(Nairobi) Le Kényan Ferdinand Omanyala, détenteur du record d’Afrique du 100 m, a obtenu in extremis jeudi son visa pour les États-Unis, mais s’est lancé dans une course contre la montre pour participer aux Mondiaux-2022 d’athlétisme d’Eugene (Oregon).

Il a prévu de s’envoler jeudi soir et espère rallier à temps Eugene pour être au départ de sa compétition, qui débute dès vendredi soir par les séries.

Omanyala a vécu l’équivalent d’un faux départ. En début de matinée jeudi, il annonçait à l’AFP qu’il devait renoncer aux Championnats du monde faute d’avoir reçu à temps son visa pour les États-Unis.

« Même si j’obtiens un visa aujourd’hui, c’est trop tard », expliquait le troisième meilleur performeur de l’année sur 100 m avec ses 9 sec 85/100e réalisés en mai, derrière les Américains Fred Kerley et Trayvon Bromell.

« Cela voudrait dire prendre des vols de nuit et ma compétition débute (vendredi). C’est terminé. Il n’y a rien que je puisse faire », ajoutait-il.

Omanyala, 26 ans, s’était rapidement fait une raison et avait même commencé à se projeter sur son prochain grand rendez-vous de l’année, les Jeux du Commonwealth à Birmingham du 28 juillet au 8 août.

« J’accepte la situation […] Je vais regarder les courses (des Mondiaux) en Oregon, j’espère que cela se passera mieux pour moi lors des prochains Championnats du monde à Budapest en 2023 », expliquait-il.

« Quelques heures pour se reposer »

Trois heures plus tard, coup de théâtre : son entraîneur annonce que son protégé a obtenu son visa et participera au grand rendez-vous de Eugene.

« Omanyala a été appelé au ministère des Sports ce (jeudi) matin et a reçu le visa pour voyager. Il devrait prendre le vol de ce (jeudi) soir pour arriver dans l’Oregon demain (vendredi) matin », a expliqué à l’AFP Duncan Ayiemba.

Selon son entraîneur, Omanyala pourrait arriver à temps pour sa première course, les séries du 100 m débutant vendredi à 18 h 50 locales.

« Il aura quelques heures pour se reposer avant de concourir dans les séries du 100 mètres et peut-être se qualifier pour les demi-finales et les finales (programmées samedi) », a estimé le coach.

Est-ce le point final d’une journée mouvementée ? Rien n’est moins sûr, mais Omanyala, devenu le sprinteur africain le plus rapide de l’histoire en 2021 avec ses 9 sec 77/100e, est habitué à vivre des hauts et des bas.

Aux Jeux de Tokyo l’été dernier, il fut le premier athlète du Kenya, pays connu pour ses coureurs de fond, a atteindre une demi-finale olympique du 100 m.

Son ascension depuis un an a suscité l’étonnement, parfois même les soupçons envers un athlète suspendu 14 mois en 2017 après un contrôle positif à la bétaméthasone, un corticoïde.

« Plus compliqués »

Lui plaide l’erreur de jeunesse, après avoir pris sans vérifier un médicament prescrit par un médecin.

« J’avais un très gros problème de dos, ma jambe était engourdie. On est allés à l’hôpital et le médecin a prescrit (un médicament) qui s’est avéré être une substance interdite », a-t-il expliqué à l’AFP.

Reste qu’Omanyala n’est pas le seul à avoir rencontré des problèmes pour obtenir son visa pour les États-Unis.

Le Jamaïcain Gregory Prince, spécialiste du 400 m, a ainsi dû retarder son départ pour les États-Unis avant d’obtenir son visa, selon le quotidien jamaïcain The Gleaner. Dix athlètes sud-africains, dont le sprinteur Gift Leotlela, ont dû attendre jusqu’à jeudi en Italie pour obtenir leur visa et pouvoir s’envoler pour les États-Unis.

« Les dernières semaines avant les Mondiaux ont été frustrantes, mais on a finalement pu partir, même si cela veut dire que certains d’entre nous arriveront (à Eugene) le jour de leur course », a expliqué sur Instagram Leotlela, demi-finaliste sur le 100 m lors des JO de Tokyo.

« Tous les athlètes qui étaient en Italie ont obtenu leur visa », a confirmé à l’AFP un porte-parole de la Fédération sud-africaine d’athlétisme, qui a précisé que « trois autres athlètes qui attendaient leur visa en Afrique du Sud ont reçu leurs documents ».

Les organisateurs des Mondiaux-2022, les premiers organisés aux États-Unis depuis la création de cette compétition en 1983, ont indiqué dans un communiqué qu’ils « travaillaient en collaboration avec le Comité olympique et paralympique américain sur la question de l’attribution des visas ».

« La plupart (des problèmes) ont été résolus », ont-ils indiqué, en rappelant que « les voyages internationaux sont devenus plus compliqués en raison de la pandémie », ont-ils rappelé.

La pandémie, qui a conduit à repousser d’un an ces Mondiaux initialement prévus en 2021, reste bien présente puisqu’un test COVID-19 négatif est exigé pour chaque participant.