Chaque semaine, les journalistes des Sports de La Presse répondent à une question dans le plaisir, et un peu aussi dans l’insolence. N’hésitez pas à nous envoyer votre opinion.

Mathias Brunet

Les Mighty Ducks d’Anaheim détiennent non seulement la palme du pire uniforme à mes yeux, mais aussi un nom d’équipe indigne du sport professionnel. L’équipe a été nommée ainsi par son propriétaire, Disney, à l’origine du film pour enfants du même nom. L’aspect marketing était au cœur de ce choix. Le logo s’apparente à un personnage de bande dessinée. Et ses couleurs, mauve et turquoise. Horrible. Dire que de grands joueurs comme Paul Kariya et Teemu Selanne ont porté cet uniforme… Heureusement, en 2005, on a simplifié le nom et opté pour un chandail plus sobre.

Miguel Bujold

Trop, c’est trop. Pour les uniformes d’équipes sportives, comme dans la mode en général, la simplicité a souvent bien meilleur goût. Les Coyotes de Phoenix n’étaient manifestement pas au courant de cette règle au début des années 90. Leur maillot de style aztèque était d’une laideur rarement vue dans le monde du sport professionnel. Un peu trop d’originalité, beaucoup trop de motifs et de couleurs différentes. En deuxième place, l’uniforme des Bengals de Cincinnati. Pas tant parce qu’il est laid, mais parce que c’est un peu difficile de prendre une équipe au sérieux lorsqu’elle est habillée en tigre.

PHOTO PAUL CONNORS, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Match entre les Coyotes de Phoenix et les Mighty Ducks d’Anaheim, en 2003

Simon Drouin

Mario Cipollini a souvent péché par excès d’enthousiasme, le grand Laurent Fignon a déjà couru dans une salopette trompe-l’œil du quincaillier Castorama, mais peu d’uniformes cyclistes ont autant fait jaser que ce négligé de l’équipe féminine colombienne IDRD-Humana Bogota-San Mateo-Solgar en 2014. Comment dire ? « Inacceptable et contraire à la décence la plus élémentaire », avait tonné le président de l’UCI de l’époque, Brian Cookson. Or cette faute de goût n’était qu’un simple malentendu lié à la tonalité d’une photo prise durant le Tour de Toscane. Conçu par une coureuse de la formation, l’uniforme ne cherchait pas à imiter la teinte de la peau dans la région de la fourche, mais s’inspirait plutôt de la couleur ocre du logo d’un commanditaire, avait-elle plaidé. Quelle que fût l’intention, c’était raté.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER @CATRINCOOPER

Uniforme de l’équipe cycliste colombienne IDRD-Humana Bogota-San Mateo-Solgar

Richard Labbé

Pour bien comprendre à quel point l’uniforme du Thunder d’Orlando était laid, il faut l’avoir vu de près. Ça tombe bien parce que j’ai eu cette énorme chance, avec environ 34 000 autres fous de football américain, par un après-midi de juin 1992 au Stade olympique. Ce jour-là, c’était la grande finale de la World League, un circuit tout croche qui n’aura duré que le temps de deux printemps à Montréal (la Machine, vous vous souvenez ?), mais il s’agit d’un match qui a marqué ceux qui étaient là pour une seule raison, vraiment : l’uniforme du Thunder. Un affreux chandail vert lime, un horrible casque blanc, frappé d’un logo probablement dessiné par un enfant de 8 ans qui a fini son année scolaire avec un F dans son cours d’arts plastiques. Quand les joueurs du Thunder sont arrivés sur la carpette du Stade olympique habillés de cette façon, je me suis dit qu’ils allaient avoir l’adversaire à l’usure ; juste à les regarder depuis les gradins, on avait déjà mal à la tête. On s’en doute, le vert lime du Thunder n’a pas fait époque, et aujourd’hui, près de 30 ans plus tard, c’est encore plus laid. Détail qui n’est pas anodin dans cette histoire : le joueur le plus « célèbre » du Thunder est sans doute le quart Kerwin Bell, avantageusement connu pour être celui qui s’est lui-même envoyé un ballon dans les parties en célébrant un touché lors d’un match dans la Ligue canadienne. Ça en dit long, je trouve.

