Nous avons reçu plusieurs excellentes suggestions, mais une injustice vous a outrés plus que toutes les autres… Quelle est-elle ?

Comment passer sous silence le vol le plus évident de l’histoire de la NFL, le 20 janvier 2019, match de championnat NFC entre les Rams et les Saints ? Pointage égal, moins de 2 minutes à jouer, les Saints en contrôle et menaçant d’écouler le temps avant un placement victorieux qui les mènerait au Super Bowl face aux Patriots, et une dernière chance pour Drew Brees de gagner un ultime championnat… mais… les officiels en ont décidé autrement. Une passe de Brees vers son receveur TommyLee Lewis, ce dernier est renversé par un plaqué avant même que le ballon ne se rende jusqu’à lui, et l’officiel à deux pas du jeu qui reste stoïque. Les Saints perdront sur un placement en prolongation. Le demi de coin Nickell Robey-Coleman admettra sa faute et son incrédulité de s’en être tiré, et la NFL fera son mea-culpa plus tard. Assurément l’injustice la plus flagrante en ce qui me concerne.

— François Robillard

Comment passer sous silence le no call pour obstruction lors de la partie de championnat entre les Rams de L.A. et les Saints en janvier 2019 ? Le jeu a été déterminant dans le résultat de la partie qui a éventuellement permis aux Rams de participer au Super Bowl. Quelques jours plus tard, la Ligue a admis qu’il y avait eu une erreur et qu’une pénalité aurait dû être imposée. L’année suivante, la NFL a changé son livre de règlements pour permettre aux entraîneurs de contester les décisions lors de situations similaires à celle qui est arrivée à La Nouvelle-Orléans.

— Pierre Vocelle

Ce ne sont pas les seuls. Sylvain Dufresne, Philippe Dutin, Pierre Chevalier, Gilles Bouchard, Jean Savard ont relevé ce moment comme la plus flagrante injustice de l’histoire du sport. Plus près de nous…

Il y en a plusieurs ! Je pourrais vous parler de l’obstruction flagrante de Robey-Coleman non appelée lors de la finale de conférence Rams–Saints en 2019. Mais plus près de nous, c’est la décision partagée (arrangée) du combat Éric Lucas–Marcus Bayer en Allemagne (arrangé aussi) ! Nous avons appris dans les jours suivant ce combat, de la voix d’Yvon Michel, toutes les tractations du début à la fin. Même le contrat accordé au promoteur allemand était biaisé ! Une injustice flagrante envers les 2 millions d’auditeurs québécois, comparable au but refusé d’Alain Côté.

— François Savoie

En ce qui me concerne, Éric Lucas était un boxeur aux talents mitigés, mais par son éthique de travail et son courage à toute épreuve dans l’arène, il est devenu champion du monde dans sa catégorie. Mais, un certain soir en Allemagne, à mon humble avis, il s’est tout simplement fait voler son titre de champion et, par le fait même, d’autres bourses alléchantes qu’il aurait amplement méritées.

— Yvon Bilodeau

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Éric Lucas

Ou encore…

Sans l’ombre d’un doute, l’erreur de la juge brésilienne lors de la prestation de Sylvie Fréchette aux JO… et le refus de la juge en chef américaine de la laisser corriger son erreur.

— Jocelyne Dubé

Je propose la catégorie « Injustice réparée ». Juste avant les Jeux de Barcelone, Sylvain Lake, l’amoureux de Sylvie Fréchette, se suicide. Courageuse au possible, elle réalise une performance digne de la médaille d’or. Mais à cause de l’erreur technique d’une juge, elle glisse au deuxième rang. Malgré la grossièreté de l’erreur, les officiels l’ignorent. Malgré cela, elle demeure digne. Seize mois plus tard, après plusieurs appels menés par le Canadien Dick Pound, le CIO décide finalement de réparer cette « erreur » et d’accorder une autre médaille d’or à Sylvie. L’injustice perdurant est celle de l’avoir privée de la gloire aux Jeux.

— Pierre Levert

En 2010, avant les reprises vidéo au baseball majeur, Armando Galarraga s’est fait voler sa partie parfaite par une très mauvaise décision de l’arbitre au premier but Jim Joyce, par 12 po, il me semble. Les reprises vidéo étaient très claires. J’ai vu la fin de match en direct car les diffuseurs qui présentaient d’autres parties se sont joints à la fin du match des Tigers. Jim Joyce a rapidement reconnu son erreur en appelant dans une tribune téléphonique de sport de Detroit après la partie. Il pleurait en ondes. Je me rappelle avoir vu ça le lendemain dans les bulletins d’information.

