Même si de plus en plus de recherches qui prouvent les dangers des commotions cérébrales sont publiées, les athlètes sont encore nombreux à cacher leur condition pour pouvoir continuer de jouer, révèle une nouvelle recherche publiée dans le Clinical Journal of Sport Medicine par le médecin des Alouettes de Montréal et de l'Impact de Montréal, le Dr Scott Delaney.

Également directeur de la recherche en médecine d'urgence au Centre universitaire de santé McGill (CUSM), le Dr Delaney a suivi 469 athlètes universitaires sur une période de 12 mois. Environ 20% des athlètes ont affirmé avoir subi une commotion cérébrale durant cette période, mais près de 80% d'entre eux n'ont pas consulté de médecin et ont pris la décision de continuer de jouer tout en étant conscients de leurs symptômes.

«L'explication qui revient 80% du temps est qu'ils n'avaient pas l'impression que leur commotion cérébrale était sérieuse, explique le Dr Delaney. La plupart des athlètes ne sont pas conscients du fait que les commotions cérébrales, si elles ne sont pas diagnostiquées ni traitées, peuvent être extrêmement dangereuses.»

Différentes études ont en effet montré le lien entre commotion cérébrale et diminution de la mémoire et de l'attention. Les liens entre les commotions mal guéries et des déficits cognitifs permanents sont aussi connus. «Mais souvent, les athlètes veulent finir le match avant. Ou ne rien dire de peur de manquer plusieurs matchs à venir», note le Dr Delaney.

L'étude du Dr Delaney montre aussi que certains athlètes cachent leur état par crainte de nuire à leur relation avec l'équipe et l'entraîneur. «D'autres ont peur d'affecter leurs chances de jouer au niveau professionnel un jour», dit-il.

Charles-Antoine Sinotte, coordonnateur des sports universitaires au Réseau des sports étudiants du Québec, mentionne que cette nouvelle étude devrait servir une leçon au milieu. «Il faut que la décision de permettre à un joueur de revenir ou non au jeu soit prise de façon rationnelle et non émotionnelle. Avoir un protocole d'intervention en cas de commotion peut aider les équipes en ce sens et enlever le poids de cette décision sur les épaules des joueurs», estime M. Sinotte.

Récemment, deux études ont démontré que les équipes sportives qui possèdent un protocole d'intervention complet décèlent jusqu'à cinq fois plus de commotions cérébrales chez leurs athlètes que celles qui n'en ont pas.

Le Dr Delaney croit pour sa part que des contrats devraient être signés entre les entraîneurs, les équipes sportives, les athlètes et les parents pour obliger tous les acteurs à agir dès qu'une commotion survient.