IMAGE ARCHIVES LA PRESSE

Carte de Kerwin Bell, quart-arrière du Thunder d’Orlando dans la défunte World League

Guillaume Lefrançois

« Tous sports confondus ». Profitons-en pour étendre la question à la lutte professionnelle. Vince McMahon, le grand patron de la WWE, n’a jamais manqué d’idées pour des personnages plus grands que nature. En 1990, il a plutôt réussi son coup avec un croque-mort de 6 pi 10 po nommé l’Undertaker. Trois ans plus tard, il avait un autre géant entre les mains, un certain Jorge Gonzalez, un Argentin de 2,31 m (7 pi 7 po) qui avait été repêché par les Hawks d’Atlanta en 1988. Ainsi est né le personnage de Giant Gonzalez. Jusqu’ici, tout va bien. Ça s’est compliqué quand est venu le temps de choisir son costume. Quelqu’un, sans doute en état d’ébriété avancée, s’est dit qu’un costume avec de faux muscles et du faux poil serait une bonne idée. Ça avait essentiellement l’air d’un costume que vous payez 29,95 $ chez Jean Coutu, en panique, le 30 octobre.

PHOTO TIRÉE DU SITE IMDB.COM

Le lutteur Jorge Gonzalez

Simon-Olivier Lorange

Le bleu poudre des Penguins de Pittsburgh puis des Thrashers d’Atlanta ? Quand vous voulez. Le maillot jaune des Bruins de Boston avec la tête d’ourson géante ? Je dors sur mes deux oreilles. La vingtaine de chandails différents des Canucks de Vancouver depuis 50 ans ? Je coche oui. Mais l’uniforme adopté par l’Avalanche du Colorado en vue de son match extérieur contre les Kings de Los Angeles, le 15 février dernier, c’est non. Les culottes bleu royal avec des bas assortis, les gants à l’avenant, le casque stylisé… Est-ce une farce ? Est-ce un pyjama ? On ne sait pas trop et, honnêtement, on ne sait même pas si on veut savoir. La défaite de 3-1 de l’Avalanche aux mains de l’une des pires équipes de la LNH était amplement méritée.

PHOTO ISAIAH J. DOWNING, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

À gauche, le défenseur Erik Johnson dans l’uniforme adopté par l’Avalanche du Colorado lors de son match extérieur contre les Kings de Los Angeles, le 15 février dernier

Pascal Milano

Les Caribous du Colorado n’ont été qu’une étoile filante dans la North American Soccer League (NASL). Leur unique saison 1978 a néanmoins débouché sur un héritage qui perdure aujourd’hui avec ce chandail au look très western et cette bizarre frange en cuir. Peu importe le résultat final, on ne sort jamais réellement gagnant quand on porte un tel accoutrement en public durant 90 minutes. Au-delà de l’esthétisme douteux, il paraît que la frange avait son utilité en match. Les adversaires pouvaient tirer dessus pour ralentir les joueurs des Caribous. Avant d’être raccourcie, cette ignoble frange pouvait également fouetter au visage l’adversaire qui était trop proche lors des duels aériens. Il y a quelques années, les Rapids du Colorado (MLS) avaient exprimé leur désir de disputer un match avec cet uniforme. Le communiqué avait été publié un… 1er avril.

PHOTO TIRÉE DU SITE MLSSOCCER.COM

Les Caribous du Colorado, saison 1978

Alexandre Pratt

N’ajustez pas votre tablette. Ce sont bel et bien les couleurs portées en 1980 par les Toros de Tucson, club-école des Astros de Houston. Le nom de l’équipe – écrit dans une police de caractère western – est imprimé en bleu royal, sur une diagonale jaune moutarde, elle-même mise en relief par une ligne rouge framboise sur un fond caca d’oie. Les pantalons viennent en trois teintes orangées. Et le dos ? Bleu poudre avec le numéro en blanc. Pour la petite histoire, le chandail d’origine était jaune, orange et bleu. Sauf qu’au premier lavage, les teintures se sont mélangées, créant cette horrible bouillie. Le DG des Toros – qui avait conçu le chandail – a refusé de payer le manufacturier. Avec raison… 

IMAGE ARCHIVES LA PRESSE

L’uniforme des Toros de Tucson, club-école des Astros de Houston, en 1980