(Paris) Situation sur le terrain, réactions internationales, sanctions : le point sur l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

« Blocus » du port stratégique de Marioupol

Le port stratégique de Marioupol, dans l’est de l’Ukraine, est soumis à un « blocus » de l’armée russe et à des attaques « impitoyables », a indiqué samedi le maire, appelant à l’instauration d’un couloir humanitaire.

« Pour l’instant nous cherchons des solutions aux problèmes humanitaires et tous les moyens possibles pour sortir Marioupol du blocus », a indiqué Vadim Boïtchenko, dans un message publié sur le compte Telegram de la mairie de cette ville de quelque 450 000 habitants, située au bord de la mer d’Azov.

Le contrôle de Marioupol revêt un caractère stratégique pour la Russie, car il lui permettrait d’assurer une continuité territoriale entre ses forces venues de Crimée et celles venues des territoires séparatistes prorusses du Donbass.  

L’armée russe occupe une centrale nucléaire ukrainienne

L’armée russe occupe depuis vendredi la centrale nucléaire de Zaporojie, dans le sud-est de l’Ukraine, où des frappes de son artillerie, selon les Ukrainiens, ont provoqué un incendie – dont Moscou nie être à l’origine.

Cette attaque contre la plus grande centrale nucléaire d’Europe constitue « une immense menace pour toute l’Europe et le monde », a réagi vendredi au Conseil de sécurité de l’ONU l’ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield.

« Nous avons survécu à une nuit qui aurait pu mettre un terme à l’Histoire. L’Histoire de l’Ukraine. L’Histoire de l’Europe » : une explosion à la centrale de Zaporojie, dans le sud de l’Ukraine, aurait été l’équivalent de « six Tchernobyl », s’est alarmé le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui doit s’adresser samedi au Sénat américain par visioconférence.

Réunion du Conseil de sécurité de l’ONU

Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunira une nouvelle fois en urgence lundi à 15 h (20 h GMT) à la demande des États-Unis et de l’Albanie.

À la suite de cette session publique, des consultations à huis clos entre les 15 membres du Conseil de sécurité suivront dans la foulée, cette fois à la demande du Mexique et de la France, a précisé à l’AFP un diplomate sous couvert d’anonymat.

« Situation sans précédent »

Face à « une situation sans précédent », le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi a proposé de se rendre en Ukraine pour négocier une solution avec les Russes afin de garantir la sécurité des sites nucléaires.

Les ministres des Affaires étrangères des pays du G7 ont annoncé qu’ils allaient « imposer de nouvelles sanctions sévères ».

Macron « extrêmement préoccupé » par la sécurité nucléaire

Le président français Emmanuel Macron est « extrêmement préoccupé des risques » sur la sécurité nucléaire « qui résultent de l’invasion russe » et « va proposer dans les prochaines heures […] des mesures concrètes afin d’assurer » la sécurité des centrales ukrainiennes.

L’armée russe poursuit sa progression

En Ukraine, les combats se poursuivent à Tcherniguiv, au nord de Kyiv, où des frappes russes ont fait 47 morts la veille dans une zone résidentielle.

À quelque 350 km à l’est de Kyiv, la situation est aussi devenue « un enfer » à Okhtyrka, et elle est « critique » à Soumy, selon les autorités.  

Quant au port stratégique de Marioupol (sud-est), la situation humanitaire est « terrible » après des bombardements ininterrompus, y compris sur des écoles et des hôpitaux, a déclaré le maire adjoint de la ville, Sergueï Orlov.

Plus de 1,2 million de personnes ont déjà fui le pays, selon l’ONU.

L’Ukraine table sur un 3e round de négociations

L’Ukraine table sur un troisième round de négociations avec la Russie ce week-end, a déclaré l’un des négociateurs ukrainiens.

Mais le président russe Vladimir Poutine a déclaré lors d’un entretien avec le chancelier allemand Olaf Scholz que le dialogue n’était possible que si « toutes les exigences russes » étaient acceptées.

Pas de zone d’exclusion aérienne

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a regretté vendredi la décision de l’OTAN de ne pas instaurer de zone d’exclusion aérienne en Ukraine, en pleine invasion russe, dénonçant une forme d’« auto-hypnose » des membres de l’Alliance.

« Nous pensons que les pays de l’OTAN ont créé eux-mêmes un narratif affirmant qu’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine provoquerait une agression directe de la Russie contre l’OTAN », a-t-il déclaré.

« C’est un processus d’autohypnose pour ceux qui sont faibles, en insécurité intérieure, alors qu’ils ont des armes bien plus puissantes que les nôtres », a ajouté le président ukrainien.

La Russie resserre la vis sur les médias

La Russie a signé vendredi une loi introduisant de lourdes peines de prison pour toute personne publiant des « informations mensongères » sur l’armée avec des peines allant jusqu’à 15 ans de prison.

Plusieurs médias dont la BBC et l’agence Bloomberg, ont réagi en annonçant la suspension du travail de tous ses journalistes en Russie. Et le journal russe indépendant Novaïa Gazeta a indiqué se voir « obligé de supprimer nombreux contenus » pour éviter les sanctions, mais vouloir « continuer à travailler ».

Moscou a également bloqué Facebook et « restreint l’accès » à Twitter.  

Dégringolade des Bourses mondiales

Les Bourses, sur plusieurs places de l’Asie à l’Europe, ont décroché vendredi. Sur la semaine, Paris, Francfort et Milan ont perdu plus de 10 % chacune. L’euro a reculé sous le seuil symbolique de 1,10 dollar pour un euro.

Le gaz naturel européen a lui dépassé 200 euros le mégawattheure, une première. Et le baril de Brent de la mer du Nord a clôturé vendredi à 118,11 dollars, un niveau qu’il n’avait plus atteint depuis août 2008.