(Paris) La France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne ont averti vendredi l’Iran qu’il « compromettait » tout retour à des négociations pour sauver l’accord encadrant son programme nucléaire avec ses violations répétées de ce texte, dernièrement encore sur la production d’uranium métal.

« En accélérant ses violations, l’Iran compromet la possibilité qu’un retour à la diplomatie permette la réalisation pleine et entière des objectifs du PAGC (Plan d’action global commun) », ont déclaré les porte-parole des trois ministères des Affaires étrangères dans un communiqué commun.

« En vertu de cet accord, l’Iran s’est engagé à ne pas produire d’uranium métallique et à ne pas conduire de recherche et développement sur la métallurgie de l’uranium pour une durée de 15 ans », ont rappelé les trois pays, cosignataires du texte de 2015 avec les États-Unis — qui en sont sortis en 2018 — la Russie et la Chine.

L’Agence internationale de l’énergie atomique a annoncé mercredi avoir « procédé le 8 février à la vérification de 3,6 grammes d’uranium métal dans l’usine d’Ispahan » (centre).

Si ce n’est pas une surprise — l’Iran avait fait savoir mi-janvier qu’il avançait dans cette direction —, le sujet est sensible car l’uranium métal peut être utilisé dans la fabrication d’armes nucléaires.

« Nous réaffirmons que ces activités, qui constituent une étape clé dans le développement d’une arme nucléaire, n’ont aucune justification civile crédible en Iran », ont martelé Paris, Londres et Berlin en appelant « instamment l’Iran à y mettre fin sans délai et à s’abstenir de toute nouvelle violation de ses engagements nucléaires ».

Cette nouvelle violation affaiblit encore un peu plus l’accord sur le nucléaire iranien, qui menace de voler en éclats depuis que Donald Trump en a retiré les États-Unis en 2018 avant de rétablir des sanctions économiques.

En riposte, Téhéran s’est affranchi progressivement depuis 2019 de la plupart de ses engagements, arguant qu’il en avait le droit face aux « violations flagrantes » des règles par les autres parties.

L’arrivée le 20 janvier de Joe Biden à la Maison-Blanche a laissé espérer une reprise du dialogue après la politique de « pression maximale » exercée par son prédécesseur.

Toutefois, le nouveau président américain a prévenu qu’il ne ferait pas le premier pas en levant les sanctions. Les Iraniens réclament à l’inverse un retour des États-Unis dans l’accord, avant de revenir eux-mêmes au respect de leurs engagements.

Réagissant aux déclarations européennes, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a affirmé que ce n’était pas à l’Iran de faire le premier pas du fait du retrait américain, et a accusé les Européens de ne pas en faire assez pour sauver l’accord.

« Au nom de quelle logique incombe-t-il à l’Iran de renoncer aux mesures de sauvegarde prises un an révolu après que les États-Unis se sont retirés du JCPOA ? […] Qu’a fait le E3 pour remplir ses obligations ? » a-t-il lancé sur Twitter.