Les petits du rollier d'Europe, une espèce d'oiseau, vomissent un liquide orange nauséabond lorsqu'ils sont attaqués par un prédateur, ont découvert des biologistes espagnols.

Les oisillons du Coracias garrulus, autrefois appelé «corneille bleue» en raison de ses vives couleurs turquoise, régurgitent ce surprenant répulsif dès qu'ils sont dérangés dans leur nid, indique une étude publiée mercredi dans la revue britannique Biology Letters.

Couverts de ce vomi orangé, les oisillons deviennent nettement moins appétissants pour l'infortuné prédateur. Et surtout, l'odeur alerte les parents de la présence d'une menace dès qu'ils s'approchent du nid, estiment les chercheurs ayant observé ce phénomène.

Les biologistes ont vérifié cette théorie en s'introduisant dans des nids abritant des oisillons âgés de dix jours. A l'aide d'un petit pinceau, ils ont enduit l'intérieur du nid tantôt d'un peu de jus de citron, tantôt d'un peu de vomi. Seuls les parents rolliers s'approchant d'un nid badigeonné de vomi adoptaient un comportement d'alerte, repoussant le moment où ils pénétraient à l'intérieur.

D'autres recherches menées sur les oiseaux avaient montré leur capacité à élaborer des mécanismes de défense des plus ingénieux. Par exemple, le Fulmar boréal (Fulmarus glacialis), un oiseau marin, régurgite ses «huiles gastriques» sur les intrus pour faire perdre à leur plumage leur imperméabilité.

De leur côté, deux espèces de canard, l'eider à duvet (Somateria mollissima) et le canard pilet (Anas acuta), sont capables d'asperger leurs oeufs d'excréments pour dissuader certains mammifères de s'en repaître.

Néanmoins, le rollier d'Europe semble être le premier oiseau à utiliser une odeur comme moyen de communication en réponse à une menace extérieure, estime l'étude, dirigée par Deseada Parejo de l'Estacio Experimental de Zonas Aridas.

Il rejoindrait ainsi les rangs de nombreuses autres espèces animales, des insectes aux humains, qui ont recours à «l'odeur de la peur» pour prévenir leurs congénères d'une attaque.