Le Russe Oleg Novitsky, commandant de bord, l'Américaine Peggy Whitson et le Français Thomas Pesquet doivent décoller dans la nuit de jeudi à vendredi du cosmodrome de Baïkonour (Kazakhstan) vers la Station spatiale internationale (ISS).

La Russie a la réputation d'effectuer ses lancements par tous les temps, et ni la neige qui a recouvert le cosmodrome, d'où la Russie est désormais la seule à pouvoir envoyer des hommes sur l'ISS, ni les températures glaciales ne devraient empêcher les 310 tonnes du lanceur Soyouz de s'arracher comme prévu du pas de tir à 2 h 20 heure locale vendredi (20 h 20 GMT jeudi).

Presque neuf minutes après le décollage du mythique lanceur russe, aux 1700 lancements réussis depuis les années 1960, la capsule Soyouz MS-03 se séparera du troisième étage de la fusée pour se placer en orbite à 200 km au-dessus de la Terre.

Le Soyouz déploiera alors ses antennes solaires et l'équipage entamera un voyage de plus de 48 heures dans ce minuscule module de seulement 2,5 mètres de long. La mission, pour les trois astronautes, sera de se mettre à la même altitude que la Station spatiale internationale, qui tourne à 28 000 km/h à 400 km au-dessus du globe terrestre.

L'amarrage de la capsule Soyouz au vaisseau orbital est prévu samedi 19 novembre à 22 h GMT.

En six mois sur l'ISS, Thomas Pesquet doit mener pas moins de 62 expériences pour le compte de l'Agence spatiale européenne (ESA) et du Centre national d'études spatiales (CNES), l'agence spatiale française. Sans compter les 55 autres expériences qui doivent être menées en coopération avec les agences spatiales américaine, canadienne et japonaise.

Le Français étudiera ainsi l'impact de l'apesanteur sur la musculature, dont les résultats pourraient aider à soigner les myopathies. Il essaiera aussi des technologies susceptibles de révolutionner la purification de l'eau ou des matières autonettoyantes utilisables à terme dans les hôpitaux. Il a même dû subir un prélèvement d'un petit morceau du mollet qui pourra ainsi être comparé avec ses muscles après son séjour dans l'espace.

Peggy Whitson mènera elle des expériences sur l'impact de la lumière sur le cycle de sommeil, tandis qu'Oleg Novitsky, pour le compte de l'agence spatiale russe Roskosmos, conduira plus de 50 expériences scientifiques.

- Gastronomie spatiale

Mais la vie dans l'ISS aura aussi ses bons côtés. « On aura de la nourriture de chef étoilé avec nous », a souri Thomas Pesquet lors de sa dernière conférence de presse avant le départ, mercredi, en référence aux langues de boeuf au foie gras truffé, aux suprêmes de volaille aux morilles et aux magrets de canard confits préparés par les chefs Alain Ducasse et Thierry Marx pour les fêtes de fin d'année et conditionnés pour être mangés en apesanteur.

Le retour sur Terre des trois astronautes est prévu pour le 15 mai 2017.

Les trois nouveaux arrivants seront accueillis samedi soir par l'astronaute américain Shane Kimbrough et les cosmonautes russes Sergueï Ryjikov et Andreï Borissenko, arrivés le 19 octobre.

Le commandant de bord du Soyouz, Oleg Novitsky, a une grande l'expérience de l'espace. À 45 ans, cet ancien pilote de l'armée de l'air russe, qui vient de devenir père, a passé cinq mois sur l'ISS en 2012 et 2013.

L'Américaine Peggy Whitson, 56 ans, est une des astronautes les plus expérimentées de Nasa. Elle est la femme qui a passé le plus de temps dans l'espace, avec plus de 376 jours au total, et elle totalise six sorties extravéhiculaires, qui ont duré au total plus de 39 heures.

Elle a déjà deux séjours sur l'ISS à son actif. Son premier vol remonte à 2002, alors que la Station spatiale était encore en train d'être assemblée.

Face à ses coéquipiers, Thomas Pesquet, ancien pilote de ligne âgé de 38 ans qui deviendra le dixième Français à s'envoler dans l'espace, et le premier depuis 2008, fait figure de petit jeune.