Le journaliste irakien qui avait lancé ses chaussures en direction de l'ancien président américain George W. Bush, à Bagdad, a annoncé, mardi, qu'il avait intenté une poursuite contre le premier ministre irakien pour son emprisonnement et la torture alléguée qu'il a subie durant ses neuf mois de détention.

Muntadhar al-Zeidi s'exprimait à Beyrouth, au Liban, lors d'une séance de signatures de son premier livre, intitulé Le dernier salut au président Bush.

Le livre est une chronique des moments qui ont mené à la désormais célèbre conférence de presse du 14 décembre 2008 à Bagdad, lors de laquelle M. al-Zeidi a projeté ses chaussures sur le président Bush et l'a traité de «chien».

Le livre raconte aussi la souffrance des Irakiens depuis la guerre du Golfe de 1991.

La séance de signatures avait été prévue pour coïncider avec le second anniversaire du lancer des chaussures, devenu un symbole de la guerre en Irak.

Dans son livre, le journaliste raconte le dégoût qu'il a ressenti quand il a vu George W. Bush à la conférence de presse commune avec le premier ministre Nouri al-Maliki.

«À ce moment, tout ce que j'avais vu et entendu au sujet des massacres contre les Irakiens que cet homme avait commis sont revenus à ma mémoire... et j'ai senti le tonnerre dans mon corps», écrit-il au sujet des instants qui ont précédé son acte.

Quelques minutes plus tard, il s'est levé de sa chaise, a lancé ses chaussures sur l'estrade où se trouvait M. Bush et a crié: «C'est ton baiser d'adieu, espèce de chien!»

Muntadhar al-Zeidi a été arrêté et condamné pour voies de fait. Il a passé neuf mois en prison, dont trois en isolement. Il a déclaré mardi à l'Associated Press qu'il avait été battu et électrocuté pendant trois jours par ses interrogateurs, dont certains étaient liés à Nouri al-Maliki, selon lui.

Il poursuit maintenant M. al-Maliki devant un tribunal suisse et a dit s'attendre à ce qu'un mandat d'arrêt soit émis contre lui au cours des prochains jours.

«Ce que j'ai fait était mon devoir en tant que journaliste, pour tout le peuple irakien», a dit M. al-Zeidi.

Le journaliste, qui vit maintenant à Beyrouth où il travaille comme consultant pour une chaîne de télévision par satellite, a indiqué que tous les profits générés par la vente de son livre seraient remis à une fondation qu'il a mise sur pied pour aider les Irakiens qui ont souffert de l'occupation américaine.

Son livre a été publié en arabe par All Prints Distributors and Publishers, une maison d'édition libanaise.