La plupart des télescopes cherchent à voir le plus loin possible dans le cosmos. Mais l'armée américaine vient de se doter d'un nouveau jouet qui fait un peu l'inverse : il suit à la trace des objets qui tournent juste au-dessus de la Terre et qui peuvent être aussi petits qu'une balle de softball. Coup d'oeil sur une machine militaire unique au monde.

DES YEUX POUR VOIR PRÈS

Morceaux de satellites brisés, débris de fusées, cailloux en tout genre : si vous croyez que le ciel est d'une pureté inégalée, détrompez-vous. Une quantité phénoménale de débris tournent à toute vitesse autour de la Terre, causant une menace pour les satellites commerciaux et militaires, et même pour la Station spatiale internationale. Le « télescope de surveillance spatiale » est la nouvelle vedette de l'arsenal de télescopes et de radars déployés par l'armée américaine pour essayer de savoir ce qui tourne exactement au-dessus de nos têtes. Cela inclut évidemment de repérer les satellites envoyés par des puissances comme la Chine et la Russie, et même les astéroïdes qui pourraient un jour nous tomber sur la tête. Le nouveau télescope, environ 100 fois plus efficace que ses prédécesseurs, pourra suivre jusqu'à « 10 000 objets en même temps, chacun aussi petit qu'une balle de softball », affirment ses concepteurs.

UN TÉLESCOPE MILITAIRE

La construction du télescope de surveillance spatiale a été entreprise par DARPA, l'agence de recherche du département de la Défense américain. Après cinq ans de tests à scruter le ciel à partir d'une montagne du Nouveau-Mexique, l'instrument a été remis la semaine derrière aux Forces aériennes des États-Unis. Celles-ci comptent déménager le télescope en Australie l'an prochain, d'où il pourra observer une région du ciel peu couverte actuellement. Pendant ses années de test, l'appareil a identifié 3600 nouveaux astéroïdes, dont quatre pourraient représenter un danger pour la Terre.

UNE BÊTE UNIQUE

Le monstre de 90 tonnes est propulsé par un moteur de 38 000 chevaux-vapeur (environ 100 fois la puissance d'une camionnette), ce qui lui permet de pivoter de 17 degrés par seconde afin de suivre les objets dans le ciel. Son miroir principal, qui fait plus de trois mètres et demi de diamètre, est le plus courbé jamais fabriqué. Contrairement aux télescopes conventionnels, qui sont braqués vers des régions du ciel très ciblées, le télescope de surveillance spatial est conçu pour regarder « large » avec une faible profondeur. Il pourra analyser en quelques secondes une superficie du ciel équivalant à celle de tous les États-Unis. En fait, l'un des problèmes est que le télescope analyse des portions de ciel si larges et avec une telle précision qu'il générera un véritable tsunami de données : pas moins d'un téraoctet chaque nuit (en comparaison, le télescope spatial Hubble analyse environ 10 téraoctets de données chaque année). Des algorithmes avancés lui permettent de repérer les objets d'intérêt parmi cette avalanche d'information.

PHOTO FOURNIE PAR LA DARPA

Le miroir principal du télescope de surveillance spatiale fait plus de trois mètres et demi de diamètre et est le plus courbé jamais fabriqué.

PHOTO FOURNIE PAR LA DARPA

Après cinq ans de tests à scruter le ciel à partir d'une montagne du Nouveau-Mexique, le télescope a été remis la semaine derrière aux Forces aériennes des États-Unis. Celles-ci comptent déménager le télescope en Australie l'an prochain.