(Novodruzhesk) Kreminna est tombée après trois jours de combats, ils font rage à Roubijné : dans l’est de l’Ukraine, les Russes ont avancé d’un pas vers Kramatorsk, la capitale ukrainienne du Donbass, l’un des objectifs de Moscou.

Kreminna, 18 000 habitants avant la guerre, a été prise dans la nuit de dimanche à lundi par les forces russes.

« Les combats ont duré trois jours et la Russie a utilisé un grand nombre de véhicules blindés pour attaquer la ville », a déclaré à Radio Donbass Oleksandr Dunets, chef de l’administration militaire de Kreminna.

Selon lui, « les combats se poursuivent en périphérie ».

Quatre habitants ont été tués, alors qu’ils évacuaient seuls la ville en voiture visée par des tirs russes, a affirmé l’armée ukrainienne.

« Nos défenseurs se sont repliés sur de nouvelles positions », a de son côté déclaré le gouverneur ukrainien de la région de Louhansk, Serguiï Gaïdaï, sur sa page Facebook.

« Nous pouvons maintenant affirmer que les troupes russes ont commencé la bataille pour le Donbass, pour laquelle ils se préparent depuis longtemps », a annoncé dans la soirée le président ukrainien Volodymyr Zelensky.  

Kreminna se trouve à une cinquantaine de km au nord-est de Kramatorsk, la capitale ukrainienne du Donbass et l’une des cibles de Moscou dans cette région.

La ville est bordée par la rivière Donets, qui traverse aussi Roubijné, Lyssytchansk et Severedonetsk, proches les unes des autres. Elles sont toutes sur la ligne de front et font l’objet d’intenses bombardements de part et d’autre depuis plusieurs jours.

Lundi, Roubijné – plus de 60 000 habitants avant la guerre – a été sous le feu intense de l’artillerie et des mortiers ukrainiens, ont constaté des journalistes de l’AFP.

PHOTO RONALDO SCHEMIDT, AGENCE FRANCE-PRESSE

Vue sur Roubijné

Des positions ukrainiennes pilonnaient la localité, notamment depuis le village de Novodruzhesk, à environ trois km.

Depuis le terril de cette ancienne petite cité minière, on pouvait voir et entendre de puissantes explosions sur Roubijné, parfois suivies d’incendies, et dégageant des panaches de fumée noire ou blanche qui s’élevaient au-dessus de la ville.

Des tirs sporadiques de mitrailleuses lourdes étaient également audibles.

« Bombardés partout »

Dans le village de Novodruzhesk, un homme est perché sur un poteau électrique et répare un câble sectionné.

« Voyez ces deux cratères, je pense que ce câble a été endommagé par un éclat d’obus », explique Victor Pasipko, 68 ans, dont 48 comme mineur, venu aider à la réparation.

Un cratère, Nadya, 65 ans, et son mari Sergiy, 70 ans, en ont un gros dans leur jardin juste devant leur maison.

Le 13 avril, la bombe est tombée là où leur Lada bleue était garée. La voiture gît les quatre roues en l’air, sur un monticule de gravats et de restes d’un toit en tôle.

« Nous sommes bombardés partout. C’est un miracle que nous soyons encore en vie », dit la sexagénaire, qui ne souhaite pas donner son nom.

« Nous étions allongés sur le sol et attendions. Depuis le 24 février, nous dormons à la cave », poursuit-elle.

« Il n’y a plus ni eau, ni électricité, ni rien. Nous n’avons plus d’argent, plus d’essence, nous ne pouvons pas partir », explique-t-elle la voix tremblante.

Un peu plus loin, une femme montre une maisonnette complètement détruite.

Un char ukrainien était dans le jardin tout près de la maison pour être moins visible. Il est parti, et peu après les Russes ont frappé l’endroit, explique-t-elle.

Au même moment, un tir de mortier ukrainien claque dans un bois proche. Quelques secondes plus tard, le panache d’une fumée blanche apparaît dans la ville de Roubijné, puis le bruit d’une explosion.

À une quinzaine de km à l’est de Roubijné, les Russes ont frappé toute la nuit des positions des forces ukrainiennes dans les bois qui bordent la petite ville de Yampil.

Défense ukrainienne renforcée

Dans la matinée, plusieurs dizaines d’habitants ont été évacués par bus ou sont partis avec leur voiture.

« Je n’ai dormi que 15 minutes la nuit dernière », explique Mikhailo, 27 ans, qui traverse la ville à pied avec deux amis.

« Il y avait des tirs depuis la forêt. Devant, derrière, à gauche, à droite, personne ne sait à quoi s’attendre », ajoute le jeune homme, qui a fait évacuer sa femme le matin.

Dans les zones de Yampil et de la ville voisine Lyman, les journalistes de l’AFP ont croisé plusieurs véhicules de combat d’infanterie, de transport de troupes ou encore des canons d’artillerie tractés.

Dans la région ces derniers jours, les Ukrainiens ont renforcé leurs défenses avant l’offensive russe.

Sur les routes vers Kramatorsk, les checkpoints ont été fortifiés, des chicanes avec des blocs de béton et des tas de terre fraîche sont apparus par endroits.