Des propriétaires nous ouvrent les portes de leur demeure d’exception, offerte sur le marché de la revente.

Avec une forte dose d’imagination et de bon goût, un couple a réussi à actualiser une vénérable maison de Notre-Dame-de-Grâce sans lui faire perdre son charme d’avant-guerre.

Ce quartier montréalais très prisé est reconnu pour ses belles résidences jumelées ou en rangée. La plupart d’entre elles ont été construites en série au tournant du XXe siècle, sur des terres agricoles, par une classe moyenne canadienne-française alors en pleine ascension sociale.

De style géorgien, la maison de Karine Chevrette et de Bruno Mäder a été construite en 1916 pour un entrepreneur de l’époque. Ce dernier l’a rapidement vendue à un couple d’enseignants qui l’ont possédée pendant des décennies avant de la céder à leur fils.

« Il a pratiquement vécu toute sa vie dans cette maison, raconte M. Mäder. Quand il était enfant, il dormait à l’arrière dans une chambre près de la cuisine, destinée à l’origine à une domestique. Pendant et après la Seconde Guerre mondiale, ses parents louaient les chambres de l’étage à des réfugiés. Des Ukrainiens, notamment. »

Comme la maison n’a pratiquement jamais changé de mains pendant près d’un siècle, elle avait conservé en grande partie son apparence d’origine lorsque M. Mäder en a fait l’acquisition en 2007. « Il n’y avait pas beaucoup de couches de peinture différentes sur les murs », glisse-t-il.

Les divisions intérieures, aussi inchangées, reflétaient toujours l’organisation sociale de l’époque. Un escalier de service avait été aménagé à l’intention d’une éventuelle domestique.

  • La maison était dotée de commodités modernes pour l’époque de sa construction, comme une chute à linge.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    La maison était dotée de commodités modernes pour l’époque de sa construction, comme une chute à linge.

  • La porte du frigo naturel, au sous-sol

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    La porte du frigo naturel, au sous-sol

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« Il y avait même encore le tableau d’appel dans la cuisine et des boutons-poussoirs dans chaque pièce. Une cloche sonnait et une lumière correspondant à la pièce s’allumait pour appeler la domestique », s’étonne encore Bruno Mäder en pointant le commutateur toujours encastré dans une moulure du salon.

La maison a été bâtie selon des techniques de construction avancées, par exemple des fondations de béton et une poutre transversale en acier. Elle était pourvue de commodités modernes pour l’époque, comme un aspirateur central, une chute à linge et un frigo naturel au sous-sol.

« Sa porte est digne d’une boucherie », fait remarquer M. Mäder en faisant pivoter sans difficulté le lourd battant sur ses gonds.

Le garage indépendant, à l’arrière, est aussi conçu pour résister à l’usure du temps. « Il est complètement fait en béton, même son toit. C’est un bunker ! », s’exclame Bruno Mäder.

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Ne pas dénaturer le charme d’époque de la maison a été un souci des propriétaires.

Respect

Dans un cadre accroché au rez-de-chaussée, on peut lire la description dactylographiée de la maison, sans doute publiée à sa toute première mise en vente. La simple mise en valeur de ce document témoigne de l’amour de Karine Chevrette et de Bruno Mäder pour l’histoire de leur maison centenaire.

Soucieux d’en respecter l’âme, le couple a limité les transformations au minimum.

Les plafonds à caissons, les panneaux muraux en acajou, les planchers de bois franc, les distinguées portes intérieures à imposte et les larges boiseries ont été préservés – et même reproduites dans certains cas – avec un soin jaloux. Même la belle couleur crème des murs en plâtre de Paris a été conservée.

Le perçage des cloisons a été fait avec le même souci de ne pas altérer l’esprit de la maison.

« Le rez-de-chaussée était divisé en petites pièces : un salon, une pièce à musique et une salle à manger », explique M. Mäder devant une grande pièce remplie de soleil. « Nous avons abattu une première cloison et nous avons percé une grande ouverture dans la seconde. L’esprit de chaque pièce demeure, mais bonifié par l’ajout de la lumière. »

Avec l’idée de conjuguer le passé et le présent, la cuisine de style campagnard a été reconstruite en y ajoutant l’espace de la chambre de la domestique. « Nous sommes des épicuriens, et nos quatre enfants le sont aussi. Nous aimons découvrir de nouvelles recettes et faire nos propres marinades. Nous avions besoin d’une cuisine fonctionnelle », affirme Bruno Mäder.

Signe des temps, l’escalier de la domestique a disparu au profit d’une salle d’eau.

Espace parental

Le couple Chevrette-Mäder a installé ses quartiers dans l’ancien salon de l’étage, devenu la chambre principale. Il a converti une pièce adjacente en salle de bains et en pièce-penderie. « C’est notre espace parental », indique Mme Chevrette en souriant. Le foyer au bois, au pied du lit, est un vestige de la fonction première de la pièce.

« Il est fonctionnel et conforme à la réglementation municipale. Comme ceux du rez-de-chaussée et du sous-sol », précise M. Mäder.

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Le balcon avant donne sur les courts du club de tennis de Westmount.

Le balcon avant donne sur les courts du club de tennis de Westmount où, tradition oblige, tous les membres doivent toujours s’habiller de blanc pour pouvoir y pratiquer leur sport favori. Une terrasse pourrait aussi être aménagée sur le toit, accessible directement par un escalier intérieur.

Les trois autres chambres de l’étage, peu meublées, expliquent les raisons de la vente. « Maintenant que les enfants sont partis, la maison est devenue trop grande juste pour nous deux », souligne Karine Chevrette.

Une cinquième chambre a été aménagée au sous-sol. Son occupant profite d’un salon adjacent et d’une entrée indépendante. « Bien des fêtes ont eu lieu ici », glisse M. Mäder avec un air complice, teinté de nostalgie, vers sa conjointe. « Mais la vie avance. Il nous faut d’autres projets. »

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La propriété en bref

Prix demandé : 2 395 000 $

Évaluation municipale : 1 951 400 $

Année de construction : 1916

Aire habitable : 246,3 m⁠2 (sous-sol exclu)

Taille du terrain : 306,58 m⁠2

Impôt foncier : 11 714 $

Taxe scolaire : 1420 $

Coûts en énergie : 5500 $ (chauffage du spa inclus)