(Genève) L’invasion russe en Ukraine va enflammer la session du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU (CDH) qui s’ouvre la semaine prochaine à Genève, avec la venue attendue du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.

La situation en Ukraine était déjà à l’agenda du Conseil, avec une discussion prévue le 29 mars. Toutefois, l’Ukraine a demandé jeudi la tenue d’un débat urgent sur la situation des droits de la personne « résultant de l’agression russe ».

La décision d’organiser ou pas ce débat incombe aux 47 pays membres du Conseil, qui vont devoir se prononcer lors d’un vote ces prochains jours.

Peu après l’invasion russe de l’Ukraine voisine, la Russie a de son côté confirmé à l’ONU la venue à Genève de M. Lavrov qui doit s’exprimer mardi lors des débats de haut niveau du Conseil des droits de l’homme (CDH).

Le même jour, les chefs des diplomaties américaine, Antony Blinken, et de l’UE, Josep Borrell, prendront également la parole devant le Conseil, dans des messages vidéo. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, en fera de même mercredi.

Les débats seront ouverts lundi par le chef de l’ONU Antonio Guterres, et la Haute-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme Michelle Bachelet, qui ne s’est pas encore exprimée sur la lettre américaine mentionnant une liste noire établie par Moscou d’Ukrainiens à éliminer en cas d’invasion.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian doit aussi prononcer un discours lundi au Conseil.

La politisation des débats au sein de cette enceinte onusienne est montée en puissance ces dernières années, avec la présence plus affirmée de la Chine, et les discussions au cours de la prochaine session (28 février au 1er avril) s’annoncent des plus houleuses après l’attaque russe contre l’Ukraine.

« Les grandes tensions internationales ont un effet sur les débats à Genève, même si c’est au Conseil de sécurité qu’il incombe premièrement de débattre de la crise en Ukraine, conformément à la Charte », a observé l’ambassadeur suisse auprès de l’ONU, Jürg Lauber, auprès de l’AFP.

Crimée

Certains observateurs craignent que la Russie envenime davantage les débats en faisant parler à sa place des représentants de la Crimée.

« Cela s’est déjà produit lors de sessions récentes et les Ukrainiens ont demandé une motion d’ordre », a affirmé à l’AFP un porte-parole du Conseil, Rolando Gomez.  

Le cas échéant, une déclaration commune de plusieurs pays est attendue pour protester.

Il est également prévu que Kiev présente une résolution sur les effets négatifs de la désinformation sur les droits de la personne.

Cette session marque également le retour des États-Unis au Conseil, dont l’administration Trump en avait claqué la porte en 2018 en l’accusant d’hypocrisie particulièrement à l’égard d’Israël.

Éthiopie, Birmanie, Soudan… de nombreuses autres crises et situations d’atteinte aux droits de la personne seront débattues ces prochaines semaines par le Conseil.

Nul ne sait encore si Mme Bachelet a prévu de publier pendant la session son rapport très attendu sur la situation dans la région chinoise du Xinjiang.

Selon des organisations de défense des droits de la personne, au moins un million de Ouïghours et membres d’autres minorités turcophones, principalement musulmanes, sont ou ont été incarcérés dans des camps dans cette région du nord-ouest de la Chine.  

Pékin affirme qu’il s’agit de centres de formation professionnelle destinés à les éloigner du terrorisme et du séparatisme.

Mme Bachelet demande de longue date à pouvoir mener l’enquête sur place, ce que refuse Pékin.