Après une série de reports depuis le 25 novembre, Space Exploration Technologies Corporation (SpaceX) a lancé mardi 3 décembre avec succès un satellite de communications du groupe luxembourgeois SES, le premier pour la société spatiale américaine.

La fusée à deux étages Falcon 9 s'est arrachée de son pas de tir comme prévu depuis la station de l'US Air Force de Cap Canaveral en Floride, à l'ouverture d'une fenêtre de tir de 90 minutes.

Le satellite géostationnaire SES-8 de 100 millions de dollars et de 2,9 tonnes a tout d'abord été placé sur une orbite dite de «parking» en restant attaché au second étage du lanceur.

Arrivé à hauteur de l'équateur, le second étage a rallumé son moteur pour élever avec succès le satellite à son apogée à 80 000 km d'altitude, a confirmé Elon Musk, le PDG de SpaceX sur Twitter.

Ce lancement, effectué avec la version améliorée du Falcon 9, après seulement un vol d'essai en Californie, marque l'entrée de SpaceX sur le marché du lancement des satellites commerciaux, évalué à 190 milliards de dollars, où il pourrait jouer le trouble-fête avec ses prix très concurrentiels.

SES avait conclu ce premier contrat de lancement de ce satellite avec SpaceX en 2011, suivi en 2012 par un second contrat prévoyant la mise sur orbite de trois autres satellites.

Le groupe luxembourgeois, deuxième opérateur mondial de satellites, avait jusqu'à présent recouru exclusivement aux services des fusées européenne Ariane et russe Proton, plus chères que les 55 millions de dollars facturés par SpaceX, selon Martin Halliwell, directeur technologique du groupe SES.

SpaceX dispose d'un carnet de commandes de quatre milliards de dollars, dont 75% de lancements prévus pour des clients commerciaux.

Le satellite fournira des services de télévision, de câble et de bande passante en Asie. Le Falcon 9 a lancé à trois reprises avec succès la capsule Dragon de SpaceX vers la Station spatiale internationale, devenant le premier vaisseau privé à s'amarrer à l'avant-poste orbital dans le cadre d'un contrat avec la Nasa pour acheminer du fret et ramener sur Terre des charges, dont des expériences scientifiques.

Échec du lancement d'un satellite sino-brésilien

Le satellite sino-brésilien de télédétection CBERS-3, lancé lundi en Chine, n'a pas atteint l'orbite prévue, a annoncé l'Institut National de Recherches Spatiales (INPE) du Brésil évoquant un dysfonctionnement lors du lancement.

«À 11H26, heure de Pékin (03h26 GMT), ce lundi, le satellite CBERS-3 développé conjointement par le Brésil et la Chine a été lancé (...) Mais il y a eu une faille dans le fonctionnement du véhicule lanceur pendant le vol et par conséquent le satellite n'a pas été placé sur l'orbite prévue», a indiqué l'INPE (public)dans un communiqué.

«Des évaluations préliminaires suggèrent que le CBERS-3 est revenu sur la planète», précise l'INPE.

Le satellite a été lancé depuis la base de Tayuan, à 760 km au sud-ouest de Pékin.

«Le satellite a mal fonctionné pendant le vol et il n'a pas réussi à entrer en orbite», a expliqué pour sa part l'agence chinoise Xinhua, citant des sources militaires.

L'INPE a indiqué que des «ingénieurs chinois responsables de la construction du véhicule lanceur analysaient les causes du problème et le probable point de chute» du satellite.

Il s'agissait du quatrième satellite d'observation de la terre (CBERS, China-Brazil Earth Resources Satellite, selon son sigle en anglais) conçu par la Chine et le Brésil.

Le troisième de ces satellites était hors service depuis 2010. Il s'agit d'un outil clé pour le Brésil qui l'utilise pour surveiller la déforestation en Amazonie, la plus grande forêt tropicale du monde, et pour administrer l'agriculture et l'élevage de bovins. Ces secteurs font du Brésil un leader de l'exportation de nombreux aliments, comme la viande et le sucre.

Le satellite de télédétection est le fruit d'un accord entre la Chine et le Brésil signé en 1988, qui avait conduit au lancement d'un premier satellite CBERS en 1999, d'un second en 2003 et d'un troisième en 2007. Pour les trois premiers, le Brésil avait participé à hauteur de 30% des pièces détachées et cette fois à 50%.

La Chine et le Brésil ont décidé «d'entamer immédiatement des discussions techniques dans le but d'anticiper l'assemblage et le lancement du CBERS-4», selon l'INPE.

Ce satellite est doté de caméras de plus haute résolution et de plus large amplitude de champ pour offrir des images de tout le territoire du Brésil et de la Chine. Le programme CBERS offre gratuitement les images aux pays et organismes intéressés.

«Cela sera d'une grande utilité pour lutter contre la déforestation en temps réel», avait expliqué récemment José Carlos Epiphanio du CBERS, cité par le quotidien Folha de Sao Paulo.

Le programme spatial brésilien qui dispose d'une base à Alcantara (Maranahao, nord-est) avait déjà accusé un revers en 2003 quand une explosion avait provoqué la mort de 21 spécialistes qui assemblaient la fusée lanceur VSL-1. Le Brésil essaie depuis des années d'avoir son propre lanceur.

Il a noué, outre sa coopération avec la Chine, un autre accord spatial avec l'Ukraine.

Pékin a lancé ce mois-ci une fusée qui transporte un véhicule d'exploration contrôlé à distance dans le but de le faire arriver dans la lune, ce que pour l'instant seuls les États-Unis et la Russie ont réussi à réaliser.