Le moment où notre enfant, maintenant jeune adulte, quitte le nid est rempli de contradictions parentales : joie et peine de le voir prendre son envol, sérénité et angoisse face à ce nouveau chapitre. Comment l’accompagner de façon éclairée… sans l’étouffer ?

« Je les ai élevés pour les rendre autonomes. C’est le cycle de la vie ! »

Valérie Morrissette, une quadragénaire de Saint-Hubert, a vu sa fille de 24 ans quitter le foyer familial récemment – et c’est maintenant au tour de son garçon de 20 ans.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Valérie Morisette se prépare à voir son fils de 20 ans partir de la maison.

Mère de famille monoparentale et « maman poule », selon ses propres dires, elle jette un regard à la fois fier et triste sur ces départs. « J’ai un sens de la famille développé, confie-t-elle. J’ai une boule dans la gorge quand j’y pense, mais je suis contente de leur avoir montré à se débrouiller, entre autres du côté des habiletés manuelles. »

En mesure de faire elle-même tous les petits travaux dans sa maison, Mme Morrissette a transmis ses connaissances à ses enfants. « Avec les bons outils en main, ils peuvent tout faire, dit-elle. Cela leur évite des frais, en plus d’assurer la qualité. »

Gestion du stress

Pour certains parents, l’enfant qui commence à marcher ou qui commence l’école traverse LA phase de développement stressante ; pour d’autres, c’est l’adolescence, avec la volonté irrépressible de gagner en indépendance et de découvrir le monde.

Et pour d’autres encore, c’est le déménagement hors du nid. Mathias*, 28 ans, se souvient de l’anxiété débordante de sa mère au moment de déménager. C’était il y a cinq ans. « Son stress m’a stressé, lance-t-il. Aujourd’hui, on en rit, mais à ce moment-là, je l’ai trouvée intense. C’est moi qui devais la rassurer. »

Selon la psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier, le parent doit accompagner et soutenir son enfant sans le brimer. L’objectif est d’écouter et de montrer sa disponibilité, tout en respectant l’espace du jeune. « Généralement, si notre enfant a pris cette décision, ça veut dire qu’il est prêt à l’assumer », souligne-t-elle.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

La psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier

À ne pas oublier : notre enfant est en perte de repères. Il est appelé à se construire une nouvelle routine. En ce sens, lui proposer de visiter le quartier à pied avec lui, question de trouver l’épicerie, la pharmacie, le parc, etc., peut être une étape utile et rassurante.

Geneviève Beaulieu-Pelletier, psychologue

« On peut aussi le guider dans sa préparation à cette nouvelle vie, indique la professeure au département de psychologie de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Par exemple, l’aider dans ses finances, dans sa planification de repas et dans la gestion de son horaire. Il vivra peut-être des moments de solitude pour la première fois de sa vie… »

Compte à rebours

Savoir gérer un budget est indispensable, confirme Elizabeth Alescio, organisatrice professionnelle. Connaît-il ses dépenses courantes ? Sait-il comment faire un chèque ? Toutes les démarches administratives liées au déménagement, comme prendre une assurance habitation et procéder au transfert d’adresse, sont de nouveaux réflexes à acquérir.

PHOTO FOURNIE PAR ELIZABETH ALESCIO

Elizabeth Alescio est organisatrice professionnelle

« L’application MovingWaldo est super pratique, dit celle qui est à la tête de Mlle Range-Tout, une entreprise spécialisée en rangement et en optimisation d’espaces. Elle permet de faire tous les changements d’adresse en un clic. »

Elle recommande de commencer une liste sous forme de compte à rebours. En partant du jour J du déménagement, on recule dans le temps (jusqu’à trois mois avant la date butoir) pour planifier et prévoir toutes les tâches à faire.

Au moment de faire les boîtes, elle conseille d’utiliser un code de couleur (vert dans la salle de bains, jaune dans la cuisine, etc.), en plus de détailler le contenu de chaque boîte.

Meubles et première épicerie

Et pour l’achat de meubles et ce qu’on appelle le « trousseau de départ » ?

Mathias a profité de son cercle familial pour faire un appel à tous : « Ma tante m’a donné de la vaisselle, un ami de mon père m’a fourni des tablettes et des crochets dont il ne se servait plus et ma mère m’a acheté un rideau de douche et un tapis. »

Valérie Morrissette aime scruter les sites de revente, comme Kijiji et Marketplace. Évidemment, suivre les soldes en pharmacie et en épicerie, entre autres pour la première épicerie, est un bon truc pour économiser. « On trouve aussi pas mal de trucs de base chez Dollarama, glisse-t-elle, la moutarde, le ketchup, le sel et le poivre, des épices, des débarbouillettes, des ustensiles… »

Pour l’organisatrice Elizabeth Alescio, IKEA et Walmart sont de bonnes adresses de départ pour meubler un appartement. « Structube peut aussi proposer des trucs pas trop dispendieux », indique-t-elle en ajoutant qu’il ne faut pas oublier de calculer le temps de livraison et d’assemblage.

L’erreur la plus fréquente ? Désirer optimiser ses espaces de rangement sans prendre des mesures au préalable. « Il vaut mieux utiliser l’espace un peu. »

*Mathias a préféré témoigner sous le couvert de l’anonymat, craignant de froisser ses proches.