(Base aérienne de Ramstein) Le secrétaire américain à la Défense a promis mardi en Allemagne que son pays « ne laissera pas l’Ukraine échouer » face à la Russie et dit espérer bientôt un feu vert du Congrès à l’aide américaine, attendue avec impatience par Kyiv.

Clôturant une réunion du groupe de contact des alliés de l’Ukraine, chargé de coordonner le soutien militaire au pays, Lloyd Austin a assuré que la détermination de l’administration américaine était intacte.

« Les États-Unis soutiennent l’Ukraine parce que c’est la bonne chose à faire et parce que l’Amérique se soucie de la liberté lorsqu’elle est menacée, mais nous soutenons également l’Ukraine parce que c’est crucial pour notre propre sécurité », a-t-il martelé lors d’une conférence de presse sur la base aérienne américaine de Ramstein en Allemagne.

Épuisée par deux ans d’invasion russe, l’Ukraine est à la peine face à l’armée russe, supérieure en nombre de soldats, en quantité d’armements et de munitions.

Le pays attend avec impatience une aide américaine d’un montant de plus de 60 milliards de dollars US (environ 55 milliards d’euros) toujours bloquée au Congrès en raison des réticences d’élus républicains soutenant l’ancien président Donald Trump (2017-2021), en campagne pour un nouveau mandat.

 « Optimiste » 

Mardi, le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a insisté : l’Ukraine est « choquée » par le blocage persistant au Congrès américain de cette enveloppe budgétaire cruciale.

La Maison-Blanche a prévenu qu’une enveloppe de 300 millions de dollars US (275 millions d’euros) pour l’Ukraine annoncée la semaine passée ne suffirait que pour quelques semaines.

À Ramstein, Lloyd Austin s’est toutefois voulu confiant : « je continue de constater que les deux chambres du Congrès soutiennent largement l’action en faveur de l’Ukraine et je suis donc optimiste quant à la possibilité d’une action future ».

Les pays européens ne peuvent à eux seuls compenser l’absence d’aide américaine supplémentaire, même si l’UE et ses États membres ont déjà consacré quelque 28 milliards d’euros en aide militaire à l’Ukraine depuis l’invasion de ce pays par la Russie le 24 février 2022.

L’Allemagne, premier contributeur européen à ce soutien militaire, a annoncé mardi une enveloppe supplémentaire de 500 millions d’euros.

Ce paquet comprend notamment « 10 000 cartouches provenant du stock de nos forces armées » dont la livraison « commencera à court terme », a expliqué à la presse le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius.

« Il est clair qu’après deux ans, la guerre ne se déroule pas de manière linéaire », a-t-il ajouté, faisant référence à la situation difficile sur le champ de bataille. L’objectif est que « la Russie finisse par dire “Nous abandonnons nos projets” ou “Je n’avance pas, l’effort est trop grand, le coût est disproportionné” », a fait valoir le ministre.

Milliards « gaspillés »

M. Austin a souligné que Moscou avait « gaspillé jusqu’à 211 milliards de dollars (194 milliards d’euros) pour équiper, déployer, entretenir et soutenir son agression impériale contre l’Ukraine ».

Washington reste de loin le premier donateur d’aide militaire à Kyiv, s’étant engagé à verser des dizaines de milliards de dollars depuis le début de l’offensive russe en février 2022.  

Ces dernières semaines, les craintes d’une défaite de l’Ukraine face à la Russie, faute d’armements suffisants, ont grandi, après plusieurs avancées des forces russes sur le champ de bataille.

De vives tensions sur la stratégie à adopter face à Moscou sont également apparues entre les alliés de Kyiv, particulièrement entre la France et l’Allemagne.

Depuis plusieurs semaines, le chancelier allemand Olaf Scholz, qui craint l’escalade du conflit, est sous pression de plusieurs de ses alliés et au sein même de sa majorité pour son refus de livrer des missiles à longue portée Taurus, car leur réglage nécessiterait, selon lui, l’intervention de militaires allemands.

Lors d’un sommet tripartite franco-germano-polonais à Berlin vendredi dernier, les dirigeants de ces trois pays se sont cependant efforcés d’afficher leur unité.  

La mise en place d’une « nouvelle coalition de capacités pour l’artillerie à longue portée » en faveur de Kyiv avait été confirmée à cette occasion. Sa mise en place devait faire l’objet de discussions plus approfondies lors de la réunion en Allemagne.