(Londres) Racisme, misogynie et harcèlement : la brigade des pompiers de Londres est mise à mal par un rapport indépendant, des comportements que son commandement a reconnus vendredi et entend désormais traiter par une « tolérance zéro ».

La Brigade des pompiers de Londres (LFB) avait commandé l’an dernier cette enquête indépendante après le suicide d’un pompier de 21 ans, qui se disait harcelé par des collègues en raison de ses origines caribéennes.  

Issue notamment de plus de 2000 témoignages de membres anciens et actuels de la brigade, cette enquête révèle une « misogynie et un racisme institutionnels », a indiqué sur Twitter Nazir Afzal, ancien procureur et responsable de cette enquête, qui doit être rendue publique prochainement.

Parmi les extraits cités par des médias britanniques, figurent les exemples d’un pompier musulman à qui certains collègues mettaient du bacon et de la saucisse dans les poches de son manteau, d’une femme dont le casque avait été rempli d’urine, une autre que ses collègues masculins moquaient à propos de son poids en imitant le bruit d’un camion qui recule, ou encore celui d’un pompier noir ayant retrouvé une corde avec un nœud coulant sur son casier.

« Le rapport contient des récits de mauvais comportements choquants et d’expériences douloureuses s’étant déroulés durant des années », en particulier envers les femmes, les personnes issues de minorités ethniques et les personnes LGBTQ+, a réagi la LFB dans un communiqué.

« Il n’y a pas de place pour la discrimination, le harcèlement et l’intimidation dans la brigade et à partir d’aujourd’hui, il sera parfaitement clair pour les agents quels comportements sont inacceptables et quelles seront les conséquences », a ajouté le chef de la LFB Andy Roe, qui veut « reconstruire la confiance parmi ses agents et avec les communautés que nous sommes là pour servir ».

« Odieux »

Conformément à la vingtaine de recommandations du rapport, il entend mettre en place une « tolérance zéro » avec des sanctions immédiates, une meilleure prise en compte des témoignages d’éventuels mauvais comportements, l’obligation pour les agents de porter des caméras sur eux lorsqu’ils se déplacent chez les gens, et des formations pour sensibiliser les responsables de la brigade sur ces sujets.

La brigade des pompiers et de secours de Londres est la plus importante du pays, avec 5000 sapeurs-pompiers, dont moins de 500 sont des femmes et à peine plus de 500 sont issus de minorités ethniques, selon le rapport.

Cette enquête doit être un « moment décisif » pour les pompiers de Londres, a réagi vendredi soir le maire de la capitale britannique Sadiq Khan dans un communiqué, en qualifiant d’« odieux » les faits rapportés.

Il fait part de « son soutien total » au chef de la LFB pour mettre en place les changements promis dans ses rangs.

Le mois dernier, un autre rapport dénonçait un racisme « institutionnel » dans le système judiciaire, se traduisant dans les décisions rendues et dans l’absence de diversité au sein des professions de justice.

Cette enquête visant la LFB rappelle également le scandale qui avait éclaboussé la police de Londres à la fin des années 1990, avec la publication en 1999 d’un rapport qui avait aussi pointé un racisme institutionnel en son sein.