(Moscou) Un tribunal russe a condamné vendredi l’opposant Evguéni Roïzman à payer une amende pour ses critiques sur l’offensive de Moscou en Ukraine, une punition relativement légère dans un contexte de répression implacable en Russie.

L’ancien maire très populaire d’Ekaterinbourg, grande ville de l’Oural, a été reconnu coupable d’avoir « discrédité » l’armée russe et condamné à payer une amende de 260 000 roubles (environ 4375 dollars canadiens au taux de change actuel), soit ce qu’avait requis le procureur, selon les agences de presse russes.  

Selon la même source, M. Roïzman restera par ailleurs soumis à plusieurs restrictions, dont l’interdiction d’utiliser l’internet et de donner des entrevues, jusqu’à la confirmation de sa condamnation en appel ou après épuisement du délai pour déposer des recours.

La condamnation de l’ancien édile âgé de 60 ans à une simple amende surprend, alors que d’autres opposants de premier plan ou des Russes anonymes ont écopé de lourdes peines de prison sur la base d’accusations similaires.

Cité par les agences de presse, M. Roïzman a indiqué qu’il ne prévoyait pas de faire appel de sa condamnation à payer une amende.

Je trouve que dans les conditions actuelles, il s’agit d’un acquittement.

Evguéni Roïzman

Jeudi, après le réquisitoire du procureur, l’opposant avait déjà exprimé sa surprise, estimant « tout à fait inattendue » la légèreté de la peine demandée. Dans les circonstances actuelles, « c’est vraiment très peu, ce qu’ils demandent », avait dit M. Roïzman.

Evguéni Roïzman était accusé d’avoir « discrédité » l’armée russe dans une vidéo qu’il avait publiée sur YouTube en juillet 2022, dans laquelle il critiquait l’opération militaire russe en Ukraine.

Il risquait jusqu’à cinq ans de prison, en vertu d’une loi adoptée en Russie dans la foulée du lancement de l’offensive en Ukraine fin février 2022, un texte répressif qui a récemment encore été durci.  

Evguéni Roïzman, qui a dirigé Ekaterinbourg, ville de 1,5 million d’habitants, entre 2013 et 2018, est considéré comme l’une des dernières grandes figures de l’opposition à être restée en Russie et à avoir, pour l’instant, échappé à une lourde peine de prison.

Après avoir été inculpé en août dernier, M. Roïzman n’avait pas été placé en détention provisoire, mais s’était vu interdire d’utiliser l’internet, notamment de nourrir son fil Twitter très actif, et de donner des entrevues.

Autour de lui, les principales figures de l’opposition restées en Russie ont été jetées en prison, comme Alexeï Navalny, Ilia Iachine ou Vladimir Kara-Mourza.

En décembre dernier, l’opposant Ilia Iachine a été condamné à huit ans et demi de prison pour avoir condamné l’offensive en Ukraine.

Pour sa part, l’opposant Vladimir Kara-Mourza a écopé de 25 ans de prison en avril, un jugement d’une rare sévérité, pour « haute trahison », diffusion de « fausses informations » sur l’armée russe et travail illégal pour une organisation « indésirable ».