(Tel-Aviv) Plusieurs milliers d’Israéliens ont manifesté samedi soir à Tel-Aviv contre le nouveau gouvernement dirigé par Benyamin Nétanyahou, le plus à droite de l’histoire du pays.

« Dégage », « Ensemble contre le fascisme et l’apartheid », « Démocratie en danger », pouvait-on lire sur des pancartes brandies par des manifestants descendus dans les rues du centre-ville, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Vainqueur des législatives du 1er novembre, M. Nétanyahou, inculpé pour corruption, a pris la tête le 29 décembre d’un gouvernement formé avec des partis d’extrême droite et ultra-orthodoxes, dont certains ténors ont été nommés à des postes-clés.

« Je suis venu ici aujourd’hui avec des milliers de personnes. C’est la première fois, mais (le mouvement) va durer car nous avons un problème, des extrémistes sont en train de déployer leurs forces alors qu’ils ne représentent pas la majorité » de la population, a dit Omer, un manifestant qui travaille à Tel-Aviv dans le secteur de la technologie de pointe.

La nouvelle équipe ministérielle a déjà fait part de ses intentions, entre autres, de poursuivre la colonisation dans les Territoires palestiniens, de mener des réformes qui suscitent des inquiétudes dans la communauté LGBTQ+ notamment et de ses intentions de réformer le système judiciaire.

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Une manifestante portant une tuque mariant les drapeaux israélien et palestinien, lors de la manifestation contre le gouvernement Nétanyahou à Tel-Aviv

Une réforme controversée, présentée mercredi à la presse, prévoit l’introduction d’une clause dite « dérogatoire » qui permettrait au Parlement, avec un vote à la majorité simple, d’annuler une décision de la Cour suprême.

« Nous ne voulons pas voir notre démocratie disparaître et la Cour suprême être détruite. Nous voulons que le gouvernement soit contrôlé », a affirmé à l’AFP Assaf, un avocat, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille.

Outre les drapeaux israéliens ou aux couleurs de l’arc-en-ciel, les protestataires à Tel-Aviv ont également ressorti les t-shirts et banderoles barrés de la mention « Crime minister » (« ministre du crime ») en référence à l’inculpation de Benyamin Nétanyahou pour corruption dans une série d’affaires.

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Une banderole indiquant « Crime minister » (« ministre du crime »), en référence à l’inculpation de Benyamin Nétanyahou pour corruption dans une série d’affaires.

Ce slogan avait été largement repris lors d’un mouvement de contestation anti-Nétanyahou qui avait vu, à partir de 2020 et pendant des mois, des Israéliens se réunir chaque semaine les samedis soirs pour réclamer le départ de celui qui a déjà été en poste de 1996 à 1999 puis de 2009 à 2021.

Le chef du Likoud (droite) avait été chassé du pouvoir en juin 2021 par une coalition hétéroclite mise sur pied pour le chasser, mais avait promis de revenir aux affaires.