(Paris) Dos décolletés, découpes sur les hanches, robes évoquant les déshabillés : la tendance de l’ultrasexy et du corps dénudé s’installe dans la haute couture.  

Jeudi, au dernier jour de la semaine parisienne de la haute couture, Fendi a présenté une collection toute en lumière et transparence avec de nombreuses robes conçues autour de la lingerie.  

« C’est le monde intérieur qui sort à l’extérieur – à la fois au sens figuré et au sens propre et des sous-vêtements deviennent tenues de soirée », a déclaré le Britannique Kim Jones, directeur artistique des collections couture de la maison romaine dans les notes du défilé.  

Devant les chanteuses Courtney Love et Rita Ora, au premier rang portant des total looks presque identiques bleus avec des bottes compensées, ont défilé des mannequins en robes fluides, gris clair ou couleur chair avec des escarpins à talon bijou.  

« Je suis sexy »

Pour mieux confirmer la tendance, l’Américain Casey Cadwallader, designer de la maison Mugler s’est infiltré jeudi soir sur la haute couture avec son défilé augmenté prêt-à-porter, premier évènement en personne depuis la COVID-19, et un an après le décès du flamboyant fondateur de la marque Thierry Mugler dont l’imaginaire de la femme sexy, glamour et puissante a marqué plusieurs générations de stylistes.

Corsets, jambes et fesses dénudées ou galbées dans du cuir ou de la dentelle et zoomés sur un écran géant et avec un refrain « I’m sexy » (je suis sexy). Le défilé s’est terminé en discothèque pour tout le monde mêlant mannequins et invités.

« Amusons-nous ! Mugler, cela a toujours été ça ! La mode ce n’est pas marcher droit avec des visages tristes. C’est quelque chose de chaleureux et d’excitant », a déclaré Casey Cadwallader à la presse.

PHOTO ANNE-CHRISTINE POUJOULAT, AGENCE FRANCE-PRESSE

Un vêtement de Fendi

La créatrice espagnole Juana Martin a elle aussi misé sur le glamour et la nudité.

Une petite robe noire ou mini-ensemble blanc transparent avec des manches volumineuses en formes d’éventail, sa marque de fabrique, sont portés avec des sandales argentées au talon aiguille.  

Le denim « tie and dye » est la matière vedette de cette collection allégée par des découpes et ouvertures : ici, un justaucorps avec des jambes nues se porte avec un chapeau andalou.  

Là, une robe longue aux épaules volantes est fendue jusqu’à la taille. Les découpes sur les hanches des jupes et pantalons féminisent les silhouettes faites dans cette matière brute.

« La haute couture est parfois inconfortable ou corsetée, mais elle fait des choses qui vous font vous sentir super légère à l’intérieur, elle est super éthérée », a déclaré la créatrice à l’AFP.  

Libération post-COVID-19

« Il y a beaucoup de nudité dans le vêtement. C’est toujours par vagues, on sort d’une pandémie, les gens ont envie de sortir, de se montrer, de se célébrer ensemble. Cela va avec », a déclaré à l’AFP Christian Louboutin qui a conçu des chaussures à semelles rouges pour le défilé de Juana Martin. « Il fallait que des souliers aient des petites lignes, juste de la brillance ».  

PHOTO CHRISTOPHE ENA, ASSOCIATED PRESS

Pour le couturier français Julien Fournié, il s’agit de « se réapproprier le corps meurtri par la COVID-19 ».  

Sa collection inspirée des années 30 est fluide et légère et les silhouettes sont pensées pour être portées sans soutien-gorge si ce n’est pas un maillot de bain brodé qui est en soi une tenue de soirée.  

« L’idée, c’est de porter cela avec beaucoup de liberté et beaucoup de… nudité », explique-t-il à l’AFP.

Alexis Mabille a dessiné de longues robes rouge et verte avec d’immenses découpes sur les côtés, tandis que quelques bandes de tissus drapaient à peine la poitrine d’une robe rose de soirée de Haider Ackermann pour Jean-Paul Gaultier.

La couturière marocaine Sara Chraïbi, qui a débuté jeudi à Paris, a défendu « la liberté de parure et de mouvement ».

Sa collection architecturale et opulente jouait sur les longueurs allégées par les décolletés et les franges. Un soutien-gorge brodé est porté comme un haut d’un tailleur-pantalon avec une cape-voile.  

« J’ai voulu avoir deux points de vue : un point de vue sur la liberté de se couvrir ou de se découvrir », a-t-elle déclaré à l’AFP.