Le 71e défilé du père Noël du centre-ville de Montréal a lieu samedi et, cette année, il aura une ingénieure en aérospatiale à ses côtés : Farah Alibay en fée des Étoiles.

« Petite, si on m’avait dit que la fée des Étoiles en 2023 serait une immigrante, queer et ingénieure, je ne l’aurais pas cru ! », lance au téléphone Farah Alibay.

« Je représente quelqu’un de différent, d’inattendu, c’est ce qui est beau. Je pense que chaque fée des Étoiles amène sa touche personnelle au personnage. Mon lien est plus direct puisque mon travail est d’étudier les étoiles et c’est pour ça que j’ai accepté ce rôle inspirant. Mon message pour les petits et les grands, c’est de pouvoir rêver, d’avoir des ambitions et de persévérer », explique celle qui travaille au Jet Propulsion Laboratory, un centre de recherche affilié à la NASA.

Selon Glenn Castanheira, directeur général de Montréal centre-ville, on ne peut pas imaginer mieux comme fée des Étoiles. « Farah Alibay nous fait rêver, elle est magique et tellement inspirante ! lance-t-il. Elle nous rend fiers collectivement par son parcours et sa personnalité. »

Chaque année, pour choisir la fée des Étoiles, son équipe cherche une personnalité inspirante qui reflète l’identité du centre-ville de Montréal. « On se base aussi sur nos partenaires producteurs, explique-t-il, on cherche à avoir un consensus et on prend la décision. »

Dans le passé, Ima, Marie-Mai, Marie-Ève Janvier, Joannie Rochette et Vanessa Pilon, notamment, ont été fées des Étoiles. L’année dernière, le choix de la drag queen Barbada n’avait pas fait l’unanimité. « On ne peut pas être à la fois porteur de la diversité et de l’inclusion et faire l’unanimité. Le choix de la fée des Étoiles reflète l’identité montréalaise, et l’identité montréalaise n’est pas unanime. Il suffit d’avoir une conversation sur Montréal pour se rendre compte de la diversité des opinions », estime Glenn Castanheira.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Glenn Castanheira, directeur général de Montréal centre-ville

Il y aura toujours quelqu’un en désaccord avec le choix, mais jusqu’à présent, Farah Alibay fait l’unanimité.

Glenn Castanheira, directeur général de Montréal centre-ville

Une invention québécoise

Les défilés du père Noël existent à Montréal depuis le début du XXsiècle. Ils étaient organisés à l’époque par les différents magasins de la ville, rappelle Jean-Philippe Warren, professeur au département de sociologie et d’anthropologie à l’Université Concordia.

« Noël est une fête commerciale, mais il fallait ajouter de la magie à tout cela. Alors, au fil des ans, on invente des personnages. Il y a le père Noël qui vient du pôle Nord, les lutins qui fabriquent les cadeaux, puis on ajoute mère Noël qu’on voit moins ici, mais qui est très présente aux États-Unis... et la fée des Étoiles qui semble être une invention purement québécoise, car on ne la voit pas ailleurs », observe-t-il.

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Jean-Philippe Warren, professeur au département de sociologie et d’anthropologie à l’Université Concordia

Elle apparaît, elle aussi, au début du XXsiècle. « L’inspiration vient probablement des contes de Perrault où il y a des fées. Et on s’est construit notre propre mythologie. Elle est l’opposée du père Noël. C’est une figure féminine jeune, raffinée, délicate, elle accueille les enfants, elle est d’une grande douceur et surtout elle a un côté plus fantaisiste, car elle peut s’habiller différemment chaque année », explique l’auteur du livre Hourra pour Santa Claus !.

On ne peut rien dévoiler du costume de la fée des Étoiles créé par Marie-Claude Chailler, alias Marie-Cocotte, mais Farah Alibay confie qu’il sera surprenant.

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Le 70e défilé du père Noël rue Sainte-Catherine, le 19 novembre 2022

Le costume sera fidèle à mon image, et ce ne sera pas ce à quoi on s’attend pour une fée des Étoiles. J’ai bien hâte. Le défilé sera un grand moment d’émerveillement.

Farah Alibay

Farah Alibay se rappelle en riant : « Mon petit frère croyait au père Noël, il avait 4 ans, j’en avais 7, et déjà en grande scientifique que j’étais, je lui avais démontré qu’il n’existait pas ! »

Une autre dimension

« Avec Farah Alibay, on entre dans une autre dimension. Une brillante ingénieure en aérospatiale avec une trajectoire incroyable. Il n’y a plus de limites aux rêves. Tu peux t’imaginer en train d’explorer la planète Mars ! Les enfants demanderont au père Noël un ensemble pour explorer les planètes... on est dans une dimension nouvelle et c’est tellement plus riche. On devrait la nommer fée des Étoiles à vie ! », s’exclame Jean-Philippe Warren.

Des rêves, Farah Alibay en a, elle aussi. « Un grand rêve d’enfance, c’est d’être astronaute », confie-t-elle. Mon rôle de fée des Étoiles tombe très bien puisque je travaille sur le télescope SPHEREx qui sera lancé dans l’espace pour étudier environ un demi-milliard de galaxies. Ce qui nous fera comprendre les débuts de notre univers. »

Le départ officiel du défilé du père Noël est prévu à 11 h sur le boulevard René-Lévesque, en face de l’Esplanade Place Ville Marie. Farah Alibay avoue être un peu nerveuse, mais tellement heureuse. « Des jeunes verront peut-être une partie d’eux-mêmes en moi, pense la fée des Étoiles. Ça permet de rêver, mais de voir aussi que tout est possible. »

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