(Téhéran) Relancer l’accord sur le nucléaire iranien n’aurait « pas de sens » sans la clôture de l’enquête de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur les sites non déclarés de l’Iran, a estimé lundi le président iranien Ebrahim Raïssi.

« Nous avons souligné dans les négociations que toutes les questions (liées à l’AIEA) doivent être résolues », a-t-il dit lors d’une conférence de presse, car « sans le règlement de ces questions, parler d’accord n’a aucun sens ».

Lors des discussions de Vienne pour relancer le pacte dit JCPOA sur le nucléaire iranien, Téhéran avait déjà réclamé que l’AIEA achève son enquête concernant des traces d’uranium enrichi retrouvées sur trois sites non déclarés.

Le gendarme onusien du nucléaire avait exhorté l’Iran en juin à « coopérer », déplorant l’absence de réponses « crédibles » de Téhéran sur le sujet.

Interrogé la semaine dernière par la chaîne américaine CNN, le directeur général de l’AIEA Rafael Grossi avait répondu qu’il ne comptait « absolument pas » boucler le dossier en l’état actuel. « Cette idée que politiquement nous allons arrêter de faire notre travail est inacceptable pour nous », avait-il ajouté.

L’Iran veut que ce dossier soit réglé dans le cadre des négociations sur la relance de l’accord de 2015, qui vise à garantir le caractère civil de son programme nucléaire.  

L’ancien président américain Donald Trump (2017-2021) en avait retiré les États-Unis en 2018. En riposte Téhéran s’est progressivement affranchi de ses engagements nucléaires.

Dernière annonce en date, l’Iran a commencé à enrichir de l’uranium dans une des cascades de centrifugeuses avancées récemment installées dans une partie souterraine de l’usine de Natanz (centre), selon un rapport de l’AIEA transmis lundi par M. Grossi aux États membres.  

Pas de rencontre avec Biden

La République islamique étend ainsi encore ses capacités nucléaires, alors même que les pourparlers de Vienne se sont récemment intensifiés après plusieurs mois d’impasse.

L’Union européenne avait soumis le 8 août aux Iraniens et aux Américains une « version finale » d’un texte prévoyant la levée de sanctions économiques contre l’Iran – notamment sur le pétrole – en échange de restrictions drastiques de son programme nucléaire.

Dans ce feuilleton qui dure maintenant depuis avril 2021, les espoirs d’un retour à l’accord ont été ravivés ces derniers jours lorsque Washington a dit avoir répondu à la proposition européenne.

Téhéran a répondu qu’il allait « examiner attentivement l’avis des États-Unis » et transmettrait ensuite « son opinion au coordinateur » de l’UE, Josep Borrell.

Lundi, M. Raïssi a rejeté l’idée d’une rencontre avec le président américain Joe Biden lors de l’Assemblée générale des Nations unies qui s’ouvrira le 13 septembre à New York (États-Unis).

« Il n’y a aucun avantage à une rencontre entre moi et lui […] Il n’y a pas de plan pour une telle rencontre et il n’y en aura pas », a lancé le responsable iranien.

Interrogé par ailleurs sur les menaces de l’État hébreu contre le programme nucléaire iranien, Ebrahim Raïssi a adressé une mise en garde, affirmant que les Israéliens « n’auraient pas le temps de passer à l’acte s’ils décidaient de faire ce genre de choses ».

« Entre le moment de la prise de décision et sa mise en œuvre, ils doivent se demander s’il existeront encore », a-t-il averti.

Le premier ministre israélien Yaïr Lapid avait déclaré dimanche que son armée et le Mossad avaient « reçu l’instruction de se préparer à tous les scénarios » pour empêcher l’Iran d’acquérir l’arme atomique.

« Les armes nucléaires n’ont pas leur place dans notre doctrine de défense », a réitéré M. Raïssi lundi.