(Rome) La police a été appelée cette semaine pour intervenir à l’ambassade d’Afghanistan à Rome, où un diplomate licencié revendiquant des liens avec les talibans avait agressé l’ambassadeur en poste, a indiqué la mission afghane.

Dans un communiqué publié mardi, l’ambassade afghane à Rome a annoncé qu’un diplomate nommé par l’ancien gouvernement, mais récemment licencié était revenu à l’ambassade le jour même en affirmant avoir été nommé au poste d’ambassadeur par les talibans.

Il a agressé l’ambassadeur en présence d’un employé de l’ambassade, mais l’ambassadeur s’est défendu et a appelé la police italienne.

Extrait d’un communiqué diffusé par l’ambassade

À son arrivée, la police a escorté l’agresseur hors de l’ambassade.  

Nombre d’ambassades afghanes se trouvent dans une situation paradoxale, avec un personnel encore loyal au gouvernement pro-occidental renversé par les talibans en août.

Les talibans n’ont pas nommé de nouveaux ambassadeurs dans la plupart de leurs représentations, et leur gouvernement n’est encore reconnu par aucun pays.

Selon le communiqué de l’ambassade, le diplomate licencié, Mohammad Fahim Kashaf, a perdu son emploi en raison de son « manque d’engagement envers les valeurs nationales et les valeurs de République islamique d’Afghanistan ».

La République islamique d’Afghanistan est le nom officiel du pays tel que reconnu par l’ONU, alors que les talibans l’appellent l’Émirat islamique d’Afghanistan.

Selon une source diplomatique, le diplomate avait « retourné sa veste » pour se ranger au côté des talibans et s’était fait « tabasser » par ses anciens collègues.

La police de Rome, contactée par l’AFP, a évoqué pour sa part « un malentendu », sans donner de détails.

Le ministère afghan des Affaires étrangères à Kaboul a démenti que M. Kashaf ait été nommé ambassadeur, mais aussi qu’il ait été licencié.

Selon le ministère, il a été nommé premier secrétaire de l’ambassade en décembre 2020, sur la base d’un contrat qui court jusqu’en décembre 2023.

« Selon nos dossiers, il est toujours diplomate et son contrat n’a pas été rompu », a affirmé dans un communiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdul Qahar Balkhi. « Mais le ministère ne l’a pas nommé ambassadeur à Rome. Le contrat de M. Kashaf est encore valable et sa rupture est illégale ».

La situation particulière de l’Afghanistan a également causé des problèmes à l’ONU, où des représentants de l’ancien et du nouveau régime revendiquent le siège de l’Afghanistan.

L’an dernier, le conseil de sécurité de l’ONU a reporté indéfiniment toute décision à ce sujet.