— Hugues Lavoie

La suspension de Maurice Richard pour toutes les séries en 1955, une injustice totale basée sur les préjugés et la politique.

— Yves Lachance

Nul doute que la plus grande injustice revient aux partisans des Expos de Montréal… En 1994, nous sommes premiers, une équipe incroyable… Les joueurs déclarent la grève… C’était le début de la fin ! On ne peut présumer de l’histoire, mais on aurait eu droit assurément à du grand baseball, on a plutôt eu droit au démantèlement de l’équipe qui mènera à son déménagement… Du haut du classement à l’absence de baseball professionnel, elle est là, l’injustice !

— Simon Poirier

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Un message bien visible, lors du match préparatoire entre les Reds de Cincinnati et les Blue Jays de Toronto, en 2015

La plus grande injustice est, à mes yeux, et de loin, le traitement discriminatoire dont fait l’objet le sport féminin, amateur comme professionnel. Les exemples pullulent. Selon l’UNESCO, 40 % de la population sportive est féminine, mais celle-ci ne reçoit que 4 % de la couverture médiatique. Les joueurs de la NBA reçoivent quelque 50 % des revenus de leur ligue alors que leurs semblables de la WNBA, 22,8 %. En 2020, selon Forbes, une seule athlète se classait parmi les 50 athlètes les mieux payés au monde, Naomi Osaka (29e). Ce n’est qu’en 2007 que les organisateurs du tournoi de tennis de Wimbledon ont décidé d’offrir des primes financières égales aux athlètes féminins et masculins. La World Surf League a fait de même en 2012. Des exemples trop peu nombreux, il va sans dire.

— Claude Laporte

Peut-être pas la plus grande injustice de l’histoire du sport, mais certainement une des plus grandes du hockey international. En 1972, lors de la fameuse Série du siècle. Après cinq matchs, les quatre premiers au Canada et le premier de quatre en URSS, la fiche du Canada est d’une victoire, trois défaites et un match nul. Il reste alors trois matchs à disputer en URSS et les Soviétiques n’ont besoin que d’une autre victoire, ou de deux matchs nuls, pour remporter la série. Lors du sixième match, John Ferguson, entraîneur adjoint du Canada et ancien dur à cuire du CH, glisse à l’oreille de Bobby Clarke, fier « Broad Street Bully », que Valeri Kharlamov, un des meilleurs joueurs du monde à l’époque, aurait bien besoin d’une « petite tape » sur une cheville. Message bien reçu, Clarke fracture ensuite un os de cheville à Kharlamov, en tenant son bâton à deux mains telle une hache, dans un geste volontaire, prémédité, violent et terriblement laid. En plus d’être handicapé pour terminer ce sixième match, Kharlamov manquera ensuite le septième match et reviendra pour le huitième, mais en n’étant que l’ombre de lui-même. Le Canada aurait-il remporté la Série du siècle sans cette tactique digne du crime organisé ? Peut-être bien que non. On ne devrait jamais l’oublier lorsqu’on parle de la « victoire » canadienne.

— Donald St-Pierre

PHOTOS ROBERT NADON, ARCHIVES LA PRESSE

Tony Esposito, Ken Dryden, Bobby Clarke, Frank Mahovlich et Don Awrey, lors du premier match de la Série du siècle entre le Canada et l'URSS, au Forum de Montréal le 2 septembre 1972

Un règlement peut parfois être la source d’une grande injustice ! Le golfeur argentin Roberto De Vicenzo a officiellement terminé un coup derrière le gagnant Bob Goalby lors du Tournoi des Maîtres de 1968. Sauf que, dans l’excitation de la fin de sa ronde, De Vicenzo avait signé une carte de pointage erronée qui lui attribuait un score de 66 au lieu du 65 qu’il avait réellement joué ! Le règlement de l’époque était impitoyable : impossible de corriger l’erreur. Il perdait ainsi la chance de disputer une ronde éliminatoire contre Goalby le lendemain. La réaction du pauvre homme est devenue un classique. « What a stupid I am », avait-il déclaré après le tournoi.

— Guy Régnier