Le Britannique Fraser Stoddart, 74 ans, un des trois co-lauréats du prix Nobel de Chimie 2016, a vivement critiqué mercredi le Brexit, qui va ériger des barrières à l'immigration dommageables pour la recherche scientifique au Royaume-Uni.

«Le Royaume-Uni risque de connaître une période difficile car le Brexit pourrait empêcher un grand nombre de personnes de venir dans le pays, ce qui est mauvais pour la science», qui est par essence «globale», a-t-il dit à l'occasion d'une conférence de presse à l'Université Northwestern, près de Chicago, où il est professeur.

«La science au Royaume-Uni dépend depuis les trente dernières années d'un pool de 500 millions de personnes et de leurs talents», a ajouté le chimiste, soulignant que son groupe de recherche compte des scientifiques venant d'un grand nombre de pays différents, Chine, Inde, Corée du Sud ou Arabie Saoudite notamment.

Il partage le prix Nobel avec le Français Jean-Pierre Sauvage (71 ans) et le Néerlandais Bernard Seringa (65 ans) pour leurs travaux sur de minuscules «machines moléculaires» qui préfigurent les nanorobots du futur.

Le professeur Stoddart a aussi décoché une flèche à Donald Trump, le candidat républicain à la Maison Blanche sans le désigner nommément.

A une question sur le fait de savoir comment il allait utiliser la part de la récompense de huit millions de couronnes suédoises (1,2 millions $ CAN) du Nobel qui lui revient, il a lancé: «Je ne suis pas très intelligent car l'IRS (le fisc américain) va en prendre un tiers».

«Est-ce que tout le monde a bien compris? Je ne suis pas très intelligent», a-t-il ajouté sous les rires et les applaudissements.

Donald Trump refuse de rendre publiques ses déclarations de revenus et a affirmé que le fait de ne pas payer d'impôt montrait qu'il était intelligent.

Le professeur Stoddart, qui a vécu vingt ans aux États-Unis, a expliqué qu'il comptait utiliser ce qui resterait de cet argent du prix Nobel pour aider les autres dans la recherche.

«Ce que je veux faire c'est naturellement aider à mon tour», a-t-il dit. «Une des choses qui porte la recherche académique aux États-Unis c'est la philanthropie».

Il a expliqué avoir reçu l'appel de l'académie suédoise à 4 heures du matin.

«J'ai d'abord cru à un canular mais l'accent suédois en anglais de mon interlocuteur m'a rassuré», a ajouté le professeur Stoddart visiblement très ému.

Il a ensuite appelé ses deux filles, toutes deux détentrices d'un doctorat de chimie.