Au vu des attaques de cette semaine contre un camp de réfugiés densément peuplé du nord de la bande Gaza, des experts mandatés par l’ONU croient que le peuple palestinien « court un risque grave de génocide ». Ils dénoncent Israël, mais ils montrent aussi du doigt leurs alliés.

Ce qu’il faut savoir

  • Des experts mandatés par l’ONU estiment que le peuple palestinien court « un grave risque de génocide ».
  • « L’encerclement de la ville de Gaza » est achevé, a dit Israël.
  • Il y a escalade entre le Hezbollah et l’État hébreu, qui échangent des tirs à la frontière avec le Liban.
  • Ottawa attend le feu vert d’Israël pour que puissent être évacués les ressortissants canadiens.

Il y a une « violation flagrante du droit international », possiblement des crimes de guerre, ont estimé ces experts en référence aux attaques du camp de Jabaliya qui ont pu à leur avis faire des centaines de morts et de blessés palestiniens.

« Les alliés d’Israël portent également une responsabilité et doivent agir maintenant pour l’empêcher de prendre cette voie désastreuse », ont déclaré ces experts mandatés par l’ONU, dont la rapporteuse spéciale sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967.

« Attaquer un camp abritant des civils, dont des femmes et des enfants, constitue une violation totale des règles de proportionnalité et de distinction entre combattants et civils », peut-on encore lire dans le communiqué publié par ces experts, qui rappellent aux parties leurs obligations face au droit international humanitaire.

PHOTO MAHMUD HAMS, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des Palestiniens se massent devant une boulangerie partiellement détruite par une frappe israélienne, dans le camp de réfugiés de Nuseirat.

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Des Palestiniens se massent devant une boulangerie partiellement détruite par une frappe israélienne, dans le camp de réfugiés de Nuseirat.

Avant de s’envoler pour Israël, Antony Blinken, le secrétaire d’État américain, a indiqué jeudi qu’il allait réclamer du gouvernement Nétanyahou « des mesures concrètes » pour épargner les civils.

Gaza encerclée

L’État hébreu a annoncé jeudi soir avoir achevé « l’encerclement de la ville de Gaza » une semaine après le début de son offensive terrestre.

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Volée de roquettes israéliennes tombant sur la bande de Gaza

Le chef d’état-major de l’armée israélienne, le général Herzi Halevi, a déclaré que les soldats « s’infiltraient de plus en plus profondément » dans les secteurs tenus par le Hamas et se battaient « face à face avec un ennemi brutal ».

Un cessez-le-feu n’est pas sur la table.

Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne

Dans un enregistrement diffusé par les médias du Hamas, le porte-parole des Brigades al-Qassam a dit que « Gaza constituera une malédiction pour Israël », ajoutant à l’adresse des Israéliens qu’ils devaient s’attendre au « retour de davantage de [leurs] soldats dans des sacs noirs ».

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Aperçu de la destruction dans le camp de Boureij après les frappes israéliennes

Israël et le Hezbollah ont aussi échangé des tirs au cours de la journée. Le mouvement libanais a affirmé en début de soirée avoir attaqué « 19 positions et sites militaires israéliens ». De son côté, Israël affirme avoir touché des cibles appartenant au Hezbollah, sans les chiffrer.

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, prononcera un discours ce vendredi.

Sauve-qui-peut des Occidentaux toujours dans Gaza

Ottawa s’affairait toujours jeudi à tenter de faire sortir les quelque 440 titulaires de passeports canadiens toujours coincés dans la bande de Gaza.

« Au cours des prochains jours, j’ai bon espoir que les Canadiens vont sortir », a dit en entrevue à La Presse jeudi la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly.

Tout le monde est prêt. On attend juste l’autorisation du côté israélien.

Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères

De son côté, le gouvernement américain a réussi à faire sortir 74 de ses ressortissants.

L’Égypte, d’où sont faites les évacuations, a indiqué qu’elle aiderait 7000 étrangers à sortir de la bande de Gaza, à un rythme de 1000 par jour. Jeudi, 344 étrangers, dont 72 enfants, ont pu gagner l’Égypte. Le pays a aussi admis 21 autres Palestiniens blessés, qui reçoivent des soins dans les hôpitaux du pays.

PHOTO MOHAMMED ABED, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des agents contrôlent les papiers de civils souhaitant quitter la bande de Gaza, au poste-frontière de Rafah.

Le Croissant-Rouge palestinien a quant à lui annoncé avoir reçu au terminal de Rafah 102 camions d’aide humanitaire chargés « de provisions comme de la nourriture, de l’eau, des trousses de secours, des médicaments et du matériel médical ».

Les scénarios d’Israël divulgués, des critiques de toutes parts

Le quotidien Times of Israel a par ailleurs obtenu un document de travail daté du 13 octobre du ministère du Renseignement israélien qui avance ses scénarios. L’un de ceux-là prévoit de transférer les Gazaouis dans le Sinaï égyptien, d’abord dans des villes constituées de tentes, puis dans des villes permanentes.

Israël continue d’être la cible de critiques de toutes parts. À Ottawa, au moins 50 députés ont pris position publiquement pour presser le gouvernement Trudeau d’exiger la fin des hostilités.

La ministre Mélanie Joly a répondu qu’« un cessez-le-feu, ça arrive quand deux parties, normalement des États, négocient et arrivent à une entente. La difficulté qu’on a, présentement, c’est qu’on a un État et une organisation terroriste ».

À Paris, selon l’estimation des policiers, quelque 2000 personnes ont pris part à une manifestation pour réclamer elles aussi « l’arrêt du massacre à Gaza » et « un cessez-le-feu immédiat ».

Avec l’Agence France-Presse et Mélanie Marquis, La Presse

Israël renvoie les travailleurs gazaouis

Israël a annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi renvoyer à Gaza tous les travailleurs gazaouis bloqués dans son territoire depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre, et « couper tous les liens » avec l’enclave contrôlée par l’organisation islamiste. De façon générale, « Israël coupe tous les liens avec Gaza, il n’y aura plus de travailleurs palestiniens de Gaza », a souligné le cabinet de sécurité israélien dans un communiqué. Quelque 18 500 Gazaouis bénéficiaient d’un permis de travail en Israël au moment du déclenchement de la guerre, selon le Cogat, l’organe du ministère israélien de la Défense supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens. Contacté par l’AFP, le Cogat n’a pas immédiatement fourni le nombre de travailleurs gazaouis qui se trouvaient en Israël au moment du début du conflit. Ce chiffre a été évalué à jusqu’à 4000 personnes par des médias israéliens.

Agence France-Presse