(Beyrouth) Au moins 20 personnes ont été tuées dimanche lorsque des individus armés ont pris d’assaut une localité de la province méridionale de Deraa en Syrie, a annoncé une ONG, au lendemain de la mort d’un groupe d’enfants dans une explosion.

Le groupe qui a mené l’assaut sanglant est dirigé par un ancien membre de l’organisation djihadiste État islamique (EI), a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

L’ONG ajoute qu’aucun groupe local ne s’est interposé, l’ancien membre de l’EI étant désormais « affilié à la branche du renseignement militaire » du gouvernement de Damas et proche du responsable de cette branche à Deraa.

Deraa a été le berceau du soulèvement de 2011 contre le président Bachar al-Assad, mais elle est revenue sous le contrôle de Damas en 2018 dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu soutenu par la Russie.

Depuis lors, la province est en proie à une vague d’homicides, d’affrontements et les conditions de vie sont précaires.

Selon l’OSDH, un individu identifié comme Ahmad al-Labbad, qui « dirige un groupe armé », a été accusé par un groupe rival d’avoir posé un engin explosif qui a explosé samedi à Sanamayn, dans la province de Deraa, tuant huit enfants.

Ahmad al-Labbad, qui travaillait auparavant pour la Sûreté d’État, a nié ces accusations, d’après l’ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie.

Dimanche, ce groupe rival a pris d’assaut le quartier où réside Ahmad al-Labbad à Sanamayn, déclenchant des affrontements avec son groupe, a indiqué l’OSDH.

Corps mutilés

Le groupe dirigé par l’ancien membre de l’EI a notamment attaqué et incendié les maisons de la famille Labbad, arrêté les personnes y vivant avant de les exécuter en public et de mutiler leurs corps, scandant, en même temps, des slogans religieux, selon l’OSDH.

La plupart des victimes sont des combattants du groupe d’al-Labbad, dont 14 ont péri dans l’assaut, mais aussi une femme et deux enfants de la famille Labbad, d’après la même source qui a ajouté que deux autres civils ont également péri

Du côté des assaillants, un ancien membre de l’EI a été tué, selon l’OSDH qui avait fait état de 17 morts dans un bilan précédent.

Les médias d’État syriens n’ont, eux, pas fait état de violences dans l’immédiat.

L’agence de presse officielle Sana, citant une source policière, avait fourni un bilan différent pour l’explosion de samedi qu’elle a imputé à des « terroristes », affirmant que sept enfants avaient été tués.

Des attentats, affrontements armés et assassinats de loyalistes, d’anciens opposants ou de civils travaillant pour le gouvernement ont régulièrement lieu à Deraa, où l’EI revendique des attaques.  

Les anciens rebelles qui ont accepté un accord parrainé par la Russie, principal allié de Damas, ont pu y garder leurs armes légères.

Fin janvier, huit combattants affiliés à l’EI avaient été tués lors d’affrontements avec des factions locales, selon l’OSDH.

Déclenchée en 2011, la guerre en Syrie a fait plus de 507 000 morts et déplacé des millions de personnes.