(Orenbourg) Les évacuations se poursuivent samedi dans des régions russes de l’Oural touchées par des inondations majeures, qui balayent également le Kazakhstan voisin où plus de 100 000 personnes ont été évacuées, sans répit en vue car le niveau de l’eau continue à monter.

Ces crues sont causées par de fortes pluies associées à une hausse des températures, à la fonte accrue des neiges et à la débâcle des glaces hivernales recouvrant rivières et fleuves.

A Orenbourg, l’une des villes les plus touchées dans la région russe du même nom frontalière du Kazakhstan, les eaux du fleuve Oural ont partiellement submergé certaines routes et se sont déversées sur des zones résidentielles, transformant des quartiers en mares.

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Un résidant d’Orenbourg se déplaçant dans un canot pneumatique

Samedi après-midi, le niveau du fleuve frôlait les 12 mètres, selon les autorités locales. C’est bien plus que le seuil jugé critique, et cela représente une nouvelle augmentation d’environ un demi-mètre par rapport à la veille. L’Oural traverse le centre d’Orenbourg.

« À ce jour, la situation reste compliquée. Actuellement à Orenbourg, l’inondation est à son niveau maximal », a déclaré samedi soir le gouverneur régional Denis Pasler.

Près de 14 000 personnes ont déjà été évacuées d’Orenbourg et ses environs et plus de 11 000 habitations sont inondées, selon le ministère des Situations d’urgence.

Les secouristes et forces de l’ordre continuaient samedi à aider les habitants à quitter leur domicile.

« Le plus important c’est que (la maison) ne soit pas pillée. C’est ce qui m’inquiète. À part cela, tout va bien ! Nous survivrons ! », a assuré, optimiste, Valéri, sexagénaire tout juste évacué.

Eldar Rakhmetov, un responsable du ministère des Situations d’urgence, a dit avoir constaté « une augmentation du nombre de maisons inondées depuis ce matin, et davantage d’évacuations sont organisées ».

« Eau traîtresse »

Plus à l’est, la région de Kourgan risque d’être elle aussi inondée dans les prochains jours. Le niveau de la rivière Tobol continue de monter rapidement et plus de 6000 personnes ont déjà été évacuées, selon le ministère des Situations d’urgence.

Le gouverneur, Vadim Choumkov, a appelé les résidents des zones concernées à quitter leurs domiciles de façon « préventive », sans attendre que l’eau ne monte encore davantage.

« L’eau est traîtresse, et avec une telle masse, son augmentation est imprévisible », a-t-il prévenu sur Telegram.

« Mes compatriotes de Kourgan, vous devez évacuer urgemment. Urgemment ! », a-t-il posté par la suite.

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Une vue par drone montre une zone inondée à la périphérie de Petropavlosvk, au Kazakhstan, le 12 avril.

Citant les prévisions des autorités, il a assuré qu’une « forte hausse » du niveau de l’eau était attendue dans les prochains jours, laissant présager une « situation difficile ».

Au Kazakhstan, qui partage quelque 7500 kilomètres de frontière avec la Russie, l’eau a atteint les faubourgs de la ville de Petropavlosvk, capitale de la région du Kazakhstan-Septentrional (220 000 habitants), en partie privée d’électricité et d’eau potable.

Au total, dans cet immense pays d’Asie centrale, plus de 102 000 personnes ont été évacuées, dont un tiers d’enfants, avec près de 4000 habitations déjà noyées et 73 localités coupées du monde, selon le ministère des Situations d’urgence.

Si le degré d’influence du changement climatique reste à déterminer, il est déjà établi par les scientifiques que le réchauffement de la planète favorise des évènements météorologiques extrêmes comme les fortes précipitations à l’origine d’inondations.  

Des manifestations, rares en Russie tant la répression est forte, avaient éclaté lundi à Orsk, dans la région d’Orenbourg, les habitants protestant contre la gestion de la crise par les autorités locales.

Malgré ces protestations et la gravité de la situation, aucun déplacement du président Vladimir Poutine n’a pour l’heure été annoncé dans ces zones.