(Moscou) Le président russe Vladimir Poutine a affirmé mercredi que son pays allait continuer de développer son potentiel militaire, y compris la « préparation au combat » de ses forces nucléaires, en plein conflit en Ukraine et en pleine crise avec les Occidentaux.

Les forces armées russes et leurs capacités de combat « augmentent constamment et chaque jour. Et ce processus, bien sûr, nous allons le développer », a déclaré M. Poutine au cours d’une rencontre avec des officiers de haut rang de l’armée.  

« Nous continuerons à maintenir et à améliorer la préparation au combat de notre triade nucléaire », a-t-il ajouté.

Il a par exemple annoncé l’entrée en service « début janvier » des nouveaux missiles hypersoniques russes de croisière Zircon, qui appartiennent à la nouvelle famille d’armements mis au point ces dernières années par Moscou.

Le chef du Kremlin s’exprimait à l’occasion d’une réunion censée fixer les objectifs pour 2023 de l’armée russe, actuellement largement engagée en Ukraine.

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Sergueï Choïgou

L’une des « priorités » sera d’ailleurs de « continuer à mener l’opération spéciale (en Ukraine) jusqu’à ce que ses tâches aient toutes été remplies », a martelé le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou.

Ce dernier a en outre affirmé que Moscou allait installer des bases navales pour « les navires de soutien, les services de secours d’urgence et les unités de réparation navale » dans les deux villes ukrainiennes occupées de Berdiansk et de Marioupol.

M. Choïgou considère par ailleurs qu’en Ukraine « les militaires russes s’opposent aux forces combinées de l’Occident ». « La présence croissante de l’Occident à nos frontières et à celles de la Biélorussie et la volonté de l’Occident de prolonger au maximum les opérations militaires en Ukraine afin d’affaiblir notre pays suscitent une inquiétude particulière », a-t-il lancé.

Augmenter les effectifs de l’armée

Sergueï Choïgou a jugé nécessaire de faire passer les effectifs de l’armée russe à 1,5 million de soldats, soit 350 000 de plus que l’objectif de 1,15 million fixé par Vladimir Poutine en août dernier.

Le ministre a aussi proposé de « progressivement » augmenter les âges limites auxquels on est appelé à faire son service militaire (obligatoire et d’une durée d’un an en Russie) : entre 21 et 30 ans, contre entre 18 ans et 27 ans actuellement.

Enfin, M. Choïgou a demandé la création de deux nouvelles entités administratives militaires dans le nord-ouest de la Russie.

« Je suis d’accord avec vos propositions concernant les futurs changements structurels des forces armées », lui a répondu Vladimir Poutine, promettant que ces évolutions allaient être effectuées « sans dégâts » pour la société et l’économie et sans entraîner de « militarisation » du pays.

M. Poutine a par ailleurs brièvement rendu hommage aux soldats russes tombés pendant l’offensive en Ukraine.

« Évidemment, les opérations militaires sont toujours associées à des tragédies et à des pertes humaines. Mais comme c’est inévitable, il vaut mieux aujourd’hui que demain », a-t-il dit.

Le conflit en Ukraine est une « tragédie commune », mais la Russie n’est pas fautive, a ajouté le président.

Il a aussi assuré que Moscou n’avait aucun problème pour financer sa campagne militaire, malgré les sanctions occidentales.

« Nous n’avons aucune limitation de financement. Le pays et le gouvernement donnent tout ce que l’armée demande. Vraiment tout ! », s’est exclamé M. Poutine, qui a décrété en septembre une mobilisation partielle après des revers des forces russes sur le terrain.