Les États-Unis « examinent » la réponse du Hamas à un plan de cessez-le-feu dans la bande de Gaza promu cette semaine au Moyen-Orient par son chef de la diplomatie Antony Blinken sur fond de frappes israéliennes incessantes dans le territoire palestinien.

Et cette réponse, dont le contenu n’a pas été annoncé, donne lieu à différentes interprétations, des médias israéliens et le site américain Axios affirmant que le mouvement palestinien avaient rejeté le plan.

Ce qui a poussé un dirigeant du Hamas, Izzat al-Rishq, a publier un bref communiqué pour affirmer que la réponse était à la fois « responsable, sérieuse et positive » et qu’elle « ouvrait la voie à un accord ».

« Les allégations de médias israéliens quant à la réponse du Hamas témoignent de tentatives visant à soustraire Israël aux obligations de l’accord », a-t-il écrit en arabe, suggérant par là que ces indications de presse permettaient à Israël de poursuivre ses frappes.

En tournée au Moyen-Orient, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a souligné que le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou lui avait « réaffirmé son engagement » pour le plan annoncé par le président américain fin mai et adopté lundi par le Conseil de sécurité de l’ONU.

PHOTO ALAA AL SUKHNI, ASSOCIATED PRESS

Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken

Ce plan prévoit, dans une première phase, un cessez-le-feu de six semaines accompagné d’un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, de la libération de certains otages et de prisonniers palestiniens détenus par Israël.

« Signe encourageant »

M. Blinken a aussi qualifié de « signe encourageant » la réaction du mouvement islamiste palestinien Hamas, qui avait dit accueillir « favorablement » un certain nombre d’éléments de la résolution américaine, avant de donner sa réponse officielle mardi soir.

Dans un communiqué conjoint avec le Djihad islamique, second mouvement islamiste armé palestinien, le Hamas a donné sa réponse aux médiateurs du Qatar et de l’Égypte en appelant à un « arrêt total de l’agression » à Gaza.

La réponse contient des « amendements » à la proposition annoncée par Joe Biden, « notamment un calendrier pour un cessez-le-feu permanent et le retrait total des troupes israéliennes de la bande de Gaza », a indiqué une source au fait des discussions.

Un porte-parole de la Maison-Blanche, John Kirby, a indiqué que les États-Unis étaient en train « d’examiner » cette réponse. « Je ne vais pas fournir de contexte ou de détails sur la réponse qui vient d’arriver et que notre équipe est en train d’évaluer, tout comme nos amis du Qatar et de l’Égypte », a-t-il ajouté.

« L’horreur doit cesser », a lancé le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui participait mardi en Jordanie à une conférence internationale visant à mobiliser des fonds pour l’aide humanitaire dans le territoire assiégé, privé d’eau et d’électricité, où l’ONU s’inquiète des risques de famine.

« Il est grand temps d’instaurer un cessez-le-feu et de libérer les otages sans conditions », a-t-il ajouté, en appelant « toutes les parties à saisir l’occasion » fournie par la nouvelle feuille de route américaine.

« Achevé une opération »

Pendant ce temps, des frappes israéliennes continuent de viser tôt mercredi différents secteurs de la bande de Gaza, après des bombardements meurtriers mardi dans le centre du territoire où l’armée israélienne dit avoir « achevé une opération » dans l’est de Deir al-Balah et l’est d’al-Boureij.

En Cisjordanie occupée, le ministère local de la Santé et le Croissant-Rouge palestinien ont annoncé que six Palestiniens avaient été tuées mardi lors d’un raid de l’armée israélienne dans un village situé près de la ville de Jénine, un bastion des factions palestiniennes. Le Hamas a d’ailleurs dit « pleurer » les « martyrs » de Jénine.

PHOTO BASHAR TALEB, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des enfants palestiniens se rassemblent à l’intérieur d’une tente dans un camp pour personnes déplacées à Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 11 juin 2024.

Au Liban, un important commandant militaire du Hezbollah, Taleb Sami Abdallah, a été tué mardi soir dans une frappe israélienne dans le sud du pays, a annoncé le mouvement chiite libanais allié du Hamas.

Selon une source militaire libanaise, la frappe aérienne a causé la mort de trois personnes en plus du commandant, qui est « le plus important du Hezbollah à être tué » depuis « le début de la guerre », les échanges de tirs étant quasi-quotidiens à la frontière Israël-Liban depuis le 7 octobre.

Impact psychologique

La guerre dans la bande de Gaza a été déclenchée ce jour-là par une attaque sans précédent du Hamas dans le sud d’Israël, qui a entraîné la mort de 1194 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Quelque 251  personnes ont été enlevées et 116 sont toujours retenues à Gaza, dont 41 sont mortes, selon l’armée israélienne.

En riposte, Israël, qui s’est juré d’anéantir le Hamas, mouvement au pouvoir à Gaza depuis 2007 qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les États-Unis et l’Union européenne, a lancé une offensive sur Gaza qui a fait au moins 37 164  morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement local dirigé par le Hamas.

En Jordanie, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déclaré qu’au moins 1,7 million de personnes, sur les quelque 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza ont été déplacées à plusieurs reprises par les opérations militaires israéliennes en huit mois de guerre.

Il a également déploré l’impact psychologique de la guerre, notamment sur les enfants, et affirmé qu’environ 60 % des bâtiments résidentiels et au moins 80 % des installations commerciales ont été endommagés par les bombardements israéliens.

Les violences contre les enfants lors des conflits ont atteint des « niveaux extrêmes » en 2023, particulièrement à Gaza et au Soudan, selon un rapport de l’ONU consulté par l’AFP mardi, qui inscrit les armées israélienne et soudanaise sur sa « liste de la honte ».