(Téhéran) En faisant défiler soldats, missiles et drones pour la « Journée de l’armée », l’Iran a voulu montrer mercredi qu’il était « prêt » à faire face à une éventuelle riposte d’Israël en réponse à son attaque sans précédent ayant visé le territoire israélien.

Cette célébration annuelle des forces armées a donné l’occasion au président iranien Ebrahim Raïssi de lancer de nouvelles menaces à Israël, ennemi juré de la République islamique.  

« Si la moindre agression était perpétrée par le régime sioniste contre notre sol, cela conduirait à une riposte féroce et sévère », a-t-il déclaré en s’adressant à la hiérarchie militaire après le défilé sur une base proche de Téhéran.

Israël a annoncé sa détermination à faire payer à l’Iran le prix de son attaque menée dans la nuit de samedi à dimanche, même si la quasi-totalité des 350 drones et missiles ont été interceptés avec l’aide des États-Unis et d’autres pays alliés.

« Cette opération a montré que nos forces armées étaient prêtes », a affirmé M. Raïssi. Elle a aussi « fait vaciller la gloire du régime sioniste », a-t-il ajouté, en faisant référence à Israël, un pays que l’Iran ne reconnaît pas et dont il souhaite la disparition.

PHOTO ATTA KENARE, AGENCE FRANCE-PRESSE

Téhéran, le 17 avril 2024

Le président iranien a de nouveau insisté sur le fait que l’attaque du week-end avait été « précise et mesurée » pour répondre à la frappe, imputée à Israël, contre son consulat à Damas le 1er avril qui avait tué sept militaires iraniens, sur fond de tension régionale avec la guerre dans la bande de Gaza.

Comme les années précédentes, la cérémonie militaire a offert l’occasion aux forces armées iraniennes de montrer l’étendue de leurs équipements terrestres et aériens.  

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Téhéran, le 17 avril 2024

Ont ainsi défilé différents types de drones, comme les Mohajer, Ababil et Arash, ou les systèmes de missiles sol-air Dezfoul et S-300, ce dernier ayant été fourni par la Russie. De nombreux véhicules militaires, dont le char de combat Tiam, ont roulé devant les troupes de l’armée régulière et du Corps des Gardiens de la révolution (CGRI), l’armée idéologique de la République islamique.

« Nous sommes prêts à 100 % […] qu’il s’agisse de la couverture aérienne ou des bombardiers, et nous sommes prêts à frapper des cibles, notamment avec les (jets russes) Sukhoi 24 », a affirmé le chef de l’Armée de l’air, le général Hamid Vahedi, cité par l’agence ISNA.

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Téhéran, le 17 avril 2024

« Humiliés »

Dans son discours, M. Raïssi a de nouveau critiqué les pays qui « ont cherché à normaliser leurs relations avec le régime sioniste ».  

« Ils sont désormais humiliés devant leur propre peuple, ce qui constitue un échec stratégique pour le régime » israélien, a-t-il ajouté, sans citer de noms de pays.

Négociés par les États-Unis, les accords d’Abraham signés en 2020 ont permis à Israël de normaliser ses liens avec Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Maroc, après avoir signé la paix avec l’Égypte et la Jordanie en 1979 et en 1994.

À la suite de l’attaque du week-end, les États-Unis ont annoncé mardi qu’ils allaient imposer « dans les prochains jours, de nouvelles sanctions visant l’Iran, dont ses programmes de drones et missiles », son corps des Gardiens de la révolution et son ministère de la Défense.

Le ministre britannique des Affaires étrangères David Cameron a souhaité mercredi que les pays du G7 imposent des « sanctions coordonnées » contre l’Iran.

Dans le centre de Téhéran, où l’activité était normale, certains habitants expriment leur inquiétude et leur fatalisme dans l’attente d’une éventuelle riposte israélienne, tandis que d’autres disent ne pas se soucier de la guerre.

« Nous sommes musulmans et nous ne nous soucions pas de la guerre parce que nous croyons que si Dieu veut qu’il y en ait une, nous survivrons », a témoigné Fereshteh, une enseignante, interrogée sur l’une des grandes places de la ville, où ont été suspendues de grandes bannières colorées célébrant l’attaque contre Israël.

De son côté, Hossein, un avocat de 50 ans, a affirmé que ses concitoyens étaient « prêts à tout affronter » quand il s’agissait « de défendre la patrie ». « Notre pays est confronté à des sanctions économiques et de nombreuses personnes sont en difficulté, mais la défense de notre pays est plus forte que n’importe quel obstacle », a-t-il indiqué à l’AFP.