Un attentat-suicide contre un barrage de police a fait 16 morts samedi dans la région de Bajur dans le nord-ouest du Pakistan, où l'armée pakistanaise avait pourtant proclamé sa victoire l'an dernier sur les talibans et militants d'Al-Qaeda. Le même jour, toujours dans la ceinture tribale bordant l'Afghanistan, neuf insurgés présumés ont été tués dans une apparente frappe de missiles américains.

Au moins 14 civils et deux policiers ont été tués et vingt autres personnes blessées dans l'attentat-suicide perpétré à Khar, la principale ville de cette région tribale, selon un responsable des autorités locales, Bakhat Pacha. Le kamikaze est arrivé à pied et s'est fait exploser dans une zone de marché. Certains blessés se trouvaient dans un état critique.

La veille, les autorités avaient annoncé que 44 militants avaient été tués par les forces de sécurité en trois jours de bataille à la périphérie de Khar.

L'armée pakistanaise avait lancé une grande offensive contre les insurgés dans la région de Bajur en 2008, proclamant la victoire sur les militants en février 2009. Mais ces derniers jours, une succession d'affrontements a montré combien la sécurité s'était dégradée dans la région. L'attentat de Bajur est venu souligner les difficultés d'Islamabad à contrôler ces fiefs fondamentalistes une fois passée la phase de combats.

Ces violences interviennent alors que l'armée pakistanaise s'est concentrée récemment sur son offensive dans la région tribale du Sud-Waziristan, principal fief des talibans pakistanais. L'opération aurait conduit nombre de combattants à se replier sur d'autres secteurs de la bande tribale.

Les États-Unis ont salué les opérations lancées par l'armée pakistanaise, mais veulent également qu'Islamabad traque les militants dans la région du Nord-Waziristan, qui sert de base arrière pour des attaques contre les forces internationales en Afghanistan.

Washington mène sa propre guerre contre les talibans pakistanais dans la ceinture tribale via son programme secret de missiles dirigé par la CIA. Neuf talibans ont ainsi été tués par de supposés tirs de missiles américains dans le nord-ouest du pays, d'après des responsables des services de renseignement pakistanais.

Trois missiles ont frappé dans la nuit de vendredi à samedi un complexe et un bunker dans le secteur de Mohammad Khel, dans la province du Nord-Waziristan. C'est dans cette zone montagneuse qu'un présumé drone américain se serait écrasé le 24 janvier, précisait-on de même source.

Deux missiles sont tombés sur un complexe abritant des militants pakistanais, tuant sept d'entre eux, selon des responsables du renseignement pakistanais. Un troisième missile a tué deux autres insurgés dans le bunker.

Au début du mois, une frappe de missile similaire avait visé une réunion de commandants talibans, dans une apparente tentative infructueuse pour tuer le chef des talibans pakistanais, Hakimullah Mehsud.

Les talibans pakistanais sont soupçonnés d'avoir joué un rôle dans l'attentat-suicide contre une base de la CIA dans la province afghane de Khost, le 30 décembre dernier, dans lequel sept employés de l'agence américaine ont été tués. Les experts pensent que le réseau Haqqani, une faction talibane liée à Al-Qaeda et basée dans le Nord-Waziristan, a également participé à l'attentat.

Depuis que la CIA a été frappée, les drones américains auraient conduit 13 frappes présumées dans le Nord et le Sud-Waziristan, une série d'attaques sans précédent depuis que le programme de missiles a réellement commencé au Pakistan il y a deux ans.

Les États-Unis ne font normalement aucun commentaire sur ces frappes ou leurs cibles, même si des responsables ont dans le passé annoncé avoir éliminé plusieurs chefs talibans ou du réseau terroriste Al-Qaeda.

Le gouvernement pakistanais émet régulièrement des critiques contre ces initiatives qui violent la souveraineté du pays, même s'il est soupçonné d'avoir secrètement donné son accord et même fourni des informations aux Américains pour mener à bien ces frappes.