(Calgary) Lorsque Brendan Gallagher est contrarié, il parle tout bas. Mardi soir, après la défaite du Canadien contre les Jets de Winnipeg, on peinait à entendre ce qu’il disait tant son timbre était feutré. Quelque chose ne tournait pas rond.

« Je ne sais pas quoi dire, a-t-il soufflé. J’ai vécu des léthargies auparavant dans ma carrière, mais jamais comme celle-là. »

Souvent sévère avec lui-même, le vétéran a cette fois décrit avec exactitude la situation dans laquelle il se trouve. Voilà 17 matchs qu’il n’a pas marqué de but. Puisqu’il a contracté la COVID-19 et qu’il s’est blessé, sa sécheresse dure depuis maintenant plus de trois mois.

C’est en effet du jamais-vu depuis qu’il a donné ses premiers coups de patin dans la LNH. En 2016-2017, sans conteste sa saison la plus pénible à ce jour, il avait connu des séquences de 10, 13 et 15 matchs sans but. En 2013-2014, une disette s’était étirée sur 11 rencontres. Hormis cela, il n’a jamais passé plus de 9 matchs sans s’inscrire au pointage. Cela tombe sous le sens pour un joueur qui a marqué au moins 28 buts, ou l’équivalent dans un calendrier écourté, à 6 reprises avec le Canadien.

« J’essaie de me rappeler que le processus prime sur les résultats, a-t-il encore dit mardi. Au cours des cinq ou six derniers matchs, j’ai eu de bonnes occasions de marquer, mais pour une raison ou pour une autre, ça ne rentre pas. Je dois continuer à faire ce que j’ai toujours fait. »

Ce qu’il a toujours fait, c’est en réalité une commande très ambitieuse. Car au cours des saisons 2018-2019 à 2020-2021, qu’il a majoritairement passées à la droite de Phillip Danault et de Tomas Tatar, Gallagher n’était pas qu’un des meilleurs attaquants de la LNH à forces égales. Il était carrément le meilleur.

Dans cette fenêtre, 388 attaquants ont passé au moins 1000 minutes sur la glace à cinq contre cinq. L’ailier du Canadien a dominé ce groupe dans cinq catégories statistiques. Il a terminé au deuxième rang des buts marqués par tranche de 60 minutes de jeu (derrière seulement Auston Matthews) et en première place pour les buts attendus, les tirs cadrés, les tentatives de tir et les chances de marquer de qualité (chaque fois par 60 minutes).

Cette saison, ce n’est pas catastrophique du tout lorsqu’on regarde les quatre derniers indicateurs. Gallagher a certes glissé, mais se maintient parmi les 25 meilleurs de la LNH.

Or, à cinq contre cinq, d’ordinaire sa spécialité, il n’a toujours pas marqué en 36 matchs. Il n’exagère donc pas lorsqu’il déplore que la rondelle « ne rentre pas » dans le but.

Les quatre réussites à sa fiche ont été réalisées en avantage numérique (3) ou dans un filet désert (1). Résultat : à moins d’un revirement de situation majeur, la présente saison se soldera par la pire récolte offensive de sa carrière.

Le cas Hoffman

On l’a vu, Gallagher fait, théoriquement, les bonnes choses pour retrouver la route du succès. Mais on peut néanmoins se demander quels coéquipiers pourraient le mieux l’aider dans sa quête.

Mike Hoffman est le joueur avec lequel le numéro 11 a joué le plus souvent cette saison. Or, c’est aussi celui avec lequel il a le moins d’affinités.

Un coup d’œil aux performances du Canadien lorsque Gallagher est sur la glace avec ses partenaires de jeu les plus fréquents le confirme. Quand Hoffman et lui patinent ensemble, le CH obtient moins de tirs, génère moins de chances de marquer de qualité et inscrit moins de buts qu’avec la plupart des autres attaquants du club.

Les meilleurs partenaires pour lui, jusqu’ici, ont été Nick Suzuki, Jake Evans et Artturi Lehkonen. Son association avec Laurent Dauphin n’a pas généré beaucoup de buts, mais les chances sont au rendez-vous. Tyler Toffoli était lui aussi un complice de qualité, mais il n’est plus avec l’équipe.

C’est difficile également avec Christian Dvorak. Or, comme Gallagher et lui ont chacun manqué beaucoup d’action, ils ne se sont pas croisés dans un même match depuis le 29 novembre. Dvorak éprouvait toutes sortes de difficultés à ses débuts avec le Canadien, mais il a mieux fait par la suite avant de se blesser.

En somme, tout n’est pas perdu pour Brendan Gallagher. Comme tous les bons marqueurs, un premier but pourrait le lancer dans une séquence heureuse, surtout s’il continue de générer de l’attaque comme il le fait déjà.

Peut-être le pourra-t-il en demeurant avec Mike Hoffman ? Aux entraîneurs d’en juger.