L'Occident ne parviendra pas à pacifier l'Afghanistan «par la seule force militaire», a affirmé vendredi la chancelière allemande Angela Merkel, reconnaissant l'importance du «laborieux» processus politique afghan, lors d'une visite surprise dans ce pays.

Accompagnée de son ministre de la Défense Thomas de Maizière, Mme Merkel s'est rendue à Kunduz peu après son arrivée au quartier général de l'armée allemande à Mazar-i-Sharif, dans le cadre d'une visite dont la durée et le programme n'ont pas été dévoilés pour des raisons de sécurité.

Devant les soldats allemands, Mme Merkel a souligné l'importance du «processus politique» en Afghanistan qui progresse «parfois de façon laborieuse, parfois un peu plus lentement que nous le souhaiterions».

«Nous attendons des progrès, des élections honnêtes, un processus politique, car nous n'arriverons pas à vaincre les insurgés par la seule force militaire», a-t-elle dit en référence notamment au scrutin présidentiel devant décider l'an prochain du successeur à Hamid Karzaï qui ne peut briguer un troisième mandat.

Aucune rencontre avec le président Karzaï n'était prévue lors de cette visite réservée «uniquement aux troupes allemandes à Kunduz et Mazar-i-Sharif», a indiqué le porte-parole de Mme Merkel, Steffen Seibert, sur son compte Twitter.

«Elle est ici pour marquer son soutien à nos troupes, assister à des réunions, et répondre aux préoccupations après la mort récente d'un de nos soldats», a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'armée allemande en Afghanistan.

Cette visite est intervenue six jours après la mort d'un militaire des forces spéciales allemandes lors d'une opération conjointe avec l'armée afghane contre des insurgés dans la province de Baghlan (nord).

Il s'agissait du premier soldat allemand à mourir en Afghanistan depuis près de deux ans. Sept Américains avaient péri le même jour dans les attaques les plus meurtrières pour les forces de l'OTAN depuis le mois d'août.

L'engagement allemand post-2014

Mme Merkel a également réitéré la volonté de Berlin de conserver des soldats en Afghanistan au terme de la mission de la force de l'OTAN (ISAF) fin 2014.

«Nous ne voulons pas laisser tomber les Afghans. Si les autres nations participent aussi, l'Allemagne est prête, après 2014, à prendre des responsabilités sous une autre forme», a-t-elle dit.

Le 18 avril, Berlin avait annoncé son intention de maintenir entre 600 et 800 soldats à disposition d'une mission de formation, conseil et soutien, pour une période allant de 2015 à 2017.

Le président Hamid Karzaï avait affirmé cette semaine, sans les nommer, que des pays de l'OTAN avaient demandé à maintenir une présence militaire en Afghanistan après 2014 et que les Américains voulaient de leur côté garder neuf bases militaires à travers le pays.

Washington a toutefois indiqué ne pas vouloir de bases militaires permanentes et que toute présence de soldats américains après 2014 se ferait «uniquement à l'invitation» de Kaboul.

Le maintien de bases et de soldats étrangers en Afghanistan est dénoncé par les talibans qui ont jusqu'ici toujours affirmé que leur retrait total était l'une des conditions pour toute négociation de paix.

Près de 100 000 militaires étrangers sont actuellement déployés en Afghanistan sous l'égide de l'OTAN. Avec ses 4200 soldats, l'Allemagne compte le troisième contingent en importance de cette mission, après les États-Unis et la Grande-Bretagne.

Chassés du pouvoir en 2001, les talibans mènent depuis une insurrection armée contre l'administration afghane et les forces internationales, principalement dans l'est et le sud du pays, considérés comme leurs bastions.