L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens a annoncé mercredi que l’un de ses entrepôts dans la bande de Gaza avait été touché par une frappe qui a fait au moins un mort, au moment où les efforts s’accélèrent pour acheminer de la nourriture vers le territoire palestinien assiégé.

Après plus de cinq mois de guerre entre Israël et le Hamas, l’ONU craint une famine généralisée dans la bande de Gaza, où des dizaines de milliers de personnes ont déjà été tuées tandis que les bombardements israéliens se poursuivent sans répit.

Mercredi, l’UNRWA, l’agence de l’ONU chargée de l’aide aux réfugiés palestiniens, a annoncé qu’un de ses entrepôts à Rafah, dans le sud de Gaza, avait été touché par une frappe israélienne qui a tué au moins un de ses employés et en a blessé 22.  

Le ministère de la Santé du Hamas a fait état de quatre morts.

L’armée israélienne a annoncé de son côté avoir « éliminé un terroriste » du Hamas dans une frappe ciblée à Rafah. Cet homme, Mohammad Abou Hasna, figure aussi parmi les quatre morts recensés par le mouvement islamiste qui le présente comme un responsable de sa police chargé de la sécurité de l’entrepôt.

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Un homme montre des pièces métalliques près d’un trou au sol dans un entrepôt de l’UNRWA à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, qui a été partiellement touché par une frappe le 13 mars 2024.

Les tensions sont au plus haut entre l’UNRWA et Israël depuis que les autorités israéliennes ont accusé fin janvier 12 employés de l’agence d’être impliqués dans l’attaque menée le 7 octobre par le Hamas contre Israël, à l’origine de la guerre.    

« L’attaque d’aujourd’hui sur l’un des rares centres de distribution de l’UNRWA encore opérationnels dans la bande de Gaza intervient au moment où la malnutrition, voire la famine dans certaines zones, s’étend », a souligné le commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini.

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Des employés de l’ONU sont photographiés dans un entrepôt/centre de distribution de l’UNRWA à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, qui a été partiellement touché par une attaque le 13 mars 2024.

« Menace constante »

« Comment pourrons-nous poursuivre nos opérations d’aide quand nos équipes et nos entrepôts se trouvent constamment menacés ? », a réagi le chef du bureau des opérations humanitaires de l’ONU (OCHA), Martin Griffiths.

Face à l’urgence humanitaire, plusieurs pays ont décidé de diversifier les voies d’acheminement de l’aide à la population, via des parachutages ou un couloir maritime depuis Chypre.

L’aide par voie terrestre n’entre en effet qu’au compte-gouttes dans la bande de Gaza, principalement depuis l’Égypte, soumise au contrôle d’Israël qui a imposé un siège total au territoire depuis le début de la guerre.

« Le fait d’affamer la population est utilisé comme une arme de guerre », a affirmé mardi le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell.  

Un premier bateau chargé de 200 tonnes de vivres a quitté mardi Chypre pour Gaza. Ce bateau de l’ONG espagnole Open Arms, qui remorque une barge, faisait route mercredi dans la Méditerranée à une allure très réduite.

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Une femme marche près d’immeubles détruits après des frappes à Khan Younès.

Un deuxième bateau prêt

Chypre, distante d’environ 370 kilomètres du territoire palestinien, a annoncé qu’un deuxième bateau était prêt à partir avec une cargaison plus importante.

Quatre bateaux de l’armée américaine ont également quitté les États-Unis avec une centaine de soldats et l’équipement nécessaire à la construction d’une jetée et d’un quai à Gaza pour débarquer l’aide d’humanitaire. Le voyage doit prendre 30 jours environ et l’installation sera prête « d’ici 60 jours », selon les autorités américaines.

Depuis une dizaine de jours, plusieurs pays arabes et occidentaux, dont les États-Unis, parachutent quotidiennement des repas et des cargaisons d’aide médicale sur Gaza, en particulier sur le nord, isolé du reste du territoire.

Mais l’ONU répète que les envois par mer ou les parachutages ne peuvent se substituer à la voie terrestre.

« Le largage aérien, la construction d’un port, sont des signes d’impuissance et de faiblesse de la part de la communauté internationale », a affirmé mercredi la secrétaire générale d’Amnistie internationale, Agnès Callamard.

L’armée israélienne a elle autorisé mardi, pour la première fois, l’entrée de six camions du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies directement dans le nord de Gaza.

Le PAM estime qu’il faudrait 300 camions par jour pour répondre aux besoins immenses des quelque 2,4 millions d’habitants du territoire.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël, qui a fait au moins 1160 morts, la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de source officielle israéliennes.

En représailles, Israël a promis d’anéantir le mouvement islamiste, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les États-Unis et l’Union européenne.

Son armée a lancé une offensive qui a fait 31 272 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas, qui a fait état mercredi de 88 morts en 24 heures.

Jeûne forcé

Afin de vaincre définitivement le Hamas, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a annoncé une prochaine offensive terrestre sur Rafah, une ville collée contre la frontière fermée avec l’Égypte, où sont massés, selon l’ONU, environ un million et demi de Palestiniens.  

Une telle perspective inquiète la communauté internationale, à commencer par les États-Unis, principal allié d’Israël qui a haussé le ton ces dernières semaines.

Israël doit faire de la protection des civils et de l’aide humanitaire à Gaza sa priorité « numéro un », a déclaré mercredi le secrétaire d’État américain Antony Blinken.

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Selon le ministère de la Santé du Hamas, au moins 27 personnes sont déjà mortes à Gaza de malnutrition et de déshydratation.

Face à l’intransigeance des deux protagonistes de la guerre, les États-Unis, le Qatar et l’Égypte, les trois pays médiateurs, ne sont pas parvenus à arracher un accord de trêve accompagné d’une libération des otages retenus à Gaza, qu’ils avaient espéré avant le début lundi du ramadan.

Selon Israël, 130 otages se trouvent encore à Gaza, dont 32 seraient morts, sur environ 250 personnes enlevées le 7 octobre.

« Nous ne sommes pas près d’un accord », a reconnu mardi le Qatar.

« À présent, avec le ramadan, rien n’a changé dans notre quotidien. Nous jeûnons contre notre volonté depuis deux mois ou plus », a confié Fahd al-Ghoul, un homme de 50 ans qui habite le camp de Jabaliya, dans le nord de Gaza.