Gauransh Kumar est étudiant à la maîtrise à l’Université de Montréal en informatique. Mais en ce mercredi soir de la fin de novembre, il n’assiste pas à un cours. Il anime un atelier de cuisine indienne au pavillon Jean-Brillant.
Devant lui sont réunis une quinzaine d’étudiants dans le local du Centre de l’engagement étudiant. « La cuisine, c’est rassembleur. C’est une activité originale pour connaître des gens, avoir du fun et découvrir d’autres cultures », s’enthousiasme Agathe Cadieux, étudiante en archéologie et chargée de projet pour les ateliers de cuisine offerts aux Services à la vie étudiante.
Ce soir-là, l’atelier de cuisine indienne affiche complet. Juste avant sa tenue à 19 h, Pascal Archambault espère qu’une absence de dernière minute pourra lui permettre d’être aux fourneaux. « Je suis un habitué de la place », dit-il.
En fait, c’est grâce à Pascal Archambault que Gauransh Kumar transmet à des consœurs de l’UdeM des recettes de sa mère. Le premier a incité le deuxième à participer à l’atelier de cuisine végane qui se donnait en octobre dernier. Comme ce sont des étudiants qui donnent les ateliers, on a vite demandé à Gauransh de faire partager ses connaissances culinaires indiennes.
Parenthèse : Pascal Archambault s’occupe du regroupement « Sortir campus » des Services de la vie étudiante, qui organise des sorties au musée ou encore en plein air. Il vient de remporter la bourse St-Pierre-Larochelle en intelligence artificielle appliquée à l’environnement. « De 120 000 $, précise-t-il fièrement. Je travaille avec Ferme d’hiver. On cultive des fraises d’hiver dans des serres verticales à Vaudreuil. »
Wow.
Pascal est doctorant au département d’informatique et de recherche opérationnelle alors que Gauransh fait sa maîtrise. Après que ce dernier eut terminé un stage l’an dernier avec Eugene Syriani, le professeur l’a invité à faire sa maîtrise à l’Université de Montréal. « J’adore Montréal. C’est pourquoi je voulais revenir. Les gens, tout ce qui se passe, c’est une ville formidable », s’emballe-t-il.
Au menu
Au début de l’atelier, Agathe avise les participants qu’ils seront répartis sur trois îlots. Un groupe fera une entrée et le dessert, un deuxième, le plat principal, et le troisième, les accompagnements. « Il reste quelques places pour l’atelier de biscuits des Fêtes », signale-t-elle après avoir détaillé les règles d’hygiène de base.
Pour le reste, ce n’est pas compliqué. « On mange ce qu’on cuisine vers 18 h. »
Au menu : paneer pakora (le fameux fromage frit indien), litti (des boulettes de pois chiches), aloo chokha (une purée de pommes de terre), baingan bharta (un mélange d’aubergines) et besan halwa (un pudding aux noix et aux raisins secs).
Plusieurs plats sont typiques de la région de l’Inde d’où vient Gauransh : l’État de Bihar. « Ma mère m’a appris à cuisiner. Hier, j’ai vérifié avec elle les derniers détails et quantités des plats. Pour moi, écrire les recettes a été difficile », raconte le jeune homme au sourire qui respire le bonheur.
Plus que des ateliers de cuisine
Pour les étudiants, les ateliers de cuisine ont des vertus à la fois culinaires, économiques et sociales. « J’étais intéressée par l’atelier de cuisine indienne, car on allait utiliser des ingrédients que je n’ai sans doute pas chez moi », affirme Nathalie El-Hawli.
Beau hasard. Deux de ses camarades de la faculté de médecine sont aussi inscrits à l’atelier, le couple formé de Clara Coderre et Benjamin Pauzé. « C’est une belle activité et le souper est réglé en même temps », souligne ce dernier.
Pour sa part, Nathalie El-Hawli est avec son amie du secondaire de Rouyn-Noranda, Marjorie Blais qui, elle, étudie en communication. Tous soulignent, en ces temps inflationnistes, le coût raisonnable pour participer à l’atelier : 8 $. « Hier, avec mes sœurs, on se rappelait l’époque où nos parents nous donnaient 5 $ pour manger », lance Benjamin.
Louane Bonnemberger fait partie des nombreux étudiants d’Europe en échange qui prennent part à l’atelier. « C’est bien de cuisiner avec des gens qu’on ne connaît pas, mais surtout de ne pas cuisiner seul chez soi », fait-elle valoir.
Sajithan Gunaratnam ne s’ennuie pas pendant son séjour d’études loin de la maison. « Montréal est vraiment une ville étudiante. Il y a toujours une activité à faire. Hier soir, nous sommes allés dans une soirée de stand-up. »
Après deux heures passées avec ces étudiants, nous sommes émus par leur entrain et leur implication. En plus de s’occuper des ateliers de cuisine, Agathe Cadieux est coordonnatrice du club de lecture de l’Université de Montréal, bénévole pour Sapins des fêtes, initiative qui vise à recueillir des cadeaux pour les enfants de la DPJ, ainsi que pour Cap Campus, qui valorise les études universitaires auprès des élèves du secondaire et du cégep. « J’ai commencé l’université en pandémie et tout se faisait en ligne, donc je voulais juste connaître des gens », justifie-t-elle avec humilité.
Il est déjà 18 h, nous avise Agathe. Tout est prêt ou presque. C’est le temps de s’attabler et de manger !