L'aviation de la coalition arabe a multiplié dimanche, pour la deuxième journée consécutive, ses frappes contre les rebelles au Yémen en représailles à une attaque qui a coûté la vie à 60 de ses soldats engagés sur le terrain.

Après les raids lancés samedi et qualifiés de plus violents depuis le début de la campagne aérienne fin mars, les avions de la coalition menée par l'Arabie saoudite sont revenus à la charge dimanche en prenant pour cibles de nombreuses positions à Sanaa.

«Nous sommes déterminés à débarrasser le Yémen de la pourriture», a lancé, selon la presse locale, l'homme fort des Émirats, cheikh Mohammed ben Zayed Al-Hahyane, prince héritier d'Abou Dhabi et commandant en chef adjoint des forces armées, en référence aux rebelles.

Et d'ajouter: «la vengeance (des Émirats) ne saura tarder».

Les dirigeants des Émirats arabes unis, qui ont perdu à eux seuls 45 soldats vendredi lorsqu'un missile rebelle a provoqué des explosions dans un entrepôt d'armements de la province de Marib, à l'est de la capitale Sanaa, ont décrété vendredi un deuil de trois national de trois jours.

Les funérailles des soldats ont fait la une des quotidiens locaux qui évoquaient à la fois «le sacrifice et la fierté de toute une nation».

Autre fait significatif, les Émirats ont annoncé samedi pour la première fois depuis le début de la campagne que leur aviation avait bombardé plusieurs cibles des rebelles au Yémen.

Sanaa sous les bombes

Dimanche, la capitale yéménite s'est réveillée au son du fracas de nouveaux raids aériens.

«La première frappe a littéralement secoué ma maison», a raconté un habitant, Sadeq al-Juhayfi.

Les raids ont visé des positions de rebelles chiites Houthis dans la capitale ainsi que celles de leurs alliés, les forces loyales à l'ancien président Ali Abdallah Saleh, selon les témoins.

Un QG des forces de sécurité à Hadda, dans le sud de la capitale, et des positions des Houthis dans des quartiers du nord de la ville ont été visés.

De fortes explosions ont secoué cette partie de la ville et certains habitants ont commencé à fuir, selon des témoins.

Des dépôts d'armes de Jebel Neqm, zone qui surplombe la partie est de Sanaa et qui est aux mains des forces pro-Saleh, ainsi que le palais présidentiel, ont aussi été touchés, ont affirmé des témoins.

L'aviation de la coalition a également bombardé des positions rebelles près des ambassades d'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, ainsi que des positions des pro-Saleh à Faj Attane et la colline d'An-Nahdayne, dans le même secteur.

D'autres positions rebelles à Al-Saleh, à l'entrée nord de Taëz, ont été bombardées dimanche, ont rapporté des habitants de cette grande ville du sud-ouest du Yémen.

La veille, des positions à Bayhan, ville au sud de Marib d'où aurait été tiré le missile qui a couté la vie aux 60 soldats, ont été pilonnées, tuant douze rebelles.

L'attaque au missile a fait outre les 45 morts parmi les soldats des Emirats, 10 parmi ceux de l'Arabie saoudite et cinq dans les rangs des forces de Bahreïn.

Le conflit au Yémen, pays pauvre de la péninsule arabique a fait près de 4400 morts, selon l'ONU. 21 millions de personnes ont besoin d'aide ou de protection et 1,3 million de Yéménites ont été déplacés.

L'Arabie saoudite et ses alliés arabes sont intervenus au Yémen pour empêcher les Houthis, soutenus par l'Iran, de prendre le contrôle total du pays.

Grâce au soutien de la coalition, les forces anti-rebelles ont repris depuis la mi-juillet cinq provinces du sud et sont en train d'amasser des troupes dans la province de Marib pour tenter de reprendre Sanaa, plus à l'ouest.