(Washington) Les États-Unis ont annoncé mercredi une nouvelle volée de sanctions économiques et financières contre la Russie, qu’ils qualifient dans un communiqué de « dévastatrices » et qui visent notamment les grandes banques et les filles de Vladimir Poutine.

Le ministre américain de la Justice Merrick Garland a pour sa part annoncé, presque simultanément, la toute première inculpation d’un oligarque russe pour violation des sanctions prises depuis l’invasion de l’Ukraine.

« J’ai dit clairement que la Russie paierait un prix lourd et immédiat pour ses atrocités à Boutcha », a souligné le président Joe Biden sur Twitter.

S’exprimant lors d’une conférence syndicale, il a dénoncé des « crimes de guerre majeurs » et appelé la communauté internationale à « s’unir pour que les responsables rendent des comptes. »

« Nos sanctions vont certainement effacer quinze ans de progrès économique en Russie » et « nous allons étouffer (sa) capacité à croître pour des années », a-t-il encore dit.

Récession de 15 %

Selon Washington, la Russie pourrait voir son économie s’effondrer de quelque 15 % cette année.

En plus d’interdire tous les nouveaux investissements en Russie, une mesure connue depuis mardi, l’exécutif américain va imposer les contraintes les plus sévères qui soient à l’incontournable banque publique Sberbank et à la plus grande banque privée du pays, Alfa Bank.

Ces institutions, déjà visées par des sanctions moins lourdes, subiront un gel de tous leurs avoirs « en contact avec le système financier américain », et seront interdites de toute transaction avec des acteurs américains, selon la Maison-Blanche.

Les États-Unis vont également sanctionner « de grandes entreprises publiques stratégiques ».

L’exécutif américain a toutefois indiqué que ces mesures ménageraient des exceptions pour ce qui a trait au secteur de l’énergie – la principale source de revenus du régime de Vladimir Poutine.

« Malheureusement, nombre de nos partenaires européens restent fortement dépendants du gaz naturel russe, ainsi que du pétrole, et ils s’engagent à rendre la transition aussi rapide que possible pour sortir de cette dépendance. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour aider, mais entre-temps, nous avons mis en place cette exception. […] Nous travaillions en étroite collaboration avec eux sur les sanctions et nous voulons rester alignés avec eux », a expliqué mercredi la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen, interrogée devant la commission des services financiers de la chambre des représentants.

Le Royaume-Uni a lui aussi durci ses sanctions contre Moscou mercredi, en s’en prenant comme les États-Unis à Sberbank, et en annonçant la fin des importations de charbon russe.

Les États-Unis avaient par ailleurs décidé en début de semaine d’interdire à la Russie de rembourser sa dette en dollars, faisant croître le risque d’un défaut de paiement.

« Yachts »

Washington va également sanctionner les deux filles du président russe, identifiées par le Trésor américain comme Maria Vorontsova et Katerina Tikhonova : leurs avoirs aux États-Unis seront gelés et leurs liens avec le système financier américain sectionnés.

« Nous pensons que beaucoup des avoirs de Poutine sont dissimulés à travers des membres de sa famille, et c’est pourquoi nous les visons », a indiqué le haut responsable américain cité plus haut.

Le même traitement sera appliqué à la femme et à la fille du ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, Maria Lavrova et Yekaterina Vinokurova, ainsi qu’aux membres du Conseil de sécurité russe, dont fait partie notamment l’ancien président et premier ministre Dmitri Medvedev.

« Les familles de ces oligarques n’auront pas le droit de garder leur fortune aux États-Unis ou en Europe, elles ne pourront pas garder leurs yachts à plusieurs centaines de millions de dollars ou leurs résidences de vacances luxueuses tant que des enfants en Ukraine sont tués ou forcés de quitter leurs maisons chaque jour », a assuré Joe Biden.

En même temps que tombaient les nouvelles sanctions, les États-Unis ont annoncé l’inculpation du milliardaire Konstantin Malofeev.

L’oligarque, considéré comme l’une des principales sources de financement des séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine, est accusé d’avoir « tenté d’échapper aux sanctions en utilisant des complices pour acquérir et diriger en cachette des médias à travers l’Europe ».