(Genève) Les Nations unies souhaitent publier un chiffre plus réaliste du nombre de victimes civiles en Ukraine, a indiqué cette semaine un responsable de l’organisation à l’ONG spécialisée Airwars.

L’ONU, à travers la Mission de surveillance des droits de l’homme en Ukraine, recense les victimes civiles dans ce pays depuis 2014, année durant laquelle Moscou a annexé la Crimée.

Cette mission a poursuivi son travail depuis l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février, ce qui permet au Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme de publier quotidiennement un bilan humain du conflit.

Ainsi, le Haut-Commissariat évoquait vendredi au moins 1626 civils tués dont 132 enfants. Mais de l’aveu même de l’ONU, il fait peu de doutes que les bilans réels sont très supérieurs.

PHOTO FADEL SENNA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Au moins 50 personnes, dont cinq enfants, ont été tuées vendredi dans une frappe de missile sur la gare de Kramatorsk.

L’organisation souhaite publier un bilan plus réaliste, a indiqué Uladzimir Shcherbau, en charge du dossier.

« Nous travaillons actuellement sur une estimation réaliste du nombre réel de victimes du conflit », a-t-il dit à Airwars, une ONG qui enquête sur les victimes civiles résultant principalement de l’utilisation d’armes explosives dans des pays touchés par des conflits.

« Nous disposons d’une grande masse d’informations qui nous permettent de trianguler ou de nous approcher du nombre réel de morts », a-t-il indiqué.  

M. Shcherbau reconnaît que c’est un sujet « extrêmement sensible » : « Nous subissons une pression énorme car nous sommes fortement critiqués ».

Interrogée par l’AFP, une porte-parole du Haut-Commissariat à Genève, Elizabeth Throssell, a néanmoins souligné que « la nouvelle façon d’évaluer les pertes a été envisagée dans le cadre du travail de la mission, et non pas directement à la suite de critiques ».

Selon M. Shcherbau, le nouveau bilan restera « conservateur », mais « assez proche du nombre réel de morts ».

Lorsque l’ONU est chargée d’établir un bilan humain, elle doit pouvoir mener dans l’idéal une enquête très poussée sur chaque civil qui pourrait avoir été tué, pour établir le lieu et la date où cela s’est produit, le nom, l’âge et le genre. Les Nations unies cherchent également à déterminer quelle partie au conflit contrôlait la zone, l’arme utilisée et les circonstances du décès.

Mais dans le contexte actuel en Ukraine, « nous ne pouvons pas approfondir chaque incident » étant donné l’énorme quantité de matériel que l’ONU doit traiter en peu de temps, a souligné M. Shcherbau.

Il indique par ailleurs que l’ONU n’a pas encore publié de bilan concernant les zones qui étaient sous contrôle des forces armées russes — comme les régions de Kharkiv, Chernihiv ou Kherson. « Mais nous allons également publier ces chiffres assez rapidement ».