(Londres) Le Royaume-Uni a sèchement rappelé Pékin à l’ordre mardi sur le droit à manifester sur le sol britannique après le passage à tabac d’un militant prodémocratie de Hong Kong au consulat de Chine de Manchester, lors d’incidents pour lesquels un diplomate chinois a été mis en cause.

L’explication, qui marque un nouveau regain de tensions entre les deux pays, a eu lieu au cours d’une convocation du chargé d’affaires chinois Yang Xiaoguang à Londres – l’ambassadeur lui-même étant hors du pays – au Foreign Office.

« Nous avons clairement fait connaître notre point de vue aux autorités chinoises : le droit de manifester pacifiquement au Royaume-Uni doit être respecté », a déclaré dans un communiqué le secrétaire d’État aux Affaires étrangères Zac Goldsmith.

Le responsable a fait part des « graves préoccupations » du gouvernement britannique au sujet des images devenues virales des faits qui ont lieu pendant une manifestation autorisée devant le consulat de Chine à Manchester (nord de l’Angleterre) dimanche, jour où s’ouvrait à Pékin le congrès du Parti communiste.

Elle a réuni des militants pro-démocratie de Hong Kong, opposés à la reprise en main par Pékin de ce territoire chinois autrefois britannique, qui a longtemps bénéficié de libertés inégalées ailleurs en Chine.

Des vidéos montrent des individus sortant du consulat pour détruire les banderoles des manifestants. De violentes altercations s’ensuivent et, sur des images, un manifestant est vu au sol, recevant des coups dans l’enceinte diplomatique après y avoir été visiblement tiré de force.

Alors que la Chine a mis en cause des « fauteurs de troubles » entrés « illégalement » dans l’enceinte de ce consulat, les réactions ont été vives au Royaume-Uni au sujet des faits, sur lesquels la police de Manchester enquête.

« Ce que nous avons vu, c’est le consul général en train de déchirer des affiches et une manifestation pacifique, suivie peu après de graves atteintes physiques contre un Hongkongais », a dénoncé au Parlement la présidente de la commission des Affaires étrangères du parlement britannique, Alicia Kearns.

Soulignant que l’un des manifestants avait été hospitalisé, elle a expliqué que certains ont été « traînés dans l’enceinte du consulat pour être frappés davantage par des gens qui ont été reconnus comme (étant) des membres du Parti communiste chinois (PCC) ».

« Nous ne pouvons pas laisser le PCC importer les violences contre les manifestants » et accepter « le fait de réduire au silence la liberté d’expression sur le sol britannique », a-t-elle insisté.

Sécurité du consulat « en danger »

Cette affaire intervient dans un contexte déjà tendu ces dernières années entre Londres et Pékin, notamment au sujet de Hong Kong, loin de l’« âge d’or » espéré il y a encore sept ans par le gouvernement britannique alléché par les perspectives économiques d’un rapprochement.

La Chine a nié avoir commis la moindre faute.

« Des fauteurs de troubles sont entrés illégalement dans le consulat général de Chine à Manchester et ont mis en danger la sécurité de l’enceinte diplomatique », a déclaré devant la presse un porte-parole de Pékin, Wang Wenbin.

Le Royaume-Uni doit « prendre (davantage) de mesures efficaces pour renforcer la protection du consulat de Chine et son personnel », a-t-il insisté.

La version des faits d’un manifestant interrogé par la BBC est très différente. Des hommes sont sortis du consulat pour détruire les banderoles et, a-t-il raconté, « quand nous avons essayé de les arrêter, ils m’ont tiré à l’intérieur (du consulat), ils m’ont battu ».

La plupart des figures du mouvement pour la démocratie de Hong Kong sont aujourd’hui en prison ou ont abandonné la politique.

D’autres ont fui à l’étranger après que Pékin a imposé en 2020 d’une loi draconienne sur la sécurité nationale, un an après les manifestations monstres dans ce territoire.

Dans un discours à l’ouverture du congrès du Parti communiste chinois, le président Xi Jinping a salué dimanche la transition du « chaos à la gouvernance » à Hong Kong.