La table était mise pour que le K4 canadien fasse de belles choses aux Championnats du monde de canoë-kayak, à Halifax. Le bateau a répondu aux attentes et a réalisé le meilleur résultat de l’histoire du pays dans la discipline.

Aux derniers Jeux olympiques, à Tokyo, l’équipe canadienne avait performé en deçà des attentes, terminant 10e. Depuis, Mark de Jonge a pris sa retraite et le Trifluvien de 21 ans Laurent Lavigne a intégré l’équipe.

Il y a quelques jours, le quatuor canadien a pris la cinquième position à l’épreuve du 500 m au lac Banook, en Nouvelle-Écosse. Une performance historique.

« On est assez fiers de ça. Pour moi personnellement, depuis 2015, le K4 est une priorité dans ma vie. Donc, je suis extrêmement content », a déclaré Pierre-Luc Poulin, leader du bateau.

L’Espagne, l’Allemagne et l’Ukraine ont récolté les médailles. La Slovaquie a pris le quatrième rang. Aucune surprise avec ce résultat, drôlement similaire à celui de Tokyo.

Les Canadiens se sont surpassés en finale pour obtenir la cinquième position, compte tenu des qualifications. Lors de la première vague, le Canada a pris le quatrième rang. En demi-finale, il a terminé troisième. Rien ne le prédestinait à marquer l’histoire du kayak canadien.

« J’ai beaucoup appris, non seulement grâce à Pierre-Luc, mais des autres gars aussi. Après notre qualification, ce n’était pas facile, ce n’était pas notre meilleur résultat. En voyant un gars comme Pierre-Luc garder son calme et ne percevoir aucune panique, on a juste pensé à se préparer pour la demi-finale », a précisé Lavigne.

Cette course prouve aussi à Lavigne que leur bateau peut rivaliser avec les meilleurs au monde. Les Mondiaux auront servi d’indicateur, mais aussi de motivation pour la suite.

PHOTO CHARLES CROTEAU, FOURNIE PAR LAURENT LAVIGNE

Laurent Lavigne

Ce n’est pas de la magie, il faut être parmi les meilleurs K4 au monde pour finir à un haut niveau, et je pense qu’on l’a démontré aux Championnats du monde. C’est hyper motivant pour le futur, parce que notre but est de performer et là on se rapproche assez vite du top 3, donc on va continuer à travailler.

Laurent Lavigne

Cette combativité a beaucoup plu à Poulin. Le vétéran de 26 ans a été impressionné par la manière dont Lavigne a géré ses premiers vrais Mondiaux. Le vent de jeunesse apporté par le kayakiste a sans doute aidé l’équipage à bien performer et à aborder les courses différemment.

« Laurent m’a toujours impressionné par sa capacité à se mettre dans un état de compétition hors pair. On dirait que peu importe ce qu’il s’est passé avant ou dans les alentours, quand il met son gilet du Canada et qu’il prend sa rame, Laurent devient un monstre », a indiqué Poulin.

Il a ajouté à propos de son coéquipier que « Laurent est arrivé en n’ayant peur de personne, en se disant que les autres étaient plus petits, en voulant dire “c’est qui eux autres ?”. Il a ce genre de pensée, et j’adore ça de lui. Ça permet de prendre une prise de conscience ».

De Halifax à Paris

Il est clair que de performer de cette manière au Canada a inspiré les troupes. « Il y avait quelque chose d’extraordinaire », a souligné Poulin. Même s’il est difficile pour les deux athlètes d’avancer qu’ils coursaient à la maison puisque la compétition avait quand même lieu à plus de 1000 kilomètres de leur domicile, l’ambiance et l’organisation étaient sans pareil.

« Vers la fin, je me sentais chez moi. Avec les gens, les encouragements, c’était une super ambiance », a répliqué Lavigne.

Les yeux de l’équipe sont maintenant tournés vers les Jeux de Paris en 2024. En accumulant les bonnes performances depuis les Mondiaux de 2021 avec des sixièmes, quatrièmes et cinquièmes places dans différentes compétitions, il y a moyen pour les kayakistes d’être optimistes. D’autant plus que les bateaux avec lesquels ils rivalisent aujourd’hui seront les mêmes qu’en France.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Pierre-Luc Poulin

On sait ce qu’on a à faire dans les deux prochaines années pour avoir le même genre de performance. Maintenant, je pense qu’il faut prendre conscience de ce qu’il reste à faire pour aller chercher la quatrième position et puis la troisième, puis se battre pour le sommet.

Pierre-Luc Poulin

La route sera longue d’ici les prochains Jeux olympiques, mais pour les athlètes, ça arrivera rapidement. L’équipe progresse aussi en K2, et chaque nouvelle journée est une occasion de s’améliorer.

Pour Lavigne, il n’y a qu’une seule manière de procéder : « On y va le tout pour le tout. »

Une recette qui semble fonctionner jusqu’à maintenant et qui pourrait donner un souffle nouveau au canoë-kayak canadien.

L’unifolié a terminé les Mondiaux au quatrième rang au tableau des médailles, et ce n’est que le début.