Le président du FC Barcelone Joan Laporta, sous le feu des critiques après deux ans de fiasco sportif, sort très fragilisé du vote de censure des «socios» qui l'ont reconduit de justesse à la tête du club catalan dimanche.

Dimanche, une nette majorité de 60,6% des «socios» du club blaugrana ont voté contre leur président et seulement 37,75% en sa faveur lors d'un vote de censure présenté par l'avocat Oriol Giralt.

Autant dire que Laporta, 45 ans, ne doit son maintien qu'aux statuts du club qui prévoient que son président ne peut être limogé que si se dégage une ample majorité de 66,6% en sa défaveur lors d'un vote de censure.

«Laporta au bord du KO», «Laporta secoué», commentaient lundi en première page les quotidiens catalans El Periodico et La Vanguardia, augurant deux années de fin de mandat difficiles pour celui qui dirige le prestigieux club catalan depuis 2003 et à la tête duquel il avait été réélu en 2006.

Joan Laporta s'est malgré tout déclaré «légitimé» et a assuré qu'il irait jusqu'au bout de son mandat à la mi-2010.

L'ambiance promet d'ici-là d'être explosive au Barça, qui risque de vivre deux années empoisonnées de campagne électorale permanente alors que le club cherche à rebondir sportivement.

«Soumis à une punition spectaculaire», il va devoir diriger un Barça «divisé et pratiquement ingouvernable», pronostique El Periodico.

Le promoteur du vote de censure Oriol Giralt, a assuré dimanche qu'il n'existait «pas de fracture», se déclarant ouvert au dialogue avec Laporta et promettant qu'il ne réclamerait pas sa démission.

«Le pire ennemi de Laporta, c'est Laporta»

Mais Laporta, qui fut le président le mieux élu de l'histoire du Barça, va voir émerger comme solide concurrent potentiel son ex-vice-président Sandro Rosell, qui avait claqué la porte du club en 2005.

«Le pire ennemi de Laporta, c'est Laporta lui-même», a commenté ce dernier, se défendant d'avoir orchestré en sous-main le vote de censure.

Le sursis de Laporta dépendra des premiers résultats du Barça version Pep Guardiola, le remplaçant de l'entraîneur néerlandais Frank Rijkaard, et de son accueil par le public en colère du Camp Nou.

Guardiola a annoncé mi-juin qu'il ne comptait pas sur le trio offensif vedette Deco-Ronaldinho-Eto'o, ne sauvant du naufrage des «Fantastiques» que le lutin argentin Lionel Messi et l'attaquant français en quête de second souffle Thierry Henry.

Mais si Deco est déjà parti pour Chelsea, les grands d'Europe ne se bousculent pas pour le (trop?) bouillant attaquant camerounais Samuel Eto'o ou le Brésilien Ronaldinho, en perte de vitesse.

Fort d'un budget record de 380 millions d'euros pour la saison prochaine, le Barça s'est solidement renforcé dès le début de l'intersaison, recrutant les défenseurs brésilien Daniel Alves (FC Séville) et uruguayen Martin Caceres (Villarreal).

Il s'est également offert les services du milieu malien Seydou Keita (FC Séville) et du défenseur espagnol Gerard Piqué (Manchester United), en attendant trois autres recrutements promis, notamment en attaque.

On parle surtout de l'attaquant togolais d'Arsenal Emmanuel Adebayor. Le génial attaquant russe Andrei Arshavin a lui lancé un appel du pied pendant l'Euro 2008 en disant «rêver» de jouer au Barça.

Le club veut également renforcer son staff de préparateurs physiques et a confié en 2007 la rénovation du Camp Nou à l'architecte américain Norman Foster.

Comme chaque année, le Barça, qui reste sur deux saisons blanches, va chercher à tout gagner (Liga, Coupe d'Espagne, Ligue des Champions). Laporta ne pourra se permettre un troisième faux pas, sous peine d'être encore plus menacé.