et autres), qui cherchent à s’approprier du contenu sportif, se retrouvent donc dans une position très avantageuse. Si on se fie aux dernières ententes signées totalisant déjà plusieurs milliards de dollars, ils ont les moyens de signer les très gros chèques auxquels les équipes de la LNH se sont habituées. L’occasion est donc belle pour les services de diffusion de s’approprier l’une des dernières chasses gardées de la télévision traditionnelle.

Tous ces changements ne seront évidemment pas sans conséquence pour les amateurs. Alors que les chaînes câblées offraient une agrégation de contenu des différentes équipes d’un même marché, les plateformes technologiques ne pourront ou ne voudront peut-être pas en faire autant.

Le cas échéant, c’est le téléspectateur qui sera forcé de s’abonner à plusieurs services différents qui sera le grand perdant dans l’équation.

Personnellement, je suis un fervent partisan des diffuseurs locaux. La couverture, les ressources et l’attention qu’ils accordent aux équipes qu’ils diffusent jouent un rôle incommensurable pour les amateurs. Nous sommes particulièrement choyés au Québec à cet égard. On s’attache aux personnalités et à la couleur qu’ils apportent… en espérant que cela ne sera pas perdu avec le changement de garde.

C’est peut-être une occasion unique pour les équipes de devenir leur propre diffuseur local, ou à tout le moins de devenir partenaires avec une plateforme ou un diffuseur afin de conserver une touche de chez nous.

Contre votre gré, vous êtes maintenant au fait de la situation financière de Diamond Sports Group et de ses chaînes sportives Bally, mais cela vous permettra de vous préparer psychologiquement à regarder le sport différemment dans quelques années.

Go Caufield !