(Montréal) Plusieurs pays ont demandé à l’Agence mondiale antidopage (AMA) de modifier ses statuts pour pouvoir sanctionner et éventuellement exclure les États-Unis des grandes compétitions s’ils mettent à exécution leur menace de suspendre leur contribution financière, a-t-on appris jeudi auprès de l’agence.

Les États-Unis, plus grand contributeur financier de l’AMA, ont menacé de cesser de verser leur contribution annuelle de 2,7 millions de dollars si l’agence n’adoptait pas rapidement des réformes profondes.  

« Un certain nombre de gouvernements et d’autres membres ont été choqués qu’un pays puisse unilatéralement retirer son financement à l’AMA sans risquer » des sanctions, a indiqué à l’AFP un porte-parole de l’agence, James Fitzgerald, sans préciser quels étaient ces gouvernements.  

Ces pays estiment que cette menace pourrait créer « un précédent terrible au plan international qui pourrait mettre en danger le système antidopage mondial », selon lui.

« Par conséquent, ils nous ont demandé de réfléchir à la possibilité de modifier nos règles pour que des pays qui vont à l’encontre de l’esprit de la convention de l’UNESCO contre le dopage dans le sport de cette manière, puissent encourir des sanctions fortes dans le cadre du standard international pour la conformité » au code mondial antidopage, a-t-il ajouté.

Ces pays souhaitent que l’AMA modifie son règlement pour qu’un pays qui refuse de verser sa contribution financière puisse être déclaré « non-conforme ». Les athlètes de pays non-conformes peuvent se voir interdire de participer à des compétitions internationales comme les JO.  

Les demandes de ces pays pourraient faire l’objet de discussions au comité exécutif de l’AMA dès sa prochaine réunion, les 14 et 15 septembre, mais le sujet n’est pas officiellement à l’ordre du jour. Toute décision en ce sens devrait d’abord être validée par le Comité de révision de la conformité de l’AMA, rappelle le porte-parole.

Les menaces américaines de suspendre leur participation financière à l’AMA étaient contenues dans un rapport explosif d’un organe de la Maison-Blanche, le Bureau de la politique nationale de contrôle des drogues (ONDCP), révélé en juin dernier.

L’AMA avait réfuté les conclusions de l’ONDCP, l’accusant de présenter « de nombreuses inexactitudes, d’idées reçues et de mensonges ».

Le directeur de l’Agence américaine antidopage (USADA), Travis Tygart, très critique du fonctionnement de l’AMA, estime que la menace de retrait du financement par le gouvernement américain va amener le régulateur mondial à procéder à des réformes attendues de longue date.