Les chefs de diplomatie arabes et occidentaux tentaient mercredi de trouver un consensus au Conseil de sécurité de l'ONU pour appuyer le plan présenté la veille par la France et l'Egypte pour parvenir à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Le Français Bernard Kouchner, le Britannique David Miliband et l'Américaine Condoleezza Rice ont rencontré dans la matinée leurs homologues de la Ligue Arabe pour tenter de les convaincre d'adopter une déclaration non contraignante apportant son soutien au plan annoncé mardi par les présidents égyptien Hosni Moubarak et français Nicolas Sarkozy.Mais la Libye, seule représentante du monde arabe parmi les 15 membres du Conseil de sécurité, a présenté un projet de résolution exigeant un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza, où l'offensive militaire israélienne contre le Hamas est entrée dans sa 12e journée.

Le très influent ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud al-Fayçal, a plaidé pour un vote «aujourd'hui ou demain» en faveur de ce document. «Ce n'est pas avec des atermoiements et de la négligence qu'on règle les conflits», a-t-il lancé au cours d'une conférence de presse.

Le chef de la diplomatie saoudienne a estimé qu'une résolution du Conseil n'aurait pas d'impact négatif sur les négociations qui s'annoncent entre Israël et l'Egypte sur les termes d'un cessez-le-feu.

«L'initiative du président Moubarak n'entre pas en conflit avec et ne contredit pas la proposition présentée au Conseil de sécurité. En fait, elle la complète», a-t-il déclaré.

Mais les Européens craignent qu'un vote hâtif au Conseil de sécurité ne se heurte à un veto des Etats-Unis.

«Nous tentons de trouver par quel genre de document nous pouvons renforcer ce qui s'est passé dans la région», a indiqué à la presse un diplomate occidental, en référence à l'initiative égyptienne.

Le texte présenté par la Libye «exige un cessez-le-feu immédiat et permanent dans la bande de Gaza, assorti de l'arrêt de toute activité militaire et de toute violence, notamment les opérations militaires israéliennes et les tirs de roquettes, le retrait immédiat des forces israéliennes sur leurs positions d'avant le 27 décembre 2008 et le respect du cessez-le-feu par toutes les parties.

Il appelle aussi à la levée immédiate du blocus imposé depuis 18 mois par Israël sur la bande de Gaza et la réouverture des points de passage vers Israël et l'Egypte.

Israël a semblé accueillir favorablement l'initiative égyptienne, annonçant l'envoi jeudi au Caire d'Amos Gilad, conseiller politique du ministre de la Défense Ehud Barak, pour discuter d'une éventuelle trêve des combats à Gaza.

Mais dans le même temps, le cabinet de sécurité israélien a approuvé mercredi un élargissement de son offensive contre le Hamas dans la bande de Gaza avec «une troisième phase qui élargira l'offensive en pénétrant plus avant dans les zones peuplées», selon un haut responsable de la Défense.

Les Etats-Unis se sont déclarés ouverts à l'initiative franco-égyptienne mais ils ont indiqué vouloir connaître plus de détails.

«D'après ce que je sais, les Israéliens sont ouverts au concept, mais ils veulent en savoir plus sur les détails, nous aussi, et c'est ce à quoi la secrétaire d'Etat Mme (Condoleezza) Rice travaille en ce moment à New York», a dit la porte-parole de la Maison-Blanche, Dana Perino.

Selon un porte-parole du département d'Etat, Robert Wood, Mme Rice, qui a décidé de prolonger son séjour à New York, ne se limite pas à l'examen de cette initiative franco-égyptienne. «Nous examinons d'autres idées», a-t-il déclaré.

Selon un autre porte-parole de Mme Rice, Sean McCormack, la chef de la diplomatie américaine a aidé à persuader le Premier ministre israélien Ehud Olmert d'ouvrir un couloir humanitaire vers la bande de Gaza «pour des périodes limitées».