(Paris) Au sixième jour de la guerre en Ukraine, d’impressionnants convois militaires russes se dirigent vers Kiev, indice d’un assaut massif à venir, et Kharkiv, la deuxième ville ukrainienne, a été à nouveau bombardée, un « crime de guerre » selon le président ukrainien.

Voici un point de la situation, bâti essentiellement à partir des déclarations ukrainiennes et d’analystes, la Russie communiquant très peu sur son offensive.

Convoi russe

Des photos satellites diffusées dans la nuit par la société américaine d’imagerie satellitaire Maxar montraient un convoi russe s’étirant sur des dizaines de kilomètres et se dirigeant vers la capitale ukrainienne depuis le nord-ouest.

« L’armée russe réorganise ses efforts militaires pour tenter de remédier à une mauvaise planification et exécution » de son assaut du fait d’une analyse « erronée » de « la volonté et la capacité de résistance des Ukrainiens », explique l’ISW, l’Institut d’étude de la guerre.

Les troupes de Moscou, bien que « beaucoup plus importantes et plus capables » que leurs adversaires, ont ainsi connu « d’importants échecs » sur Kiev et de Kharkiv face à des forces ukrainiennes « remarquablement efficaces », poursuit ce centre de recherche américain.

Kiev

L’intensité des combats devrait s’accroître très vite dans la capitale, alors que l’armée ukrainienne a placé un important nombre de ses camions et tanks à l’ouest et au nord de la ville.

Les renforts russes trouveront face à eux une ville de Kiev vidée d’une partie de sa population, mais dont de nombreux habitants restants ont bâti des tranchées et barricades de fortune et se sont armés, fabricant notamment des cocktails Molotov, pour se défendre.

Kharkiv

Une caméra de vidéosurveillance a enregistré l’explosion d’un obus russe à précisément 8 h 01 et 51 sec ce matin sur la préfecture régionale de la deuxième ville du pays avec 1,4 million d’habitants.

Quelques heures après l’immense gerbe de feu, la place centrale, où l’imposant bâtiment se trouvait, est désormais jonchée de gravats.

Au moins dix personnes sont mortes et vingt ont été blessées dans le bombardement du centre-ville de Kharkiv, selon les secouristes ukrainiens, qui ont diffusé des images de victimes sorties des gravats du siège de l’administration locale.

Au moins onze personnes avaient déjà été tuées lundi dans cette ville.

« Incapable de capturer les centres de Kharkiv et Chernihiv, les occupants ont tiré des roquettes sur les quartiers résidentiels de ces villes », a dénoncé l’armée ukrainienne dans un communiqué publié sur Facebook.

Okhtyrka

Des combats ont également eu lieu lundi à Okhtyrka, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Kharkiv, qui auraient tué « environ 70 combattants ukrainiens », mais aussi de nombreux Russes, selon les autorités locales. Interrogée, l’armée ukrainienne n’a pas confirmé ce bilan.  

Elle a par contre fait état de « l’encerclement » par les Russes d’Okhtyrka, ainsi que des villes de Sumy et Lebedyn, proches de la frontière russe.

Front Sud

La présidence ukrainienne a également pointé un regroupement de « blindés, missiles et artillerie » autour de Kherson et Marioupol. Dans cette dernière, une ville portuaire, l’électricité était coupée mardi matin après une attaque russe, selon le gouverneur de la région de Donetsk dont elle fait partie.

Mardi, le ministère russe de la Défense a affirmé que ses troupes qui progressaient le long de la côte depuis la Crimée et celles venues du territoire séparatiste prorusse de Donetsk (sud-est) avaient réussi à faire leur jonction.  

Peu de temps auparavant, l’armée ukrainienne avait toutefois affirmé avoir fait échouer cette tentative, indiquant que l’armée russe avait tenté « en vain » de prendre Marioupol.

Espace aérien 

Contrairement aux allégations de Moscou, « la Russie n’a pas réussi à prendre le contrôle de l’espace aérien au-dessus de l’Ukraine, ce qui a incité à passer aux opérations de nuit pour tenter de réduire leurs pertes », affirme le ministère de la Défense britannique sur Twitter.

Lundi, la Russie revendiquait la « suprématie aérienne » sur toute l’Ukraine après la destruction des systèmes ukrainiens Buk M-1, S-300 et de cinq avions de combat.

Pertes militaires

Lundi soir, le président ukrainien Volodymir Zelensky affirmait que 5300 soldats russes avaient été tués depuis le début de l’offensive. Moscou a reconnu pour la première fois dimanche enregistrer des pertes humaines au cours de l’invasion, mais sans donner de chiffres.

Pertes civiles

Depuis le début de l’offensive, plus de 350 civils ukrainiens ont été tués, dont 14 enfants, selon Kiev.

Le président du Conseil européen, Charles Michel a accusé mardi la Russie de « terrorisme géopolitique » pour son invasion de l’Ukraine.

Plus de 660 000 civils ont fui le pays pour se réfugier dans des pays limitrophes, selon l’ONU.