(Kyiv) L’Ukraine a dénoncé samedi les appels russes à « pendre » ou infliger une autre « mort humiliante » aux combattants du régiment ukrainien Azov au lendemain d’une frappe contre une prison où étaient détenus certains d’entre eux qui a fait plus de 50 morts.

« Il n’y a aucune différence entre les diplomates russes appelant à l’exécution des prisonniers de guerre ukrainiens et les troupes russes le faisant à Olenivka. Ils sont tous complices de ces crimes de guerre et doivent en être tenus responsables », a déclaré sur Twitter le porte-parole de la diplomatie ukrainienne Oleg Nikolenko.

Il réagissait au tweet posté vendredi soir en anglais de l’ambassade russe au Royaume-Uni qui a été masqué comme ayant « enfreint les règles relatives aux conduites haineuses », mais reste toutefois disponible comme pouvant « présenter un intérêt pour le public ».

« Les combattants d’Azov méritent d’être exécutés, mais pas par un peloton d’exécution, par pendaison. Ce ne sont pas de vrais soldats. Ils méritent une mort humiliante », peut-on lire dans ce tweet.

PHOTO DAVID GOLDMAN, ASSOCIATED PRESS

Irina Pidluzhna, la mère d’un soldat du régiment Azov capturé par l’armée russe est réconfortée par Bogdan Sirchenko.

« La Russie est un État terroriste. Au XXIe siècle, seuls les sauvages et les terroristes peuvent dire au niveau diplomatique que les gens méritent d’être exécutés par pendaison », a pour sa part réagi sur Telegram Andrii Iermak, le chef du cabinet du président Volodymyr Zelensky.  

Le président ukrainien a qualifié vendredi soir de « crime de guerre russe délibéré » le bombardement d’une prison à Olenivka, dans la région de Donetsk, sur le territoire occupé dans l’est de l’Ukraine.

Dans un premier temps, c’est Moscou qui avait accusé les forces ukrainiennes d’avoir « tiré sur la prison où sont détenus les membres du régiment Azov, utilisant des projectiles américains du système Himars » (lance-roquettes multiples).

Le régiment Azov s’était illustré dans la défense de Marioupol, port stratégique du sud-est de l’Ukraine. Après de longues semaines de siège et de résistance sur le site sidérurgique d’Azovstal, quelque 2500 combattants ukrainiens, dont des membres d’Azov, s’étaient rendus en mai à l’armée russe.

« Nous considérons l’attaque d’Olenivka comme un acte d’exécution publique commis par la Russie en toute impunité », a déclaré dans une adresse vidéo le commandant par intérim du régiment Azov, Mykyta Nadtotchy.

Les responsables de cet acte seront « retrouvés où qu’ils se trouvent » et l’Ukraine en tant qu’État « fera en sorte qu’ils soient punis de façon juste », a-t-il ajouté.  

Le chargé des droits humains ukrainien Dmytro Loubinets a pour sa part annoncé samedi avoir demandé à la Croix-Rouge, qui avait supervisé le retrait des défenseurs d’Azovstal, d’avoir accès à Olenivka. Selon lui, le CICR n’a « pour l’instant » pas obtenu l’autorisation des Russes.  

« Actuellement, nous ne pouvons analyser que la vidéo que nous avons. Premièrement, cette caserne a été construite séparément – pour nous, c’est un indicateur qu’il s’agissait d’une opération militaire russe préméditée. Selon les données préliminaires, nous supposons que l’explosion s’est produite à l’intérieur », a-t-il dit à la télévision nationale.  

Selon lui, cette version est confirmée par le fait que « la caserne située à proximité n’a pas été endommagée, même les fenêtres n’ont pas été brisées. De même, “par miracle”, les soldats russes n’ont pas été blessés ».  

L’ambassadrice britannique en Ukraine Melinda Simmons a pour sa part appelé à « une investigation » sur ce qui s’est produit à Olenivka.  

« Cela semble faire partie d’un schéma de plus en plus inquiétant des pires types de violations des droits humains, et éventuellement de crimes de guerre, commis en toute impunité dans l’est occupé de l’Ukraine », a-t-elle écrit dans un tweet.