(Huwara) Un Israélien a été grièvement blessé par balles dimanche en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël, au moment où l’Égypte accueille des pourparlers pour tenter d’atténuer les tensions entre Israéliens et Palestiniens, après une centaine de morts depuis le début de l’année.

Réunis dans la station balnéaire de Charm el-Cheikh, des responsables politiques et militaires israéliens, palestiniens, américains, égyptiens et jordaniens ont repris mot pour mot leurs engagements d’Aqaba, en Jordanie, où ils s’étaient déjà retrouvés fin février.

Le gouvernement israélien et l’Autorité palestinienne ont redit vouloir « arrêter les mesures unilatérales » pendant trois à six mois, selon un communiqué distribué par le ministère égyptien des Affaires étrangères.

Ces mesures unilatérales – dénoncées par la communauté internationale – sont l’expansion de la colonisation juive en Cisjordanie, dont l’ONU répète qu’elle est illégale au regard du droit international.

Selon le communiqué, Israël s’engage à « cesser de discuter de l’établissement de nouvelles unités de colonisation pendant quatre mois et de ne pas légaliser les colonies sauvages » pendant six mois.

Une nouvelle rencontre aura lieu en avril en Égypte, selon la diplomatie égyptienne.

Un responsable israélien a toutefois ajouté, sous le couvert de l’anonymat, qu’il fallait encore la mise en place d’« un dialogue » pour aboutir à « d’éventuels accords sur la cessation des mesures unilatérales ».

Israël n’a pas pris de telles mesures depuis la mi-février quand il avait rendu légales – au regard du seul droit israélien – neuf colonies de Cisjordanie établies sans l’aval du gouvernement, certaines depuis des années.

Mais, le 13 mars, le Parlement israélien a adopté un projet d’amendement à une loi ouvrant la voie à l’installation d’Israéliens sur les lieux de colonies juives du nord de la Cisjordanie démantelées en 2005, en même temps qu’Israël se retirait unilatéralement de la bande de Gaza.

Huwara au cœur des tensions

À Huwara, localité palestinienne du nord de la Cisjordanie, un Israélien a été blessé grièvement par balles dimanche, selon le Magen David Adom (Mada), équivalent israélien de la Croix-Rouge, qui avait annoncé initialement deux blessés avant de revenir sur son bilan de l’attaque.

L’armée israélienne a affirmé qu’un assaillant avait « ouvert le feu sur un véhicule israélien » avant d’être blessé par des tirs de soldats et de « l’un des deux civils » à bord de la voiture, et capturé.

Lors du premier cycle de négociations le 26 février à Aqaba, deux colons israéliens avaient été tués à Huwara par un tireur palestinien, membre de la branche armée du mouvement islamiste Hamas. Des dizaines de colons juifs avaient ensuite attaqué Huwara, incendiant voitures et bâtiments.

Sans revendiquer la nouvelle attaque à Huwara, le Hamas et le Djihad islamique l’ont qualifiée de « réponse normale aux crimes de l’occupation » israélienne.

Disant prier pour « le héros [israélien] blessé » à Huwara, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a appelé à « empêcher une escalade », et a promis d’agir « avec détermination contre le terrorisme », alors que débute cette semaine le ramadan, souvent synonyme d’échauffourées dans les lieux saints de Jérusalem-Est occupée et annexée par Israël.

À Aqaba déjà, Israéliens et Palestiniens s’étaient engagés à la « désescalade » : trois semaines plus tard, 24 Palestiniens et deux Israéliens ont été tués.

Depuis le début de l’année, 86 Palestiniens, 13 Israéliens et une Ukrainienne ont été tués dans des violences liées au conflit, selon un décompte de l’AFP de source officielle israélienne et palestinienne.

Dissensions palestiniennes

L’Organisation de libération de la Palestine (OLP), qui regroupe plusieurs factions palestiniennes, mais pas le Hamas, participe aux négociations avec Israël, dirigé depuis décembre par l’un des gouvernements les plus à droite de son histoire.

Mais dans les Territoires occupés, la participation de l’OLP suscite les critiques.

Le Hamas « a fait le choix de l’escalade de la résistance contre l’occupation » et « s’oppose au sommet de Charm el-Cheikh comme à tous les sommets qui visent à calmer la situation », a déclaré Moussa Abou Marzouq, cadre du mouvement à Gaza.

« L’ennemi sioniste utilise ces sommets pour mener plus d’attaques », renchérit un communiqué du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP, gauche) et du Djihad islamique.  

Les dirigeants palestiniens « doivent être responsables » et « quitter les négociations », a affirmé un dirigeant du Front démocratique de libération de la Palestine (FDLP).

L’Égypte, sa diplomatie et surtout ses services de renseignement sont régulièrement sollicités sur la question palestinienne : premier pays arabe à avoir signé la paix avec Israël en 1979, et voisin de la bande de Gaza, Le Caire reçoit tout autant les chefs de gouvernement israéliens que les dirigeants des différents partis palestiniens.